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EAN : 9782070735891
140 pages
Gallimard (04/11/1993)
4.18/5   14 notes
Résumé :

« Il serait beau qu'un amour léger, changeant, couleur de thé, un amour éphémère et fou comme le tien, fût le dernier éclat de ma vie et j'aimerais reconnaître en lui le voile où se déroberait à mes yeux la face attendue de ma mort. Car tu sais bien qu'on meurt, ma chérie, que de tant d'amour, et de toutes ces larmes, il ne reste rien, pas même un souvenir. J'aspire à cet oubli comme à la plus belle récompense. Dans mon nuage de fumée, abruti comme je le sui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Trouvé par hasard, savouré avec curiosité, ravissement, parfois une pointe d'ennui, mais aussi une pointe d'envie, ce petit recueil regroupe les lettres incandescentes adressées à Fany, de 1927 à 1937 essentiellement, par un écrivain poète que je découvre à travers cette correspondance à sens unique. Les lettres d'un amour total, exigeant, voire excessif, couleur de thé comme le qualifie lui-même Joë Bousquet, écrites sur un ton tour à tour amoureux, badin, léger, érotique, changeant, rageur, frustré, impatient.

Il n'est bien sûr pas question de lire d'une seule traite ce recueil sous peine d'indigestion de "je t'aime" et de "ma chérie" qui le ponctuent tels des mantras de dévotion amoureuse, et ces lettres valent infiniment mieux qu'une vulgaire indigestion.
Elles donnent à voir toute la palette des couleurs de l'amour : ses roses, ses bleus, ses jaunes, mais aussi ses gris, ses noirs, ses demi-teintes ou ses traces indélébiles que sont en définitive ses attentes, ses délices, ses caresses, mais aussi ses affres, ses désillusions, ses déceptions.
Des lettres très personnelles bien sûr, mais où l'on retrouve cependant une vraie valeur universelle et surtout des phrases d'une grande beauté qui m'ont poussée à en savoir plus sur cet écrivain, assez peu connu si je me réfère au nombre de lecteurs Babelio et à ma propre ignorance.

Blessé à Vailly en mai 1918, il commence à vingt et un ans une vie allongée, sa moelle épinière ayant été sectionnée. Il est " un homme rejeté de sa vie " comme il le dit lui-même dans une de ses lettres, et lutte quotidiennement pour dompter la douleur et parvenir à sonder l'étendue et la puissance de sa vie intérieure. Et puis surtout, il clame inlassablement l'amour du fond de son lit autour duquel se rassemble écrivains célèbres, poètes, amis et amies.

" La peur de vivre est cachée dans l'amour. Et, ainsi dissimulée, elle ne s'appelle plus la peur de vivre, mais bien l'amour de vivre. "

Un destin que j'ai envie de rapprocher de celui de Frida Kahlo, transpercée par une barre de métal lors d'un accident de la route à l'âge de dix-huit ans. Et tout comme elle, le surcroît d'énergie qu'exige leur handicap pour simplement survivre et apprivoiser la douleur leur permet d'accoucher d'une force de vie créatrice hors du commun qui s'est magnifiquement matérialisée dans la peinture pour Frida et l'écriture pour Joë.
Nul doute que je vais continuer ma découverte de cet auteur à travers ses romans et son unique recueil de poésie. Et même si la dernière phrase de ce recueil ne m'est pas adressée, à sa question " Reviendrez-vous ? ", je réponds sans hésiter " oui ".
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Très jolie découverte que celle de ce livre ! Composé des lettres adressées par Joë à Fany, la jeune élue de son coeur, cet ouvrage possède une poésie et une beauté hors du commun.

Au travers de la passion née d'une rencontre amoureuse et de l'attachement d'un coeur envers un autre, ce sont tous les charmes et toutes les douleurs de l'amour qui se déclinent en de merveilleuses teintes, changeantes, couleur de thé.

Fougue, retenue, jalousie, impatience, attente, manque, passion, déception, espoir... les émotions se succèdent et s'enchaînent au rythme des lettres, traduisant l'attachement de plus en plus profond de Joë, incapable de se défaire de sa folie amoureuse.

