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EAN : 9791031204307
132 pages
Editions Ateliers Henry Dougier (05/03/2020)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Témoignage de la vie d'un menuisier en France, de ses secrets d'artisan et par là même de l'évolution d'une société.

"C'était un boulot dur. Quand on ferrait des roues, on commençait à cinq heures du matin. Il fallait du monde, cinq personnes, avec des grandes pinces !"

Francis Renard a vécu plusieurs vies. Son histoire se déroule à Châtillon-sur-Colmont, un bourg de Mayenne entre Bretagne et Normandie. Né en 1923 dans une famille de ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Francis Renard aura 97 ans en 2020. Il a commencé à travailler à 13 ans, certificat de fin d'études en poche, dans l'atelier de son père, charron. Pendant 80 ans il forgera le fer, sciera le bois, fabriquera charrettes, carrioles, tonneaux, outils agricoles, portes et fenêtres, meubles, etc. dans un bourg de Mayenne.
Pierrick Bourgault, dont le père a été ouvrier chez Francis, lui fait raconter la vie d'autrefois, une vie plus simple mais pas plus facile, où seul ou presque le travail rythmait le temps qui passait. Il nous fait découvrir des métiers oubliés, l'art de fabriquer une roue, un tonneau ou une charrette avec l'énergie du feu et la seule force humaine, avant que n'apparaissent les moteurs...

C'est à un véritable voyage dans le temps, au coeur d'un monde d'artisans et d'agriculteurs, que l'auteur nous invite. C'est aussi un retour vers la nature, et notamment vers les arbres, qui poussaient en liberté et dont on cherchait à tirer le maximum, selon leurs essences.
Le hasard a voulu que j'aie lu le récit de Pierrick et Francis simultanément avec L'arbre monde de Richard Powers. Il y a une évidente communauté de pensée entre ce que peut dire Francis Renard sur le bois et les arbres, cette sorte de respect de l'homme envers le matériau vivant, et le sens de ce qu'écrit Powers sur les véritables héros de son roman, les grands arbres, et sur ceux qui veulent soit les protéger, soit les exploiter le plus possible.
Un monde révolu sans doute, vers lequel on n'est pas près de revenir, du moins pour ce qui concerne l'utilisation de la force des machines, mais qui nous dit qu' il y a urgence à protéger ces sources de vie que sont les arbres, pour en exploiter les ressources à bon escient !
Un livre de mémoire, celle d'un artisanat sans doute définitivement perdu pour le grand public, mais aussi un hommage à une nature en danger.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Francis, 96 ans raconte une existence passée, une société disparue, le quotidien des années 30 dans un village rural entre Bretagne et Normandie. La fête au cochon, les bruits de l'enclume du forgeron, les cris des animaux, l'odeur du four à pain qui se mêle aux effluves du tas de fumier.

« Il n'y avait pas de téléphone, mais il y avait du monde. En effet dans ces villages densément peuplés, un voisin, un café-épicerie n'étaient jamais loin ; pour communiquer ou recevoir de l'aide, la voix suffisait. »

Francis a travaillé le bois toute sa vie, il le respecte, il sait en tirer le maximum. Il nous fait revivre le savoir-faire pour réaliser une roue, les carrioles faites sur mesure, les outils qu'on fabrique et qu'on se transmet d'une génération à une autre. La hache qui exige une bonne connaissance du bois, car il ne faut pas cogner n'importe où. Les premières machines électriques et les premiers accidents ; doigts coupés, mains arrachées, il suffit d'un instant de distraction.

Un récit sans aucune nostalgie, juste un hommage au travail des artisans. Il fallait du temps pour réaliser un objet qui dure, mais aujourd'hui nous n'avons plus le temps.

