« Je suis militaire, donc je tue », fait dire J.-P. Sartre à un de ses personnages [4]. Cette évidence saute la rampe et rebondit sur les spectateurs qui s’en étonnent. Car on n’en est plus à entretenir des tueurs professionnels, à les servir obligatoirement, à leur rendre des honneurs : on les a mis au-dessus des citoyens, de sorte qu’enfin ils nous gouvernent. Les pays qui n’ont pas pour chef suprême le chef suprême d’une forte armée, sont, par quelque biais politique, les vassaux d’un général étranger, invité, prié de les occuper. Ceux-ci évaluent les pays en monnaie de tueurs. « Nous pourrions retirer nos troupes jusque dans la presqu’île de Bretagne », disent-ils [5]. Il ne resterait rien de la France, c’est évident, mais de peu d’importance. Cette idée, aujourd’hui même est de peu d’importance pour la majorité des Français, puisque la majorité des Français veut se faire gouverner ainsi.