AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,53

sur 862 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour ses sept ans, la petite Américaine Elizabeth reçoit un cadeau dont elle ignore encore le poison. En lui offrant une robe de princesse et en l'inscrivant à son premier concours de mini-miss, sa mère vient de faire d'elle une jolie poupée qui lui fera vite oublier la véritable fillette. Devenue le jouet d'une mère bientôt obsédée par la course au podium, outrageusement transformée en infantile Lolita, Elizabeth ne tarde pas à réaliser que l'amour maternel ne tient plus qu'à ses performances lors de ses exhibitions. Elle croira trouver le moyen de s'échapper, mais, sa vie durant, ne connaîtra plus que haine et désir de revanche. Ce corps qu'elle déteste désormais, elle va s'en occuper à sa façon…


L'histoire d'Elizabeth est d'abord celle de ces enfants qui, investis malgré eux de la réalisation par substitution des rêves de leurs parents, sont poussés sans limite vers l'atteinte d'une performance qui dévore leur existence, dans le culte d'une passion que souvent ils ne partagent pas eux-mêmes. Circonstance aggravante, la prouesse attendue d'Elizabeth est directement liée à son apparence, à laquelle elle se voit bientôt réduite, pour le grand préjudice de sa construction psychique. Forcée dans une image artificielle et réductrice d'elle-même, hypersexualisée avant l'âge, l'enfant se retrouve non seulement dépossédée de son existence, mais aussi de son corps et de sa personnalité. Quand elle ne parvient pas sur la plus haute marche de ses podiums, c'est tout son être qui est marqué du sceau de l‘échec et de la déception de ses parents.


Rédigé du point de vue d'Elizabeth, le texte n'est que rage, haine et rancoeur. Et puisque c'est son corps qui alimente les fantasmes de cette mère qu'elle déteste de toute son âme, c'est à lui que l'adolescente, puis la jeune femme, va n'avoir de cesse de s'en prendre, dans un processus d'auto-destruction qui l'aspire irrésistiblement. Paradoxalement, ou peut-être fatalement, c'est encore à un autre culte de l'apparence qu'elle va finir par s'adonner, sculptant dangereusement ses muscles en vue d'une nouvelle compétition, culturiste cette fois, à grands coups de souffrance physique et de produits anabolisants.


Immensément crédible – j'ai retrouvé la rage et le trou noir intérieur qu'André Agassi, ce champion qui déteste le tennis, dévoile dans sa biographie « Open » -, le récit envoie ses phrases courtes comme une volée de bois vert, dans un crépitement de haine de soi assorti d'acides sarcasmes. Olivier Bourdeaut réussit un roman d'une terrible férocité, totalement aux antipodes de son si poétique succès « En attendant Bojangles ».

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          1046
Nous sommes aux Etats-Unis. Dans une famille ordinaire, qui se distingue cependant lorsque l'enfant unique atteint l'âge de sept ans et présente aux yeux de sa mère suffisamment d'arguments en matière d'esthétique pour prétendre à un titre de mini-miss ! Rapidement l'affaire prend des proportions déraisonnables, dans la mesure où les exhibitions et leur potentiel échec sont une source de souffrance pour cette petite fille. Jusqu'au jour où elle craque et rejette en bloc le projet, de façon spectaculaire à la fin d'un des concours, se fermant définitivement tout accès à ce type de manifestations.

La narratrice est cette enfant en rupture avec sa famille, quelques années plus tard. Et son corps instrumentalisé dans ses premières années est à nouveau l'objet de manipulations, de modelage, jusqu'à l'extrême, et cette fois c'est un choix personnel.

C'est lorsque l'on parvient à cette phase de l'histoire que l'on comprend le ton abrupt du discours, plein de rancoeur, de haine même, pour ses parents.

"Ils ont l'air piteux et désespéré, ils me dégoûtent, je les déteste. Ils ne sont pas morts pour moi, car pour être mort, il faudrait qu'ils aient existé. Ils n'existent plus. Ils n'existent pas."

On est loin de la poésie de En attendant Bojangles, mais l'auteur fait ainsi preuve d'une capacité à adapter le style au propos.

