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EAN : 9782080233622
96 pages
FLAM JEUNESSE (27/10/2021)
4.05/5   33 notes
Résumé :
Enfant du voyage, Geronimo arrive dans sa nouvelle classe, dans une école inconnue. Il a l'habitude de ces changements incessants et de subir les préjugés contre les gens du voyage. Un de ses professeurs permet aux deux cultures de se rencontrer et à l'amitié de se forger au-delà des différences.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Incontournable Janvier 2022

Pour ce petit roman de 2021 ( arrivé en 2022 au Québec), j'ai du faire quelques recherches, puisque le sujet en présence ne m'est pas familier. J'ai donc navigué dans cette histoire avec un regard complètement neutre, mais au final, je trouve que le sujet fait écho à une de nos réalité au Canada. J'y reviendrai.


Geronimo n'aime guère se lever tôt, mais sa mère a un petit rituel pour rendre le lever un peu moins pénible. C'est que Geronimo et sa mère sont le seuls à se lever aussi tôt, mais il y a une raison à cela, une raison qui a son importance aussi bien pour le jeune garçon que pour sa mère. Elle le conduit aux abords d'une école, trahissant une certaine nervosité, mais tout de même résolue. Geronimo a l'habitude. Il enchaine les écoles, il se heurte aux mêmes préjugés, mais il aime l'école, puisque sa soif d'apprendre n'a pas de limites. Et peut-être bien que cette fois, les choses pourraient se dérouler autrement?


Geronimo, après quelques recherches, semble faire parti d'une communauté tsigane, mais peut-être plus précisément les Sinti ( appelés aussi "Manouches" par les français). Ce terme a été employé par les trois imbéciles qui se sont moqué de lui dans la cours d'école et à en juger par leurs propos ( "pas touche manouche"), il le taxe de voleur.

Quelques vérifications sur des articles de sociologie m'indiquent que les "communautés roms" vivent de l'exclusion, assortis de termes péjoratifs et de préjugés telles que "voleur", "malpropre", "profiteurs de système", "mendiants", "délinquants". Certains parents, de part leur statut illégal au pays, craindraient d'envoyer leurs enfants à l'école. On peut déduire que la faible scolarisation qui en résulte doit accentuer les iniquités entre ces communautés et les citoyens français. Il existe beaucoup d'enjeux politiques et sociaux les entourant.


La situation des Sinti me rappelle tristement celle de nos autochtones, ici au Québec, à ceci près qu'ils constituent les premières nations et non des immigrants illégaux. Néanmoins, ils ont pratiquement les mêmes stéréotypes et vivent une forme de stigmatisation systémique. Actuellement, c'est un sujet qui connait une bonne progression dans la bonne voie. Je me demande ce qu'il en est pour les communautés nomades de la France?


Donc, dans ce récit où la Nature et la philosophie animent chaque pages, Geronimo nous parle de cette carapace qu'il s'est construite pour survivre dans les écoles, de ces jugements dont il est la cible ( par exemple: sa voisine de classe va cacher sa belle gomme à effacer dans son étuis à crayon) et de sa perception du monde autours de lui, qui le fascine. Il fera la connaissance d'un professeur, Monsieur Chouraud, qui prendra sa défense quand aux trois brutes qui se moqueront de lui:

"[...] je ne capte pas tout ce qu'il hurle mais j'attrape quelques mots au passage. "Fraternité"."Imbéciles"."Honte"."Accueil". "Mon pied aux fesses". "Égalité". Et aussi "cerveaux de poulets". Bref, ça gonfle." ( P.76).


Bon, sans cautionner les insultes d'un prof à ses élèves, c'est tout-de-même touchant de voir deux des trois grands mots de la devise de la République Française servir son discours inclusif. La passivité fasse à la violence faite aux autres est aussi terrible que les auteurs de cette violence eux-même.


Mais au-delà du sujet de l'inclusion et du respect, il y a aussi la culture de ce groupe que je connaissais pas vraiment ( autrement que dans Notre-Dame-de-Paris). le concept de "Michto" ( terme romani) qui "qualifie toute chose qui apporte une sensation agréable et plaisante, avec une notion de plénitude sans équivoque" est un exemple ( Ref.Dictionnaire français Internaute). On nous parle aussi de la tente centrale, des caravanes, de la vie en communauté.


J'ai trouvé le personnage de Geronimo teinté d'une sagesse rare chez un jeune de son âge, avec un rapport à la Nature fort et d'une intelligence certaine. C'est un curieux et un philosophe. Il aime le soccer/football, les oiseaux, le chocolat au lait et la guitare. Il est également très perceptif. Bref, pas le portrait le plus courant de la littérature jeunesse.


