Est extrêmement intéressant de lire Bourgault, même après autant d'années, ce qu'il a écrit reste vrai (sur la société, la politique, etc.) et percutant. C'était décidément un grand homme, capable de réflexions profondes et d'observations justes sur le monde qui l'entourait. Il ne s'en fait plus beaucoup des penseurs tels que lui...
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Un livre brute, comme un grand coup de poing pour éveiller la conscience. A prendre ou à laisser.
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Je veux être libre.
Le droit d'être libre, ça comprend aussi bien le droit de se tromper que le droit de réussir. L'un ne va pas sans l'autre. On ne peut être aussi exact que l'heure de tombée. On ne peut forcer quelqu'un à toujours faire preuve d'intelligence. Tout comme on ne peut être forcé de toujours réussir.
La liberté, c'est pour les êtres humains. Les forts comme les faibles, les heureux comme les tristes, les généreux comme les égoïstes, les humbles comme les fiers, les durs comme les faibles, les exaltés comme les dépressifs.
La liberté, c'est le lieu où s'affrontent le paradoxe et la contradiction. C'est le droit d'être le meilleur, mais aussi le droit d'être le pire. Le droit de parler doit inclure le droit de se taire. Le droit de participer doit inclure le droit de s'abstenir lorsqu'on en ressent le besoin. Le droit de chanter doit inclure le droit de se déclarer muet.
On peut avoir les meilleures intentions et produire de vent. La vie, c'est ça, aussi.
Ma liberté, c'est l'amour.
À vingt ans, on exige la liberté d'être avec tous. À cinquante, on se contente de la liberté d'être avec soi-même. À vingt ans, on exige la liberté de voyager à travers le monde pour tenter d'y découvrir la vérité des autres. À cinquante, on n'en finit plus de voyager chez soi à la recherche de sa propre vérité. À vingt ans, on voudrait tout faire en même temps et tout obtenir d'un seul coup. À cinquante, on cherche le temps de ne faire qu'une chose à la fois et on rêve de n'obtenir que ce qu'on a découvert d'essentiel.
L'essentiel c'est l'amour.
Le policier n’a pas de responsabilité véritable, il obéit à des ordres. À la longue, rien n’est plus néfaste. J’ai personnellement rencontré nombre de policiers (pas nécessairement dans les conditions les plus favorables) parfaitement conscients des sottises qu’on leur fait dire ou de la stupidité des gestes qu’on leur fait poser. Mais où et avec qui peuvent-ils en discuter ? Comment peuvent-ils influencer les décisions de leurs officiers supérieurs ? Ils ne disposent d’aucun moyen pour le faire. Alors ils démissionnent ou bien ils se taisent et «font comme les autres».
Notre véritable ennemi est bien plus haut et bien plus puissant. Le policier lui sert d’instrument. Il est bien inutile de briser l’instrument si nous ne brisons pas le bras qui le brandit. Lorsque le policier cessera de servir d’instrument à une poignée d’exploiteurs, alors il sera libre. C’est la liberté de chacun qui, additionnée, fait la liberté de tous.
Le policier n’a souvent pas les moyens de combattre le véritable ennemi de la société, le bandit et, plus singulièrement, le membre de la pègre ou de la mafia. Très souvent, le policier sait qui il faudrait arrêter, pourquoi et comment. Mais il connait aussi les complicités politiques ou policières qui protègent tel ou tel individu. Il ne peut pas agir. Frustré dans sa conscience même, il finira par arrêter n’importe qui pour n’importe quoi. Les vrais coupables étant hors d’atteinte, il en vient à s’en fabriquer lui-même.
Pierre Bourgault - Sécurité, solidarité et respectabilité (1971)