Citations sur Les Pérégrines (10)
Avec le début du printemps le moment avait enfin paru favorable à un nouveau départ, et les pèlerins s'étaient retrouvés à Brindisi avec les deux armées et leurs chefs.
Flaminia avait déjà aimé la mer hivernale, elle fut éblouie par sa beauté printanière. Une sorte de griserie s'était emparée d'elle lorsqu'elle s'était sentie caressée par la brise marine et qu'elle avait respiré les senteurs du large. Il lui avait semblé que, sous son bliaud de toile verte, défraîchi, usagé, dont elle était lasse, son jeune corps, dru et neuf, était revigoré, nettoyé des sueurs du chemin et comme purifié par ce vent si vif, si gai, qui crêtait d'écume les vagues joyeuses... C'était comme respirer l'haleine suave de Dieu... Ce bain vivifiant lui donnait l'impression de participer de tout son être à la splendeur de la Création.
Ayant le grand honneur de faire partie des jeunes gens choisis pour composer la sainte cohorte chargée d'évoquer, auprès du basileus, les anges entourant le trône du Seigneur, il ne pouvait se laisser aller à aucune incartade. Si son père avait décidé jadis de le faire émasculer, c'était dans l'unique but de lui assurer une brillante carrière. Il s'en félicitait depuis lors. A Constantinople, tout le monde savait qu'il fallait d'abord procéder à cette opération pour préparer son fils à un avenir de haute volée à la cour...
Dieu nous aidera une nouvelle fois à vaincre ses ennemis. (p.356)
Dans le désordre général, dans la démence répandue, moi aussi j'ai tué un homme dont je ne savais rien, se dit-elle avec horreur. Il est vrai qu'il menaçait Andronic, mais peut-être aurait-il suffi de crier pour le faire fuir. N'aurais-je pas pu me précipiter devant lui, m'offrir à la place d'Andronic, lui servir de bouclier, donner ma vie, chrétiennement, au lien d'en prendre une autre? Femme et, par cet état même, tenue à l'écart des tueries, jamais je n'aurais dû supprimer une existence, fût-ce celle d'un ennemi. Ne sommes-nous pas faites pour la donner, non pour la retrancher?
Le bouillon de talons de jeunes taureaux, cuit pendant quarante jours et quarante nuits, puis décanté, est un excellent produit contre les rides.
Surpris par ce renfort subit, les Turcs se replièrent autour de leur sultan. Cette manœuvre redonna courage et pugnacité aux troupes sur le terrain. Connu pour son endurance, sa force et sa vaillance, le duc de Bouillon fondit sur ses adversaires dans un déploiement de boucliers d'or, de heaumes d'argent, d'oriflammes, d'enseignes chatoyantes fixées aux lances, teintes en pourpre et ornées de métaux précieux qui étincelaient dans la lumière du grand soleil de juillet.
Les portes de la mort sont à Dieu ! La vie est à nous !
"Une épouvante sans bornes s'était emparée de certains croisés. Ils attendaient dans l'effroi de monter à leur tour sur les nefs qui devaient les conduire sur l'autre rive de l'Adriatique, en territoire byzantin. Ils auraient ensuite à gagner Constantinople où était fixé le grand rendez-vous des différentes armées de Dieu..."
Voyez-vous, Landry, Byzance elle-même est une hétaïre ! Sous ses voiles de pourpre et d’or, sous ses perles et ses pierreries, elle dissimule des faiblesses, des tares, des vices, des tragédies, des fureurs immenses.
Landry, qui luttait depuis des heures et que la lassitude gagnait, se sentit soudain nanti d'un nouveau courage. Il reprit sa place au combat avec une sourde colère qui le soutenait mieux que le simple espoir de sauver sa vie.
Les tuniques aux couleurs fraîches des femmes réapparurent de tous côtés aux abords du champ de bataille. Elles se mirent à panser les blessés, à consoler les mourants, à distribuer de l'eau et des paroles d'espoir à chacun. Décidés à poursuivre leur mission d'entraide, elles quittèrent leur abri pour donner aux hommes, avec l'appui de leur présence, le sentiment qu'ils ne pouvaient sortir que victorieux d'un engagement dont l'enjeu, en plus de leur propre existence, était le sort de familles entières.