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Citations sur Le jeu de la tentation (33)

Marie gagna sa table. En dépit de tous ses soucis, elle ne délaissait pas un travail qui demeurait pour elle, au milieu de tant de remous, le seul point stable, l’unique satisfaction qui ne fût pas menacée ou douteuse.
Plus l’œuvre était absorbante, difficile, plus elle pouvait s’y perdre, s’y oublier. C’était seulement en s’y donnant tout entière qu’elle parvenait à se détacher, pour un temps, de ses multiples alarmes.
Dieu merci, l’ouvrage ne manquait pas ! L’été étant la meilleure saison pour procéder aux séchages successifs que nécessitaient les diverses phases de la dorure, il convenait de profiter de ces journées ensoleillées et chaudes.
Marie avait justement à préparer, pour un manuscrit dont le texte, les dessins, les nombreuses couches de couleur, étaient déjà achevés, les fonds où elle aurait ensuite à appliquer l’or, à la feuille ou au pinceau.
Il s’agissait de cette fameuse « Chanson du chevalier au cygne » dont elle avait elle-même illustré bien des pages. Elle en était parvenue au moment où il fallait composer la première assiette, en langage de métier, soit le premier fond. Deux autres suivraient avant qu’elle ne soit en mesure de passer à l’application de l’or pur. La réussite et l’éclat de la composition finale dépendaient du soin avec lequel on accomplissait cette série de préparations.
Elle prit dans un des pots rangés sur sa table de la fleur de plâtre des plus fines qu’elle déposa devant elle sur une pierre dure, polie et de grande dimension. Elle y ajouta un peu de safran en poudre et de bol d’Arménie, les mélangea minutieusement, intimement, avant d’humecter le tout, par petites quantités, avec de l’eau, et se mit en devoir de remuer la préparation obtenue avec les plus attentives précautions. Le mélange devant durcir, mais non pas sécher complètement, elle alla déposer la pierre dans une flaque de soleil devant une des fenêtres, et se dirigea ensuite vers les aides qui s’activaient à entretenir, en vue des suites de l’opération, un feu doux de charbon de bois, sous une grille, dans la cheminée de la salle. A cause de la chaleur estivale, ce travail était pénible pour les jumelles qui en tiraient prétexte pour relever leurs cottes jusqu’aux genoux et pour délacer leurs chemises sur de jeunes seins découverts.
-Allons, mes filles, dit Marie, profitez de ce que je suis forcée d’attendre le séchage de ma préparation pour aller respirer l’air du jardin. Je vous rappellerai dans un moment.
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Il n'avait pas besoin d'élever la voix, ni d'insister pour qu'on sentît la menace, le danger qu'il représentait.
-- Mon travail m'attend.
-- Il attendra.
-- Mais enfin, messire, de quel droit... ?
-- Je croyais que vous étiez fort attachée à vos enfants.
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L'amour humain me semble souvent déraisonnable et aventuré, même s'il est véritable, reprit Blanche. Faire reposer ses joies et ses peines sur les frêles épaules d'une créature en proie à toutes les tentations, mettre ses délices à la merci de la force ou de la faiblesse d'un autre, aussi peu sûr que soi-même, c'est pour moi de la folie !
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Ce que nous jugeons perdu, gâché, ce que nous nommons une existence dépourvue de sens, n'est jamais que l'affleurement singulier d'une vérité plus générale. Il n'y a pas de parcours totalement réussis ici-bas. L’imperfection humaine est inévitable. Seule, l’Éternité donnera réponse à la quête tâtonnante, à la quête malhabile, que nous entreprenons sur cette terre. L'explication nous attend, quelque part, à l'autre bout du tunnel, ailleurs...
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Marie se réservait la tâche de coiffer son père. Avec douceur et avant de renouer autour de la tête appesantie les bandes de toile qui la protégeaient, elle démêlait les mèches grises où, en dépit des soixante-dix-huit ans d'Etienne, des cheveux noirs se mêlaient encore aux blancs. Une sorte de gratitude tendre qui la bouleversait parce qu'elle témoignait d'un reste de lucidité, se faisait jour, alors, au fond des prunelles décolorées. La bouche inutile produisait avec un immense effort des sons incompréhensibles qui lui déchiraient le cœur.
Elle avait toujours ressenti pour son père une affection profonde, nuancée de crainte envers l'homme important et déjà mûr qu'elle avait connu. Âgé de plus de cinquante ans quand elle était née, maître Brunel n'était pas de ceux qui jouent avec leurs enfants, mais il représentait la puissante tutélaire, la protection, la force sur laquelle on sait pouvoir compter.
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La violence d'une passion se mesure aux risques qu'elle fait prendre !
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Ils s'écroulèrent sur le lit, en un corps à corps qui n'avait rien de commun avec ce qu'avait pu imaginer auparavant le dameret.
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La découverte de la liaison de sa mère et de Côme avait affreusement fait souffrir Aude.



NDL : sa mère est veuve depuis deux ans, mais Aude a neuf ans, âge sensible.
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"Dieu Seigneur, je sais que nos épreuves n'ont de sens que si elles sont surmontées, et, qu'alors, elles apportent beaucoup... Vous le voyez, je l'admets. Mais celle-là est très dure. Donnez-moi de la dépasser... C'était donc à ce dépouillement que vous vouliez me conduire? A ce dépouillement du coeur? Plus nous sommes démunis, plus Vous Vous préoccupez de nous. Vous nous attendez, sur le chemin des ronces, pour nous offrir l'Espérance..."
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L'amour maternel peut se manifester de bien des façons, assura Charlotte Froment, mais, sous quelque aspect que ce soit, il demeure le miel de la terre....................
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