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Critique de boudicca


Contrairement à ce que le titre du roman laisse entendre, je dois avouer avoir peu envie d'en faire preuve, d'indulgence. Au vue des quelques critiques que j'ai pu apercevoir il semblerait que beaucoup ait apprécié ce roman aussi je m'en voudrais de me montrer trop cassante, d'autant plus que l'auteur semble avoir véritablement mis beaucoup d'enthousiasme dans son ouvrage qui se lit très rapidement et sans ennui aucun. Et pourtant, cette lecture aura, en ce qui me concerne, été un peu décevante, d'abord en raison de la grosseur des ficelles scénaristiques utilisées. Certaines scènes paraissent ainsi bien peu plausibles dans le contexte de ce XVIe siècle, à l'image de celle où l'héroïne s'insurge parce que, à seize ans, on arrange son mariage (« Mais on ne peut quant même pas obliger quelqu'un à ce marier ! » s'écriera-t-elle à un moment. Heu, comment te dire...). A cela s'ajoute une succession de scènes qui relèvent davantage du cliché sur la période médiévale et qui touchent pour la plupart à la sexualité : droit de cuissage exercé avec soin par les seigneurs ; nombre incalculable de scènes dans lesquelles les héroïnes se retrouvent sans défense attachée et/ou dévêtue ; prêtres libidineux lutinant leurs paroissiennes dans la sacristie...

Les personnages sont pour leur part plutôt attachants mais le comportement de certains se révèle totalement anachronique, à commencer par celui des deux héroïnes. Dès qu'il est question de mettre en scène une jeune femme au Moyen Age, il est fréquent que celle-ci soit présentée comme très en avance sur son temps et désireuse de vivre une vie libre et indépendante. On retrouve le même schéma ici mais ce qui m'a surtout gêné c'est que les deux héroïnes s'insurgent, comme si elles étaient totalement coupées des réalités de leur époque, dès qu'on fait obstacle à leur désir de liberté ou qu'un acte d'injustice est commis. Elles ne sont toutefois pas les seules, la plupart des personnages entretenant une vision du monde un peu trop candide à mon goût : l'une ne voit par exemple aucun problème à vouloir entreprendre des recherches sur sa parenté dès l'instant où elle apprend qu'elle a été abandonnée à la naissance ; un autre s'attend à tout retrouver à la même place après s'être absenté vingt ans... Autant de raisons pour lesquelles les nombreuses tentatives de l'auteur pour nous émouvoir par des scènes censées témoigner de la cruauté de cette époque tombent trop souvent à plat.

Toujours concernant les personnages, on pourrait enfin regretter qu'ils se montrent aussi caricaturaux : les deux héroïnes sont de sublimes jeunes femmes, farouches, indépendantes et à la plastique irréprochable à laquelle ne résiste aucun homme qui, tous, en tombent amoureux ou ne pensent qu'à les violer. Caricature également en la personne de la soeur de l'héroïne, qui, de façon un peu incompréhensible, va se mettre à se vautrer avec enthousiasme dans la luxure jusqu'à un jour se réveiller et réaliser qu'elle est descendue bien bas. Caricature, enfin, des personnages masculins, soit totalement subjugués par ces deux beautés et prêts à tout pour elles, soit rendus fous de désir et ne pensant qu'au jour où ils pourront les posséder contre leur volonté. le seul personnage vraiment intéressant est pour moi le docteur Faust, pour lequel l'auteur confie d'ailleurs sa fascination, mais qui ne fait finalement qu'une très brève apparition qui nous fait nous interroger sur l'utilité de l'intégrer au récit (même si le passage sur l'épidémie de peste est finalement sans doute le plus intéressant du roman).

Avec « Indulgences » Jean-Pierre Bours signe un roman qui, manifestement, rencontrera un certain succès chez de nombreux lecteurs au nombre desquels je ne me compte malheureusement pas. Je remercie malgré tout Babélio et les éditions HC pour cette découverte dont je suis navrée d'être passée à côté.
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