Eduquer un enfant est parfois pour ses parents une opportunité d'un rattrapage, d'une occasion de réaliser les rêves qu'ils n'ont pas pu atteindre, dans un aveuglement qui nie les conséquences délétères pour l'enfant.

C'est une lecture qui bouscule, et le style fait partie de l'arsenal destiné à provoquer . Et l'histoire rappelle le film Little Miss Sunshine, sur le propos et dans la forme.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          963
« Merci, merci, je tiens tout particulièrement à remercier ma mère sans qui cela n'aurait pas été possible. » … D'avoir une vie de merde.

Mini-miss, mini-moi, mini-elle, maxi traumatisme, celui qui dès dix ans, des princesses coupe les ailes et façonne des rebelles.
Tu es belle, allez, sois sage, on fait comme on a dit ! Tu vas gagner.
Truculent, dégoutant, succulent. Ambiance second degré, glauque à souhait.
Petit chemin de gloire mais grand chemin de croix pour Elizabeth qui est très belle et pas trop bête.
Festival de formules. Feux d'artifice de leurres. Il en faut du talent pour escalader la haine, la répugnance, et l'envie de vengeance envers cette engeance qui lui a donnée naissance.
Devenue Florida, pour évacuer ça, elle fera du gras dans un pensionnat et tombera dans les bras de ceux qu'elle croisera. La boulimie, pour faire chier sera sa première addiction.
Olivier Bourdeaut m'a bousculé avec ses mots et perturbé avec les excès de sa Florida jolie fleur de dawa.
Anabolisants et amphétamines seront des malédictions et sa nouvelle addiction, la revanche visible sur ses hanches. Bodybuildée à outrance, peut-être sa chance !
Acide et poudre compléteront la sanction qu'elle s'inflige pour dissoudre la détresse.
« Tu te détruis pour détruire tes parents, c'est beau comme du Monte-Cristo, c'est fort comme Musclor et c'est complétement con ! »

Lecture rejet, lecture accusation à l'acuité et à l'acidité presque gastrique de l'incompréhension des motivations de parents qui estiment faire le bien et qui créent des maux plantés au coeur de leurs enfants, définitivement. Où est la limite ? Où s'arrête les bonnes intentions ou commencent l'embrasement de petites gloires ou de jets d'adrénaline ?
Olivier Bourdeaut a le verbe acerbe et piquant aux phrases courtes à digérer comme des piments et met en scène joliment et crûment sa re-belle Florida.
« J'ai été shooté à la gloriole, c'est la plus violente des drogues, le regard des autres. »

J'ai beau avoir aimer et souffert mais il faut que je file, j'ai Botox.
Patron, l'addiction…

Commenter  J’apprécie          7723
Au moment d'écrire ces lignes, les paroles de Daniel Balavoine résonnent à mes oreilles :
Petit homme mort au combat
Qui a pu guider ses pas
Ivre de prières
Rythmées par le glas
Petit homme mort au combat
Quel Dieu a pu vouloir ça
Qui peut être fier
De tant de dégâts

Et là, je me dis : Florida, c'est exactement ça !
Petite femme morte au combat : le combat, ce sont les concours de Mini-miss qui transforment les petites filles en poupées vulgaires, en pots de peinture ou en têtes couronnées.
Qui a pu guider ses pas : Une mère maltraitante pour qui la beauté et le fait de gagner des concours est la seule chose valable.
Ivre de prières : celles que l'ont fait pour gagner, celles que l'ont fait pour que s'arrête la souffrance.
Rythmée par le glas : le micro et son larsen, la minuterie qui indique la fin de l'interview.
Quel Dieu a pu vouloir ça : Aphrodite, déesse de la beauté ou America déesse de l'occident qui prône la chirurgie esthétique et l'épilation des sourcils dès le plus jeune âge.
Qui peut être fier de tant de dégâts : en tous cas pas moi.

Après la folie joyeuse de En attendant Bojangles que j'avais adoré et qui m'avait entraînée dans son tourbillon d'énergie, voilà Florida qui m'invite dans les bas-fonds du mal-être, de la souffrance, du rapport malsain au corps, de la famille dysfonctionnelle. Et ça fait mal.

