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Critique de DoubleMarge


"Bégonia Mars, alias Virginie, petite pute de la Jonquera, s'enfuit du bordel industriel le Gran Madam's avec son mac, le Boss, alias Ludovic, et l'homme de main de celui-ci, le Chinois après qu'ils aient réglé de façon expéditive le problème du Catalan, dernier supérieur hiérarchique qu'ils avaient tous les trois. le road Movie qui devait les emmener à Paris pour une brillante carrière prostitutionnelle s'arrête à Leucate, quand ils ramènent chez elle, à la station-service de ses parents, une gamine trop grosse, Marielle, qui fugue tout le temps de chez elle. Comme on l'imagine, les trois vont découvrir un univers sans délinquance mais non sans crime, et à quel point les gens normaux peuvent être bien plus horriblement féroces qu'eux-mêmes. (...) Dans ce court roman, qui décrit de façon terriblement physique les atteintes au corps, on a aussi la lente et douloureuse émancipation de Bégonia, qui finit par abandonner son nom de guerre, redécouvre l'amour en se réappropriant sa capacité à sentir et ressentir, et d'une certaine façon se guérit et cicatrise par personne interposée. La violence sexuelle est au coeur de la narration, elle forme à elle seule un décor, une toile de fond. Les issues à cette tyranie obscure, sous-jacente mais essentielle dans la définition des hiérarchies à l'oeuvre, ne sont ni sociales, car les dés sont et restent pipés pour les plus vulnérables, ni matérielles. Elles résident d'abord dans la capacité de se réapproprier sa propre personne, et au-delà de l'usage de son corps, cette miraculeuse capacité qu'il a de ressentir, goûter, désirer, jouir. C'est le parcours long et accidenté, chaotique d'une décolonisation intérieure qui est raconté, mais aussi la dimension des corps, non comme des marchandises ou des outils, mais comme des entités sensorielles compliquées et mystérieuses qui à la fois génèrent et supportent l'esprit. En se réappropriant la capacité de désirer et ressentir, la jeune femme qui fut Bégonia réintègre aussi son autonomie mentale. Tout au long du roman elle grandit, se déploie, regagne du terrain sur elle-même. Au cours de l'histoire triviale qui se raconte, des changements qui s'opèrent en chacun des personnages, dans la chaleur accablante et l'aigreur du rosé, c'est cette lente et inexorable réintégration qui se joue, et qui donne à ce roman si noir une nuance lumineuse."
Les papiers de Lonnie in Double Marge (Extrait)

Lien : https://doublemarge.com/gran..
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