Encore une jolie claque grâce à
Charlotte Bousquet ! Il faut dire que cette auteure a vraiment une plume maîtrisée, incisive, douce et aussi belle que cruelle. J'admire beaucoup son style. En quelques lignes, j'ai été happée par l'intrigue que l'on pourrait aisément diviser en deux parties. Dans la première, on va découvrir une société souterraine qui rappelle assez la saga "Enclave" d'
Ann Aguirre, mais qui est véritablement effroyable... En effet, les femmes ne sont qu'un ventre servant à porter un enfant. Elles n'ont le droit de rien. D'ailleurs, elles sont jugées comme des êtres corrompus : le sang qu'elles perdent mensuellement en est la preuve, le Mal les ronge peu à peu... Elles sont donc privées de tout et pointées du doigt à la moindre occasion ou signe de faiblesse. Pour ma part, il m'a été difficile de rester de marbre. Plusieurs émotions m'ont envahie : l'écoeurement, le malaise, la colère et la révolte. Bien qu'il s'agisse d'une fiction, nous savons tous et toutes que ce type de société est encore d'actualité dans certains pays... L'auteure dénonce assez bien cette inégalité et fait passer un très beau message sur les conditions de la Femme et de la Liberté.
Le récit bascule totalement à partir du moment où Gia, l'héroïne, va fuir d'Alta avec sa petite soeur. On va quitter cet univers oppressant pour en découvrir un bien plus sombre où la mort est derrière chaque pierre... L'espoir est absent et a laissé place à des monstres sinistres ainsi qu'a des insectes géants qui peuvent vous tuer avec leur dard. D'ailleurs,
Charlotte Bousquet n'épargne pas ses lecteurs ou ses personnages. Ces derniers souffrent, sont violentés, voire pire... J'avais déjà remarqué cela dans "
Là où tombent les anges". Chaque décès laisse une petite plaie dans le coeur du lecteur qui a pris le temps de s'attacher à ces protagonistes qui n'oeuvrent que pour la Liberté et le changement. Personnellement, cela me plaît, car je trouve cela plus réaliste. D'ailleurs, Gia n'est pas comme toutes les héroïnes des dystopies : elle n'a pas un tempérament rebelle ou explosif. Assez douce, attachante, crédible et humaine, elle se pose des questions et a plus tendance à observer plutôt que de foncer. On peut aisément la comprendre ou l'imaginer dans notre monde. Valli est également un personnage qui m'a touchée car, même si on n'assiste pas réellement à son évolution, on ne peut qu'être admiratif de tout le chemin qu'elle a parcouru psychologiquement depuis son enfance...
Malgré le fait que le sujet me plaise beaucoup, il me manque quelque chose, en particulier dans la seconde partie. Bien que l'on se retrouve face à de nombreux rebondissements, j'avais d'autres attentes. Je n'aurais pas dit non à quelques chapitres supplémentaires au sujet des créatures non-humaines qui hantent les bas-fonds. J'ai également trouvé la conclusion hâtive voire trop ouverte malgré le prologue. J'aurais souhaité plus de pages afin de découvrir davantage cet univers ou de voir la société d'Alta se confronter à une révolution. Bref, il me manque quelque chose pour être totalement conquise. Cela dit, je remercie l'auteure de ne pas avoir proposé d'amourette ou de triangle amoureux. Bien que j'apprécie cela d'habitude, je pense que ça aurait été en trop. Or, c'est très rare une dystopie sans romance. Je tenais donc à le souligner. Bref, une lecture poignante qui vous donnera une claque et qui apportera une belle réflexion féministe. À découvrir malgré mes quelques remarques négatives en fin de critique.
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