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EAN : 9782824615158
368 pages
City Editions (26/06/2019)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Dans son village de Marson, baigné par la douceur angevine, la jeune Marceline mène une vie heureuse. Mariée à Louis, l’héritier du plus grand vignoble de la région, elle vient de donner naissance à une merveilleuse petite fille.

Mais en 1870, la guerre contre la Prusse éclate. Son mari, aventurier dans l’âme, décide de se rendre à Paris pour vivre au plus près les événements extraordinaires qui secouent le pays. Marceline doit assumer seule la gestio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
1970. Marceline gère la propriété viticole de son beau père dans la région de Saumur. En effet son mari Louis porte plus d'intérêt à la politique et le soulèvement de la commune de Paris qu'a la culture de leurs vignes. Elle vient de mettre au monde un enfant, Pauline, mais pour cette femme de caractère, pas question de capituler face à l'adversité, et elle mène de front la gestion du domaine ainsi que celle l'intendance.
Pourtant le chemin sera difficile. Acculée par les créanciers, accusée de complicité envers les "communards", Marceline devra se battre envers et contre tous pour sauver cette terre qu'elle aime par dessus tout.
J'aime décidément beaucoup le style de cet auteur, que j'avais déjà apprécié, le rythme est soutenu, on ne s'ennuie pas une seule minute à la lecture de ce roman, qui est autant un roman de terroir qu'un roman historique, car très documenté sur la période de "la commune". J'ai beaucoup aimé.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
7 septembre 1870, au matin
La pointe de la plume glissa sur le papier vélin et Marceline observa la ligne qu’elle venait de tracer. Assise à son secrétaire, la jeune femme trempa une fois encore le métal dans l’encrier, puis souligna le galbe de l’oreille, acheva la courbe du pavillon et accentua le pourtour du lobe.
L’artiste contempla son œuvre. La tête de Pauline apparaissait, la joue contre un coussin et les yeux clos. Marceline estima son dessin achevé. Elle inscrivit en lettres cursives le prénom de sa fille et souffla doucement sur le papier pour figer l’encre. La mode était au portrait-carte2, mais la jeune dessinatrice restait attachée à sa passion. Elle rédigea au dos un message en anglais : Père, Mère, j’espère que vous pourrez bientôt venir nous rendre visite en France. Votre petite-fille vous attend. Embrassez bien fort grand-mère. Louis et moi pensons à vous. Elle signa, nota l’adresse sur l’enveloppe et colla à l’endroit convenu la tête couronnée de laurier d’un empereur déchu. Le courrier partirait cet après-midi pour Londres.
La jeune femme soupira.
Confinée dans sa chambre à coucher où le repos lui avait été conseillé par un mari bienveillant, Mme Tessier égrenait les heures avec ennui. Pourtant, son visage respirait la fraîcheur ; les stigmates de la fatigue avaient disparu. Ses traits étaient semblables à ceux de l’autoportrait cerclé d’un cadre brun qui ornait le dessus d’un guéridon. Elle y posait, tête inclinée et chevelure couvrant le creux de l’épaule. Marceline observa Pauline endormie sur son couffin et dont la pose venait de lui inspirer l’esquisse à l’encre de Chine.
Au château de Marson, la lourdeur orageuse s’en était allée et les vendangeurs s’activaient sous un ciel redevenu bleu. L’arrivée tant redoutée des Prussiens se faisait attendre, mais, au dire des observateurs, ils ne viendraient pas. Louis avait laissé en évidence l’exemplaire du jour du Courrier de Saumur afin que Marceline en prît connaissance. Elle s’installa dans son voltaire et découvrit la une. La France vivait les premiers instants d’une IIIe République aux débuts tourmentés. La seconde nouvelle imprimée en bonne place était consacrée aux hostilités. Les généraux Trochu et Gambetta, craignant de voir Paris assiégé par les Prussiens, tentaient comme ils le pouvaient de réorganiser une armée en déroute. On évoquait également la fuite du prince impérial arrivé sain et sauf à Hastings en Angleterre et le départ en toute hâte de l’impératrice Eugénie qui avait quitté la France par bateau. Ce ne serait une surprise pour personne que mère et fils se retrouvassent en des lieux où ils se savaient estimés.
Marceline plia le journal et le laissa sur son secrétaire.
La porte grinça, la jeune femme se retourna et perçut dans l’entrebâillement un visage au regard amusé. Louis franchit le seuil, se décala et laissa place à Jeannette qui entra prudemment. L’adolescente tenait sur un plateau un verre évasé, orné d’une frise en grain de sel et rempli aux trois quarts d’un liquide rubicond. Marceline s’approcha de Louis :
— Alors, vous n’avez pas oublié ?
— Non, ma chère épouse. Je viens vous souhaiter votre anniversaire.
Il prit le verre et le tendit à sa femme, Jeannette s’en alla.
— C’est une nouvelle cuvée, dit-il.
Fixant son mari d’un air espiègle, Marceline huma le liquide, se mouilla les lèvres, avala une première gorgée et en but une seconde. Ses yeux roulèrent un instant, puis s’immobilisèrent.
— Étonnant, très étonnant…
— Vous plaît-il, au moins ?
— Il est excellent. Un bouquet délicieux, une vraie friandise.
— Je l’ai créé pour vous, lâcha-t-il non sans une pointe d’orgueil. La cuvée Spencer…
— C’est ainsi que vous l’avez nommé ? N’est-ce pas un peu trop ?
Les doigts de Louis se posèrent sur ceux de Marceline ; ensemble, ils tenaient le verre comme un objet précieux. Les deux corps se rapprochèrent.
— Ce sera la boisson préférée des dames…
Louis fit glisser son autre main le long du dos de Marceline et la paume s’attarda dans le bas des reins. Il donna à sa femme un premier baiser, la gratifia d’un second, se détacha pour en admirer la silhouette, l’empoigna et laissa courir ses lèvres sur la peau délicieusement parfumée du cou qui s’offrait à lui. Elle murmura gentiment, une main calée contre son torse :
— Il est un peu trop tôt pour me faire un deuxième enfant !
— Vous savez que la patience n’est pas mon fort !
Elle rit et ses dents blanches se dessinèrent finement sur une bouche aux courbes délicates. Louis constata que Pauline dormait à poings fermés. Étreignant toujours sa femme, il parla à mots couverts :
— Avez-vous lu les nouvelles ?
— Hélas, oui.
— Le peuple de Paris souffre déjà, mais si la capitale est assiégée, il connaîtra le pire.
Ils se détachèrent l’un de l’autre et Marceline posa le verre sur le guéridon.
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Nos idées, comme notre enthousiasme, nous nourrissent du meilleur. Nous fourmillons ! La Commune se pressent. Elle est inévitable. Le peuple de Paris est furieux, cette révolution éclatera à coup sûr. Nous serons là, mes amis et moi, pour mener cet appel à la justice. Je serai en première ligne
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Son regard devint aussi triste que la couleur du temps. La guerre venait cogner à sa porte, le jour même où résonnaient les premiers cris de sa fille.
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