Et que dire de cette plume rêveuse, capable de dire autant de choses en peu de mots. J'ai été porté par cette plume comme sur une brise, ça se lit comme une chanson. C'était beau et triste tout à la fois. Je souligne aussi que pour quelqu'un comme moi qui ne connait pas trop le sujet, comme peut-être certains français, on ne nous donne pas tous les indices en une fois. On apprend progressivement qui est Geronimo et l'enjeu l'entourant. On nous laisse deviner. Déjà, on commence dans la caravane, ce qui peut étonner, mais sans nommer qui ou quoi que ce soit. On se contente de suivre le personnage. J'ai réalisé l'enjeu quand on est arrivé à l'école, avec le comportement des autres personnages. Là j'ai percuté, et là, ça a fait mal. Parce que Geronimo ne mérite pas ce traitement. Ni aucuns enfant d'ailleurs.


Mention spéciale à la maman, qui est la seule à envoyer son fils dans une école, malgré ses craintes et ses appréhensions, parce qu'elle "sait". Elle connait la curiosité de son fils et voit son potentiel, et malgré l'inconfort, l'accompagne chaque matin aux portes d'écoles différentes.


Le dessin sert bien son sujet. Il est simple, un mélanges de lignes sketch à la plume noire, avec des clairs-obscurs de gris et un unique cyan/bleu comme couleur. Un bon choix, je trouve, parce que le bleu est naturellement apaisant pour l'esprit humain.


J'ai beaucoup aimé ce petit roman, différent, instructif, humain, avec une plume poétique qui peut rejoindre plusieurs lectorats dès l'école primaire. On s'attache sans peine aux personnage, on ressent bien leurs émotions. Un hymne à l'ouverture d'esprit, à l'inclusion et au partage.


Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans et plus.
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Un roman, pour les 8/10 ans, généreux pour dire la crainte d'un enfant du voyage devant l'accueil des enfants à l'école, sa rencontre avec un enseignant attentif et une vision d'un monde positif.
Géronimo est un enfant du voyage, comme le dit le titre. Il dit le campement, il dit sa mère, il dit l'école où il sait trouver sa place. Avec des mots justes l'auteur nous raconte Géronimo, enfant on l'appelait Tokup, tant sa curiosité était grande et ses questions nombreuses. Il apprend, il grandit, il va grâce au maître de cette école trouver sa place, loin des préjugés tenaces.
Un joli roman à mettre dans toutes les classes de primaire. Illustrés d'un trait discret mais efficace.
Mes petits-enfants les appelle les voyageurs, ces enfants qui passent de temps en temps dans leur école.
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J'ai découvert ce texte grâce au Prix des Incorruptibles qui l'a sélectionné pour les CE2-CM1.
Je suis tombée sous le charme de la plume d'Emmanuel Bourdier qui raconte à la première personne l'arrivée d'un "enfant du voyage" dans une école sédentaire. Ces mots ne sont jamais explicités et c'est justement une des forces de ce récit. le lecteur comprend au fur et à mesure ce qui différencie cet enfant des autres, les raisons de son appréhension et sa faculté à comprendre les mondes qui l'entoure. Il y a beaucoup de finesse, aucun jugement mais la description d'une réalité parfois brutale. Les quelques illustrations en noir et bleu apportent de la douceur et mettent en avant les relations sociales entre les personnages.
Les chapitres sont courts, rythmant le temps de cette première journée fatidique (et la seule décrite).
Une très belle proposition à découvrir.
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Un vrai 💙coup de coeur💙. « du voyage » est un roman court, subtil et percutant en même temps, qui pointe la stupidité des préjugés quels qu'ils soient et qui offre une belle valorisation de l'école. Beaucoup d'axes de réflexion pour de jeunes lecteurs.

🏁Geronimo est un enfant Manouche qui vit en caravane avec sa communauté et il ne reste jamais très longtemps à un endroit. Ce matin, c'est donc encore une nouvelle école pour lui, où il ne restera qu'une semaine. A chaque fois, c'est passer d'un monde à l'autre, d'une culture à une autre, et il sait que les préjugés contre « les gens du voyage » vont l'obliger à revêtir comme d'habitude sa « carapace » pour se protéger. D'où l'envie de ne pas se lever, de continuer à dormir comme les autres enfants du camp. Mais c'est sans compter la ferme volonté de sa mère de toujours le conduire à l'école : « Oui je sais, maman m'explique à chaque fois que je la remercierai un jour. » C'est sans compter aussi sa propre soif d'apprendre qui le motive malgré tout : « Je suis là, chez eux, pour apprendre (…) et j'adore ça ! » Dans cette école, il y aura un accueil maladroit de la directrice, comme d'habitude les regards de curiosité des autres élèves, comme d'habitude ceux qui se moqueront et le provoqueront.

