« Ceci est mon histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça. »
Cette folie, je l'avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m'en imprégner, mais je craignais qu'une telle folie douce ne soit pas éternelle. P. 55
J'allais pouvoir répondre à une question que je me posais tout le temps. Comment font les autres enfants pour vivre sans mes parents ?
- Regardez cette chapelle, Georges, elle est remplie de gens qui prient pour nous ! s’était-elle exclamée dans l’édifice vide.
Puis, en sautillant dans la nef centrale, elle avait noué son châle autour de son cou pour le transformer en traine de mariée. Au fond, le grand vitrail multicolore, transpercé par le soleil levant, diffusait une lumière mystique au cœur de laquelle tournoyait la poussière dans une valse intemporelle, un tourbillon qui planait juste au-dessus de l’autel.
- Je jure devant Dieu tout-puissant que toutes les personnes que je suis vous aimeront éternellement ! avait-elle psalmodié, mon menton entre ses mains, pour mieux hypnotiser, de son regard céladon, mes yeux ensorcelés.
- Je promets devant le Saint-Esprit d’aimer et de chérir toutes celles que vous serez, jour et nuit, de vous accompagner toute votre vie et de vous accompagner partout où vous irez, avais-je répondu en appliquant mes mains sur ses joues rebondies, gonflées par un sourire débordant d’abandon.
- Vous jurez devant tous les anges que vous me suivrez partout, vraiment partout ?
- Oui, partout, vraiment partout !
Mes parents dansaient tout le temps, partout. Avec leurs amis la nuit, tous les deux le matin et l'après-midi. Parfois je dansais avec eux. Ils dansaient avec des façons vraiment incroyables, ils bousculaient tout sur leur passage, mon père lâchait ma mère dans l'atmosphère, la rattrapait par les ongles après une pirouette, parfois deux, même trois. Il la balançait sous ses jambes, la faisait voler autour de lui comme une girouette, et quand il la lâchait complètement sans faire exprès Maman se retrouvait les fesses par terre et sa robe autour, comme une tasse sur une soucoupe.
D’elle, mon père disait qu’elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi.
Donnez-moi le prénom qui vous chante ! Mais je vous en prie, amusez-moi, faites-moi rire, ici les gens sont tous parfumés à l'ennui !
Mon père m'avait dit qu'avant ma naissance, son métier c'était de chasser les mouches avec un harpon. Il m'avait montré le harpon et une mouche écrasée. "J'ai arrêté car c'était très difficile et très mal payé", m'avait il affirmé en rangeant son ancien matériel de travail dans un coffret laqué. P. 7
- Mon petit, dans la vie, il y a deux catégories de personnes qu’il faut éviter à tout prix. Les végétariens et les cyclistes professionnels. Les premiers, parce qu’un homme qui refuse de manger une entrecôte a certainement dû être cannibale dans une autre vie. Et les seconds, parce qu’un homme chapeauté d’un suppositoire qui moule grossièrement ses bourses dans un collant fluorescent pour gravir une côte à bicyclette n’a certainement plus toute sa tête. Alors, si un jour tu croises un cycliste végétarien, un conseil mon bonhomme, pousse-le très fort pour gagner du temps et cours très vite et très longtemps !
Allons nous marier tout de suite, sinon après nous allons oublier!