Pierrick Bourgault se contente d'écouter, de susciter les souvenirs et nous les retranscrire. Un grand merci à Babelio et aux ateliers Henry Dougier pour cette plongée dans des vies laborieuses, ordinaires, mais qui sont notre mémoire, notre patrimoine.
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Grâce à ce livre, je découvre un éditeur, Les ateliers Henry Dougier, et une collection, Une vie, une voix, qui raconte le destin ordinaire de personnes d'une génération dont les derniers représentants sont en train de disparaître. Cette collection compte actuellement sept titres, et c'est le dernier que l'éditeur m'a gracieusement envoyé dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio, que l'un et l'autre en soient remerciés, et excusent ma note de lecture un peu tardive.
Note de lecture tardive non par désintérêt pour le livre, bien au contraire. Peut-être justement parce que le travail du bois me fascine tellement que j'ai mis à profit les quelques semaines de liberté que j'ai eues au mois de juillet pour me lancer dans la rénovation de meubles en bois. Beaucoup d'amateurisme, mais, alors que j'étais en train de poncer puis de cirer mes meubles, imaginant déjà le plaisir que j'aurais à les voir chaque jour et à les utiliser, m'extasiant devant les changements de texture et de couleur, je repensait à Francis, cet homme d'un petit village de Mayenne, qui a passé toute sa vie à travailler le bois. Ce préambule pour donner un peu le contexte dans lequel j'ai lu ce livre et pourquoi j'ai eu envie de le lire, certainement pas pour tenter une comparaison entre cet artisan qui a consacré sa vie professionnelle à son art et mon amateurisme de fraîche date.
Et je crois que c'est ce contraste entre ma fascination toute naïve et bien peu éclairée et ce savoir-faire profondément enraciné dans une pratique quotidienne qui explique que j'ai aimé cette lecture, alors que je n'y ai pas trouvé ce que je m'attendais à lire. Avec la présentation de l'auteur, je m'attendais à lire le récit de la vie d'un homme, honnête artisan dans sa campagne natale, avec les joies et les malheurs que compte toute vie. Mais il ne faut surtout pas s'attendre à un récit linéaire. Et nous saurons peu, finalement, des menus événements qui ont marqué la vie de Francis Renard. Car on entend beaucoup la voix de l'auteur, Pierrick Bourgault, qui mèle aux évocations de Francis, sa propre fascination pour ce monde disparu ou en train de disparaître.
Ce livre, qui évoque la dureté du travail d'alors mais aussi la fierté du travail bien fait, est aussi une méditation sur la façon dont nos vies ont évolué. Et c'est intéressant de voir, en creux, la nostalgie dont fait preuve l'auteur, qui est peu ou prou de ma génération, et les sentiments plus mêlés, plus complexes, de Francis Renard, qui fêtera ses 97 ans cette année. Francis a vu l'évolution des modes de vie : sa maison est meublée avec du formica, il a vu l'eau courante arriver, il a vu son métier se motoriser et donc se transformer. Il est nostalgique de la façon dont les campagnes ont évolué, avec sa population clairsemée, le manque de temps pour un oui ou pour un non, mais il ne regrette pas le progrès technique et ne souhaite pas revenir en arrière.
En définitive, ce livre n'est pas le récit de vie que j'attendais, mais il y en a déjà beaucoup de ces livres, mais c'est une méditation sur l'évolution de nos métiers, de nos modes de vie, des valeurs que ces métiers et ces modes de vie reflétaient. Une méditation qui prend son temps, sur une bonne centaine de pages, une méditation émaillée de quelques termes techniques qui évoquent les ébénistes et les charrons d'autrefois, de quelques détails, comme le café et les biscuits secs offerts aux visiteurs de passage, la vieillesse qui limite l'espace dans lequel les corps se meuvent. C'est un livre que l'on peut lire avec toute la nostalgie qu'y met Pierrick Bourgault ou sans nostalgie en suivant Francis Renard qui voit les évolutions, en prend acte et continue de voir le monde avancer. Ces deux voix, qui peuvent sembler contradictoires se mélangent harmonieusement dans ce livre, sans que l'une prenne le pas sur l'autre, rendant la lecture équilibrée et complexe, permettant de prolonger la sérénité de la lecture par une réflexion sur notre société telle qu'elle va, pas les grands mouvements sociaux qui font la une de nos journaux, mais l'évolution lente mais continue de ses fondements.
Et un livre qui donne envie de passer sa main sur un meuble travaillé, de sentir la courbure parfaite d'une roue ou la moulure délicate d'un meuble. D'ailleurs, je m'arrête là, car j'ai un plancher à aller cirer !
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😊 A la découverte de ☺️
Francis, l'artisan du bois de Pierrick Bourgault
Ateliers henry dougier

Merci à la maison d'édition et à l'auteur pour leur confiance.

L'auteur va nous livrer ici le récit de ses échanges avec Francis Renard qui a travaillé le bois toute sa vie, pendant près de 80 ans!
Le propre père de Pierrick Bourgault a travaillé avec Francis, c'est donc aussi une part de son histoire qu'il va découvrir.
Il va retracer pour nous l'histoire des métiers du bois, son importance dans le passé mais aussi pour le futur.

Mais au détour de l'histoire de Francis et Juliette, c'est aussi l'histoire de France qui va se dérouler sous nos yeux, celle de nos aînés. Une vie plus simple, plus proche de la nature mais aussi plus laborieuse et où l'industrialisation et le confort moderne vont petit à petit arriver et modifier profondément la vie et les métiers.
Un joli devoir de mémoire d'un mode de vie qui tombe petit à petit dans l'oubli. Et pourtant malgré nos vies radicalement différentes, nous sommes les héritiers de ce passé et beaucoup d'activités actuelles n'existeraient pas sans toutes les connaissances issues de ces générations passées.