J'ai eu mal comme lorsque j'ai lu Moi, Christiane F, droguée, prostituée.
Le style n'est pas le même.
Mais la finalité est l'enfer.

Olivier Bourdeaut sait magnifiquement bien écrire. Il sait jongler avec le léger et le pesant, avec l'enfance et la maturité. En quelques lignes il m'a à nouveau happée dans son univers, coupé le souffle. Il a laissé entrer les cauchemars dans mes nuits et le questionnement éthique à propos des concours de beauté dans mes classes.

Je ne t'oublierai pas de sitôt, Florida.
J'espère qu'au-delà des maltraitances qu'on t'a infligées, que tu t'es infligé toute seule, tu sauras voir le coin d'espérance des jours meilleurs qui sont promis à ceux qui osent y croire.
Commenter  J’apprécie          619
J'avais beaucoup aimé  «  En attendant Bojangles » acheté et lu en 2016.

Ici le registre est différent, nous sommes à Miami : Pour ses sept ans la mère de la narratrice lui offre une robe blanche de princesse : perles, dentelles , frous - frous et tralalas , bien sûr la robe n'est que la première étape de la surprise ….un cadeau mortifère dont la petite Américaine ne tardera pas à découvrir la fausseté et la noirceur , comme un poison lent …..

Elizabeth , la narratrice devenue adulte sait de quoi elle parle.
Elle a donc sept ans lorsque ses parents , surtout sa mère , le père nommé LE VALET , discret n'est que spectateur …..lorsqu'ils la contraignent à participer à son premier concours , un univers à priori doré artificiel, à Miami le corps des enfants est commercialisé , sexualisé à outrance , : faux cils, string, strass , corps abîmé , détruit à coups d'autobronzants et de régimes aberrants .
Ils ont «  flingué bien plus de corps que la carabine de Brenda Ann Spencer , une véritable hécatombe , un corps faisant chambre à part avec l'héroïne » .
La mère obsédée , obnubilée par ce tourbillon de strass et ses courses incessantes au podium ne voit plus sa fille qu'en princesse , un substitut bien pratique aux rêves de gloire maternels …
Complètement dépossédée de son existence propre de petite fille ——-liée à sa seule apparence ——-Elizabeth ne sera plus que haine, rancoeur , rage au coeur .
Un psychologue l'aidera à sortir de ce tourbillon mais les vieux démons d'Elizabeth perdureront .
Sous forme d'autobiographie Elizabeth Vern, 19 ans nous livre son récit de mini - miss body building ….
Sa vengeance dont je ne parlerai pas afin de ménager le suspense se fera à travers son corps ….
C'est un livre corrosif , démoniaque , puissant , à l'humour ravageur , acide , mordant, jubilatoire , lu d'une traite sur le culte et l'image du corps , une espèce d'autopsie du rêve américain qui ne fait pas du tout rêver——-, mais pas du tout ——, une petite fille détruite par la lâcheté et la facilité , des ambitions ridicules et dérisoires contrariées .
La souffrance derrière les paillettes!
Je n'ai pas aimé le phrasé lapidaire , le ton vulgaire par moments , un style dérangeant !
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !

«  Ma mère s'emmerdait , elle m'a transformée en poupée , .
Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez .. Elle s'est vengée » …
Commenter  J’apprécie          524
Mini-miss, maxi-problèmes

Olivier Bourdeaut, après En attendant Bojangles et Pactum Salis délaisse la vieille Europe pour nous entrainer aux USA avec Florida, l'histoire d'une petite-fille inscrite à un concours de mini-miss. Une réflexion brillante sur l'image du corps et la quête d'identité.

