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Critique de Gaphanie


La Dame de beauté, c'est Agnès Sorel, favorite de Charles VII.

Jeanne Bourin nous raconte dans ce court roman la vie d'Agnès de sa rencontre avec son royal amant, en 1443, à sa mort en 1450.

La première partie - fort judicieusement intitulée "La Rencontre" - nous emmène avec Agnès à Toulouse, dans la suite de la Duchesse Isabelle. Agnès, de petite noblesse picarde, fait ses débuts à la cour, et le Roi va tomber instantanément amoureux d'elle. Pas beaucoup d'action dans cette première partie. On y parle beaucoup d'oeillades, de questionnements, bref, c'est un petit peu longuet tout de même, mais bon, ça pose le cadre : une cour itinérante, un roi peu sûr de lui, une reine vieillie avant l'âge à force d'enfanter, et donc une toute jeune fille, fraîche, belle et une fort belle âme qui redoute le péché dans lequel la vie semble vouloir l'entraîner...

Dans la deuxième partie, l'accomplissement, Charles et Agnès ont du mal à vivre l'un sans l'autre, et passent autant que faire se peut un maximum de temps à l'écart de la Cour. Une vie simple, un amour profond et sincère, égayé par l'arrivée de trois petites filles. Agnès se tourmente et culpabilise par rapport à la Reine, le fils de Charles, Louis, futur Louis XI passe son temps à comploter contre son père et sa protégée, et, avec l'aide d'amis loyaux et fidèles, usant de son influence sur le Roi, Agnès guide la France vers la paix et la prospérité. Pourtant, elle en prend plein la tête, et lors de sa venue à Paris, reçoit de la population des bordées d'injures imméritées.

La troisième partie, l'achèvement est poignante. Agnès, enceinte pour la quatrième fois, de sept mois, part rejoindre Charles VII sur le front : la guerre a repris avec les Anglais, hélas, et elle a eu vent d'un attentat contre son bien-aimé. Elle accourt donc le prévenir. Elle y parvient, mais accouche prématurément et y laisse au final la vie.

Depuis ma visite de Loches au début des années 2000, j'avais gardé Agnès Sorel dans un coin de mon coeur avec l'envie de mieux faire sa connaissance. C'est chose faite, et Jeanne Bourin écrit vraiment très bien. J'ai fait quelques recherches complémentaires après ma lecture, et je suis tombée sur deux éléments qui m'ont touchée. D'abord, les récentes analyses qui montrent qu'Agnès a été empoisonnée au mercure. Vraisemblablement un coup de Louis, le Dauphin, mais qui dans son entourage restreint a pu la trahir ainsi ? Les hypothèses des historiens penchent pour le moment sur sa cousine, qui vivait avec elle et s'occupait de ses enfants, et qui, moins de trois mois après le décès d'Agnès réchauffait déjà le lit du Roi à sa place !

Et puis la beauté d'Agnès était tellement célèbre, je ne comprenais pas pourquoi, parce que je ne la trouvais pas si terrible que ça, moi, sur les tableaux de Jean Fouquet... Et là le choc : des chercheurs ont reconstruit son visage grâce à l'informatique (comme ils l'avaient fait en pour Henri IV et certains hommes préhistoriques) et effectivement : elle était réellement belle, indépendamment des critères de beauté des époques.

Voilà, plusieurs jolies découvertes en une lecture : la plume de Jeanne Bourin, et la vie d'Agnès Sorel. Une femme amoureuse qui a toujours pris soin de son âme et des autres malgré l'opprobre dans lequel la jetait son statut de maîtresse royale. Et qui en a souffert. Et en est morte.
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