De nos jours, les meubles en bois massif de nos aînés pullulent sur les sites de vente d'occasion et suscitent peu d'enthousiasme. Et pourtant on s'accorde tous pour admirer le travail, la beauté et la résistance de ces meubles toujours là quand nos meubles actuels ne supportent pas un déménagement.
Notre époque est celle de la praticité, de la rapidité. Nous choisissons un meuble que nous voulons emporter dans l'immédiat, nous aimons changer au grès de nos envies et des modes, nous sommes partie prenante d'un système où rien n'est éternel, la fameuse obsolescence programmée.
On est bien loin de ces meubles patiemment pensés, du choix de l'arbre à la méticuleuse réalisation. Des meubles construits à la force des bras qui vont durer une vie, et bien plus d'ailleurs.
Et pourtant, si le massif ne fait pas de grand retour en fanfare, on connaît tout de même un retour vers des meubles d'aspect plus naturel.

Francis va nous raconter l'histoire du vingtième siècle en même temps que sa vie. On redécouvre des métiers oubliés qui faisaient vivre un village. Chacun avait son rôle et contribuait à faire fonctionner une économie de proximité. Des métiers manuels, de savoir-faire et de précision nécessitant du temps, de la patience et une connaissance des ressources offertes par la nature.
Il a aussi un profond respect pour ce que nous offre la nature. On prend juste ce que l'on a besoin et on utilise tout. On est bien loin du fonctionnement actuel! Mais ces notions reviennent en force dans l'actualité : la déforestation, l'accès à l'eau potable...

A l'heure où nous sommes confrontés à des défis écologiques et sociologiques majeurs, il est bon de se rappeler de ce temps et de ce que nous avons appris.
Sans renoncer aux avancées technologiques et industrielles, nous pouvons nous inspirer de ces modes de vie et de production plus respectueux de la nature et de l'épuisement des ressources. de même, il est intéressant de repenser nos modes de consommation. Quand la précarité et la paupérisation prennent de l'ampleur, nous avons beaucoup à réapprendre de nos aînés qui savaient se satisfaire de ce qu'ils avaient, qui n'éprouvaient pas ce besoin insatiable de toujours posséder plus, plus grand, plus puissant.

Mais ce livre n'est pas non plus une apologie des temps anciens face au monde actuel. La simplicité de cette vie ancienne avait aussi le dur goût du labeur sans fin, du travail de l'adolescence jusqu'à quasiment la fin de vie, de la guerre, d'une quasi-impossibilité d'ascension sociale.
Francis lui-même nous parle de ce que le progrès lui a apporté : les premières machines, l'arrivée des congés payés, l'eau que l'on a plus besoin d'aller chercher...

J'ai beaucoup aimé ce voyage avec Francis et Juliette, comme une balade avec mes arrières grands-parents. Une génération qui a vu son mode de vie totalement transformé, qui a traversé deux guerres mondiales mais aussi une génération taiseuse qui ne se livre pas facilement et qui a pourtant tant de choses à nous apprendre.

Pour retrouver ce livre, c'est par ici http://ateliershenrydougier.com/francis_lartisan_du_bois.html
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J'ai lu cet ouvrage grâce à l'opération masse critique, je remercie Babelio et les éditions Ateliers Henry Dougier pour cet envoi.
J'ai trouvé intéressant le témoignage de Francis sur l'évolution de son métier d'artisan du bois au cours du 20e siècle, suivant les progrès techniques et l'évolution des modes de vie dans la campagne mayennaise. J'ai aimé les éléments de pédagogie sur l'explication des termes techniques du métier. Je regrette qu'il n'y ait pas quelques images pour illustrer les interviews.
Ce témoignage présente un mode de vie dans lequel nous irons probablement nous inspirer de certains éléments pour le futur car les roues, tonneaux et charrettes produits par Francis étaient biodégradables, issus de bois local, réparables et durables !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Francis admire ces arbres qui nous dépassent. Ce sont les plus grands des êtres vivants et ceux qui durent le plus longtemps, des témoins immenses à la mémoire de plusieurs siècles. Francis les respecte et sait les économiser, tirer le maximum d'une planche lors du tracé avant de lancer la scie.
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Le tintement des cuillères résonne dans les tasses. En Mayenne, le café est servi dès votre arrivée., ou lorsque vous exprimez l'intention de partir, afin de vous retenir encore un peu.
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Il n'y avait pas de téléphone, mais il y avait du monde. En effet dans ces villages densément peuplés, un voisin, un café-épicerie n'étaient jamais loin ; pour communiquer ou recevoir de l'aide, la voix suffisait.
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