Victime d'être belle. La malédiction d'Elizabeth Vernn commence le jour de son septième anniversaire. Son premier cadeau, ce jour-là, est une robe de princesse. le second est une participation à un concours de mini-miss. Qu'elle remporte. Elle ne le sait pas encore, mais c'est ce samedi-là que le drame s'est noué, que sa vie a basculé.
Car, à compter de ce premier succès, elle est devenue l'objet à fantasmes de sa mère. Elle va devoir désormais, semaine après semaine, sillonner les routes de Floride pour enchaîner les concours de beauté.
Si elle ne gagne pas, elle souvent sur le podium, laissant sa mère espérer qu'avec un petit effort supplémentaire, elle pourrait y arriver. Mais pour y parvenir, il ne faudra omettre aucun détail: la robe, la coiffure, le maquillage, le sourire. Plus tard viendront s'ajouter d'autres contraintes comme la gymnastique, le dentiste et la manucure.
Il n'aura fallu que quelques mois pour transformer sa mère de «touriste», celle qui inscrivent leur fille pour le plaisir, à amateur, puis d'amateur à professionnel avant de basculer dans une catégorie aussi dramatique que dangereuse, celle des «folles».
Il n'y a dès lors plus de limites: «Si je n'étais pas assez belle pour gagner, il fallait que je devienne plus sexy, plus femme, plus provocante, en clair que je devienne plus excitante. Sur les photos de mon avant-dernier concours, c'est bien simple, je ressemble à une pute, une pute de douze ans. Et sur une de ces photos, ma souteneuse me tient par la main, et elle a de ces yeux, mon Dieu, de ces yeux. Si vous pouviez voir cette image, ça m'éviterait d'écrire tous ces mots.»
La résolution du problème, si l'on peut dire, viendra d'un dérapage sur scène, un événement qui nécessitera un traitement chez un psy et le placement en pension. La belle petite fille va alors se transformer tout à la fois en élève brillante et en boule de graisse. Sa mère ne la reconnaît plus. Elle non plus du reste. Comme souvent en Amérique, c'est sur la route qu'elle va rencontrer la personne qui va à nous la transformer. Un artiste qui entend faire de ce corps une oeuvre d'art et réalisant une performance en photographiant jour après jour cette métamorphose. Les galeries d'art et les amateurs se pressant à Art Basel Miami vont apprécier.
Si l'on cherche le point commun avec les précédents romans d'Olivier Bourdeaut, son best-seller En attendant Bojangles (2016) et Pactum salis (2018), on trouvera indéniablement ce grain de folie qui fait basculer une existence. On y ajoutera la rencontre qui change tout. Avec cette fois une réflexion percutante sur la marchandisation des corps, sur la tyrannie de l'image. Ou quand le paraître entend prendre le pas sur l'être.



Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          472
"Florida" est le troisième et dernier roman d'Olivier Bourdeaut à ce jour. "En attendant Bojangles" m'avait moyennement plu, "Pactum salis" avait été une agréable surprise, et "Florida" tout autant, alors que le ton employé est bien différent des deux autres.

Pour son septième anniversaire, Elizabeth a reçu en cadeau une très belle robe de princesse, en vue du concours de mini-miss qui se déroule un peu plus tard dans la journée, près de chez elle. Que se serait-il passé si Elizabeth avait perdu le concours ? Certainement pas la même histoire que je viens de lire, sans aucun doute...

C'est ce jour-là qui a fait basculer l'enfance d'Élisabeth. C'est sa première place sur le podium qui l'a amenée vers d'autres concours... Pendant cinq ans, Elizabeth a appris à être la plus jolie. Elle a récité des textes mielleux pour attendrir les jurys. Elle s'est entraînée dur aux chorégraphies, à marcher comme il faut, à sourire comme il faut, à poser comme il faut. Mais si elle est souvent arrivée en seconde place, jamais plus elle n'est arrivée la première. Partagée entre une mère qui lui impose de réussir et un père qui apprécie ses week-ends sans ses femmes dans les pattes, Elizabeth a tout simplement pété un plomb...

Placée en pension, Elizabeth apprendra que son corps lui appartient et qu'elle peut en faire ce qu'elle veut... Elle vient de trouver comment se venger de sa mère...

Sous forme de journal intime, c'est Elizabeth qui nous raconte sa propre histoire : les week-ends consacrés aux concours, la pension, sa fugue, les différentes étapes par lesquelles elle est passée pour assouvir sa vengeance.

