Citations sur Le raptor contre-attaque (10)
« Bien sûr que je parle à mon chat, pas la peine de me regarder comme si je perdais la boule. Que suis-je censé faire ? L’ignorer quand il me pose une question ? » (p.164)
« À Paris les gardiens sont peu à peu remplacés par des agents d’entretien extérieurs. Normal, pourquoi conserver un acteur social majeur de la vie urbaine ? » (p.150)
Sans prononcer un mot, elle passe dans mon dos et m’effleure les fesses du bout des doigts. Une caresse si légère, à peine perceptible, un baiser de papillon… qui me fait sursauter, piqué par ce coup d’épingle. Un bloc de glace sale leste soudain mon estomac. Sidéré, je me retourne mais la garce est déjà partie.
Là, dans cette salle de prestige aux boiseries flatteuses, aux lourdes tentures de brocart habillant les hautes fenêtres, plusieurs dizaines d’adultes chevauchaient de gros ballons bleus sur un magnifique parquet en dalles Versailles. Les plus audacieux tenaient en équilibre sur les sphères, allongés sur le ventre, d’autres les enveloppaient de leurs bras et se balançaient d’avant en arrière. D’autres encore les faisaient rouler contre leur dos pour se masser les lombaires avec un air d’extase. Cinquante personnes en pleine séance régressive sous l’œil goguenard des policiers, et qui n’eurent pas tout de suite conscience de leur présence.
Un silence s’est fait dans la pièce. Sofia et Kumi ne comprennent pas ma réaction. Mais Raphaëlle, elle, a fait le lien, bien sûr. Je me retourne et brandis la chose. Cinq centimètres de plastique moulé suffisent parfois à gâcher une excellente soirée.
« Vous l’avez trouvé où ? Dans votre boîte aux
lettres ? »
Mes amies contemplent le petit dinosaure que je scrute avec horreur comme s’il s’agissait du diable.
«Oui, on l’a découvert avant-hier, je crois, avec notre courrier, répond Kumi, perplexe.
— J’ai reçu le même. Et Raphaëlle aussi.
On se regarde, la mine grave. Ce déploiement de sauropodes est un message de menace. Car en l’occurrence, il ne s’agit pas de n’importe quel dinosaure, mais d’un raptor. Une espèce maudite qui nous rappelle de bien mauvais souvenirs. C’est très intelligent, le raptor. Mais ce n’est pas la plus gentille des créatures !
« Vous l’avez trouvé où ? Dans votre boîte aux
lettres ? »
Mes amies contemplent le petit dinosaure que je scrute avec horreur comme s’il s’agissait du diable.
«Oui, on l’a découvert avant-hier, je crois, avec notre courrier, répond Kumi, perplexe.
— J’ai reçu le même. Et Raphaëlle aussi. »
Silence consterné.
« C’est peut-être une coïncidence, veut croire Sofia.
Une opération publicitaire de vaste envergure.
— Dans ce cas, pourquoi n’y en avait-il pas dans la boîte aux lettres des voisins ? relève Kumi. Ils sont en vacances, c’est nous qui relevons leur courrier. »
C’est précisément à ce moment-là que ma félicité naissante vole en éclats comme une bulle de savon. Car mes yeux accrochent un objet qui n’aurait jamais dû se trouver là. Je me lève, incrédule, et m’approche lentement des étagères qui tapissent l’un des murs de la pièce. Il est là qui me regarde avec un sourire carnassier et des petits yeux chafouins. Je tends la main vers lui.
Ceci est une histoire vraie, lit-on en avertissement avant chaque épisode. Non, ceci ne l’est pas. Le postulat de départ est faux. Et toute la construction qui suit repose sur du sable. Mais de fil en aiguille, les accrocs s’enchaînent inéluctablement jusqu’au drame. Du grand art.
Comment ai-je pu passer jusqu’ici à côté de ce petit bijou ? Ce mordant, cette ironie amère, ce contraste entre la banalité des personnages et leurs actions déjantées sont éminemment jubilatoires. « (NDLR à propos de la série Fargo)
L’heure du chien est passée. Celle du loup commence. Quelque chose est là, qui se fond dans les ténèbres. Une forme vague, à peine une ombre. Retranchée contre le flanc de l’immeuble, elle n’est pas immatérielle pour autant. Son corps épouse l’arête du mur, et tient l’esprit en laisse. Pas question de le laisser vagabonder dans les limbes. Il faut rester concentré. Tout se jouera dans quelques secondes, quelques minutes peut-être. La chose attend son moment, hors de portée des nappes de lumière crachées par les lampadaires squelettiques qui poussent sur ce bout de macadam. S’il faisait moins sombre, on distinguerait l’objet qu’elle retourne dans ses mains avant de le fourrer dans sa poche.