📚Mais il y aura aussi un maître, M. Chouraud, qui posera sur Geronimo un regard juste et attentif, sans préjugés, qui punira les moqueurs, qui saura s'asseoir par terre près de Geronimo pour lui demander ce qu'il aime, qui s'intéressera à lui et qui l'intègrera en douceur dans sa classe : « C'est la première fois que je vois un professeur les fesses par terre, ça surprend. »

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J'ai adoré ce petit roman qui se lit d'un souffle et nous porte vers un optimisme dont on a vraiment besoin. Bourré des stéréotypes des gens qui nous entourent tous et parfois même des nôtres, ce court récit remet à sa place quelques idées et surtout, fait passer un message POSITIF sur l'école, loin de tous ces discours qui nous racontent que personne dans l'éducation ne fait rien pour les élèves.

Bref, une vraie bouffée d'air sur un sujet pas si commun, la scolarisation des enfants du voyage et où comment les accepter quand on sait qu'ils ne seront qu'éphémères? Un vrai portrait et une histoire de rencontre entre un maître et son élève. Quand un instituteur s'intéresse à son public et ne permet pas que les brimades et les intimidations soient courantes dans sa classe.

J'ai aimé la posture de cet enseignant bien sûr, qui nous renvoie tous à une idée de l'adulte que l'on a un jour croisé dans sa scolarité et qui nous a marqué, mais j'ai également adoré Geronimo, ce petit garçon fatigué de ne pas pouvoir s'attacher et de lutter au jour le jour contre les préjugés.

Des illustrations viennent étoffer ce petit livre et rendent poétique certaines parties du livre. Tout en crayon gris, faites de nuances, elles à merveille le propos délicat décrit dans l'ouvrage. Un gros coup de coeur à partager !
Lien : https://lechampdesabeilles.w..
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critiques presse (1)
LeMonde
11 janvier 2022
Bien avant d’avoir terminé ce roman pour jeunes lecteurs, on a tous en tête le visage d’un ancien maître ou maîtresse inoubliable, un de « ces profs magiciens qui nous font voyager entre quatre murs », comme l’écrit Emmanuel Bourdier.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Sinon, dis moi, qu'est-ce que tu aimes?
-À manger?
- Non. À vivre.
Deuxième bonne question.

J'aurais pu lui dire que j'aime le bruit du vent lorsque je m'endors dans la caravane, le sel de la mer qui reste sur la peau au soleil, le rire de ma grand-mère, les guitares des veillées. Mais non. Je dis juste:

-J'aime le chocolat au lait. Et puis j'aime aussi...

J'hésite. Je ne sais pas pourquoi.

-J'aime l'école.
-Plus que le chocolat au lait?
-Pareil.
-Ah oui! Quand même...et pourquoi?
-Parce que...

Je cherche les mots, je ne les trouve pas, mais je tente quand même quelque chose.

- Parce que ça fait un peu comme quand on marque un but, mais ça dure plus longtemps.
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- Ça va ?
- C'est pas grave. J'ai l'habitude.
- Si. C'est grave, il ne faut pas s'habituer. Personne ne devrait s'habituer. Ils sont vraiment bêtes comme leurs pieds.
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Depuis que je suis tout petit, elle entre sur la pointe des pieds, approche son visage du mien, gonfle ses joues en silence et, tout doucement, vide son air maternel sur le bout de mon nez.
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Mais, pour la première fois, à l'écoute de ce clac-clac rassurant, j'éprouve un sentiment étrange, pas vraiment agréable, inattendu. Un mélange de fierté et de honte. Mon coœur va de I'un à l'autre sans choisir, sans com- prendre. Grandir, des fois, c'est lourd.
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Chapitre neuf
C'est le maître qui arrête la danse. Il est en colère. Tellement en colère que son visage a perdu ses points de repère.
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Vidéo de Emmanuel Bourdier
30 autrices et auteurs de création jeunesse racontent comment le "Nous" résonne dans leur oeuvre à travers une vidéo réalisée par leur soin.
Dans cet épisode retrouvez l'auteur Emmanuel Bourdier avec son ouvrage Qui dit mieux (Flammarion)
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