Pour ce troisième roman, Olivier Bourdeaut change de ton du tout au tout. Si le style d'écriture est toujours aussi appliqué, il n'y a rien ici de sarcastique ou de badin. le ton est enragé, amer, acide, dominé par la colère et la rancoeur. Parce que oui, Elizabeth en veut à ses parents, à sa mère particulièrement, elle ne leur pardonne pas et ne pense qu'à les détruire. Ses mots sont crus, ils fulminent. Elle ne s'aime pas, son corps la dégoûte, et cherche à le changer coûte que coûte. Elizabeth n'est que haine et on le perçoit durant toute notre lecture.

Abordés de manière plus posée, les thèmes qu'a choisi d'évoquer Olivier Bourdeaut en sont plus percutants. Autodestruction, vengeance, insatisfaction permanente, haine, narcissisme et culte du corps sont ce qui domine le récit et font d'Elizabeth un personnage cassant, cassé. Je ne m'y suis pas attachée, certainement à cause de son trop-plein de colère qui l'empêche d'avancer. En revanche, elle reste touchante à sa manière, apitoyante, pleine d'ambiguïté. On la voit évoluer et tester son corps au fil des pages, on la voit se détruire à force de vouloir détruire ses parents. Plus on s'approche de la fin, plus on se demande comment tout cela va se terminer, si elle obtiendra satisfaction et surtout à quel prix.

Et voilà que vient le dénouement, pas tout rose comme on s'y attend, moins pire que l'avant-dernier chapitre laissait présager, pas totalement satisfaisant à mon goût mais qui clôt tout de même bien l'ensemble du récit.

Olivier Bourdeaut est assurément un auteur à suivre. Trois romans à son actif, trois histoires abordées de manière différente à chaque fois. Si l'un ne vous a pas plu, il n'est pas dit qu'il en sera de même pour les deux autres.
Commenter  J’apprécie          453
"Lu en audio".
Ma critique va se focaliser sur la très belle adéquation entre le sujet du roman et la lectrice, Adeline d'Hermy. Cette dernière réussit à donner vie à cette jeune fille et à ses sentiments.
Du coup, on reste dans l'intimité d'Elizabeth, il n'y a plus de distance entre sa détresse, sa violence, sa fausse rébellion et l'auditeur/lecteur.
De ce point de vue, découvrir le roman ainsi est très agréable émotionnellement.
Le contrepoint est tout de même le manque de recul par rapport au sujet, ce qui est peut être différent si on "lit en vrai" le roman. Il n'est pas question d'une famille dysfonctionnelle axée sur l'image de sa mini-miss, mais d'une société entière qui, d'un côté, prône l'émancipation, mais de l'autre ferme les yeux (plutôt en les ouvrant grand d'ailleurs) sur la sexualisation du corps féminin, du jeune corps en plus.
Suivi de son utilisation commerciale...
Beau sujet de réflexion, voire de méditation.
Commenter  J’apprécie          320
Le jour de ses 7 ans, Elizabeth Vernn reçoit en cadeau de la part de sa mère une jolie robe de princesse. Pour se déguiser ? Non, pour aller défiler. C'est ainsi qu'Elizabeth entre dans le monde des mini-miss. Jusqu'à l'âge de ses douze ans, ses week-end seront rythmés par de longs déplacements pour rejoindre des salles des fêtes glauques où des gamines, à partir de 3 ans, doivent convaincre le jury de leur beauté. String taille 8 ans, soutiens-gorges rembourrés, faux-cils, extensions… tout est bon pour transformer ces petites-filles en poupée. Mais Elizabeth restera à jamais l'éternelle deuxième au grand désespoir de sa mère qui ne sait plus quoi ajouter à sa marionnette. Alors à 12 ans, Elizabeth explose. de princesse, elle se transforme en punk trash. Elle se sépare de son corps qu'elle voit comme un ennemi et débute sa révolution. Sa vengeance est en marche.

C'est à travers le journal de son héroïne, au style direct et plein d'ironie, qu'Olivier Bourdeaut nous fait entrer dans un monde où l'excès est la norme. A Miami, les mini-miss sont monnaie courante. Ces petites-filles transformées en poupées par de multiples artifices sont pour certaines aussi célèbres que les stars de la chanson ou du cinéma. Et c'est ce dont rêve la mère d'Elizabeth pour sa fille.  Mais Elizabeth, à 12 ans, a un déclic. le traumatisme est déjà là, malheureusement. Son corps, cause de tous ses malheurs, elle n'en veut plus. La séparation est nette et Elizabeth fera ce qu'elle voudra de son apparence. Obèse, maigre, culturiste, tout y passe… Olivier Bourdeaut nous décrit à merveille ces étapes qui nous parlent du rapport au corps et du culte qu'on lui voue dans l'art et le sport. Elizabeth, en transformant son corps, souhaite blesser sa mère qu'elle hait. Mais à chaque fois, quelque soit son apparence, c'est son corps qui reprend le dessus sur son destin, pur produit de la culture de l'image. Qu'elle séduise, qu'elle horrifie, qu'elle fasse envie ou qu'elle fascine, Elizabeth reste prisonnière de son enveloppe qu'elle-même malmène et exhibe jusqu'au bout.
Il ne pouvait y avoir de meilleur décor à cette histoire tragique que Miami, mégalopole ultra bling-bling. Olivier Bourdeaut, au-delà de son personnage, nous donne à voir un monde qui n'aime rien tant que les monstres. Fascination des enfants-stars qui partent à la dérive à l'âge adulte, culte pour des stars bodybuildées… L'Amérique est l'écrin de ce culte du corps, véritable diktat de l'apparence. Et comme dans son roman à succès « En attendant Bojangle », la folie n'est jamais loin…

Un roman au style ultra vitaminé et acerbe, mené tambour battant par une héroïne à l'énergie et à la lucidité impitoyables que l'on n'arrive pas à plaindre tellement elle nous emporte dans sa rage autodestructrice.
Commenter  J’apprécie          300
Comme beaucoup de lecteurs, j'ai lu il y a quelques temps, le roman qui a fait éclore Olivier Bourdeaut : En attendant Bojangles. Il évoquait une enfance naïve, heureuse, tragique et folle au son du tango...

Dans son nouveau roman, Olivier Bourdeaut exploite une fois de plus la folie...

Elizabeth est une jolie petite fille. Tellement jolie que sa mère s'est mis en tête de l'inscrire à un concours de beauté. Puis un autre. Puis encore un autre. En fait, Elizabeth a passé son enfance à se faire coiffer, maquiller, habiller pour aller défiler et espérer la première place du podium. Bienvenue dans l'univers des mini-miss ! Et ce monde des mini-miss, Elizabeth déteste ça : être la poupée de maman, devoir être toujours la plus belle, ... Un jour elle en a vraiment assez, se farde de façon grotesque et défile ainsi sur scène, devant l'air ahuri de sa mère. Commence alors la transformation de son corps. Elle qui devait être parfaite, va grossir, grossir, jusqu'à effacer cette image de princesse.

Olivier Bourdeaut livre là un roman tragique sur le culte du corps. Elevée dans l'univers des mini-miss, Elizabeth a passé ses week-ends à défiler a eu cette étiquette de princesse. Ne supportant plus la pression de ce monde de paillettes, elle ensuite passé sa vie à détruire son corps jusqu'à le faire exploser. de mini-miss elle est passée Miss Bodybuilding sans jamais connaître le bonheur. Son corps est une obsession qui lui fait perdre la raison. L'auteur va au bout de la psychologie de son personnage en lui offrant la narration du roman, tel un journal intime avec des mots et des phrases acérés. Sa vengeance sera terrible. Plus qu'elle ne l'imagine... L'héroïne, à deux doigts de l'anti-héroïne, est aussi insaisissable qu'attachante.

Ouvrir Florida, c'est pénétrer un monde que je ne connaissais pas, ou si peu pour avoir un reportage ou deux sur les mini-miss ou le bodybuilding. Dans tous les cas, le corps est mis à rude épreuve pour la gloire. Ou pas...
Lien : http://bibliza.blogspot.com/..
Commenter  J’apprécie          240





Lecteurs (1675) Voir plus



Quiz Voir plus

En attendant Bojangles

Qui a écrit la chanson Mr Bojangles ?

Whitney Houston
Nina Simone
Amy Winehouse
Edith Piaf

12 questions
578 lecteurs ont répondu
Thème : En attendant Bojangles de Olivier BourdeautCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..