Véritable ôde aux sentiments, cet ensemble de lettres regorge de phrases étincelantes, de déclarations brillantes et brûlantes, d'une grande force et d'une grande beauté littéraires. Et, par dessus tout, c'est le bonheur de s'adresser à l'autre, la joie simple contenue dans l'acte d'écriture, qui rayonne au travers de cette oeuvre immortelle et pleine de lumière.

Un très beau moment.


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Joë Bousquet était un être à la sensibilité explosive, et les lettres qu'il a écrites à Fany en témoignent. Cette correspondance est moins un échange entre deux amoureux, l'une déjà épousée, l'autre cloué au lit suite à une blessure de guerre qui l'a rendu paralytique, qu'un monologue de l'épistolier lui-même. On a peut-être, si ce n'est toute l'âme de Bousquet, au moins une grande partie du for intérieur de ce poète fébrile, obsessionnel, anxieux, délirant dans la fumée des pipes qu'il consomme à l'excès. Par ailleurs, ce recueil ne saurait être lu hâtivement, parce que la prose de Joë Bousquet est sinueuse, elle est une confrontation permanente entre ses pensées qui s'entrechoquent, qui s'entrecroisent ; aussi, et pour retirer du plaisir à lire ces lettres exaltées et profondes, plus beaux discours qu'un homme amoureux pût faire, il est nécessaire de prendre son temps, d'espacer les jours de lecture, afin au surplus que l'avalanche de passion ne nous submerge pas, noyés dans les « ma chérie » compulsifs.
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Bon et doux comme le thé, belle découverte.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je ne peux pas imaginer que cette prochaine entrevue ressemble à la dernière et j'attends, j'attends toujours la charmante journée où tu seras toi-même le jour où, renonçant à te montrer l'ennemie de toi-même tu me mèneras vers toi. Tes yeux ne montreront plus ces lueurs déplacées. Ils répandront cette lumière simple et douce que j'aime et où tant de larmes paraissent survivre à d'anciennes douleurs que ma présence t'a fait oublier...
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Mon grand Amour,

A mesure que le jour de ton retour approche, j'y vois un peu plus clair dans mes sentiments. Ils m'apparaissent réchauffés pour ainsi dire, par nos baisers de demain. Sans doute connais-tu bien ce jeu qi est celui auquel je me livre en ce moment, et qui consiste à méditer par avance toutes les circonstances d'une rencontre dont on attend un grand bonheur. Je ne peux imaginer que cette prochaine entrevue ressemble à la dernière et j'attends, j'attends toujours la charmante journée où tu seras toi-même le jour, où renonçant à te montrer l'ennemie de toi-même tu me mèneras vers toi. Tes yeux ne montreront plus ces lueurs déplacées. Ils répandront cette lumière simple et douce que j'aime et où tant de larmes paraissent survivre à d'anciennes douleurs que ma présence t'a fait oublier...
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Peut-être, ne comprendrez-vous jamais ce que j'éprouve en vous voyant ; mon âme se repose dans votre présence.
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C'est la vie, c'est la vie, et comme j'aime la vie avant tout, j'ai la force ce soir de me demander "Et après ? …" et d'attendre pour voir si toi, ou d'autres êtres, me réservez encore de ces coups terribles, mais qui me livrent au moins dans une belle douleur, toute la profondeur de mon âme et le pouvoir que j'ai de souffrir.
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On m'a si souvent ramené à la raison, on m'a si souvent prévenu contre ma fantaisie que j'ai gardé rancune à la logique.
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Videos de Joë Bousquet (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joë Bousquet
Joe BOUSQUET – Le témoin de la condition poétique (Chaîne Nationale, 1955) Une émission spéciale diffusée, le 28 septembre 1955, en hommage à Joe Bousquet. Produite par Hubert Juin, pour la Chaîne Nationale, elle conviait : Michel Bousquet, Jean Negroni, Albert Béguin, Jean Cassou, Alain Robbe-Grillet, Roger Blin et Martine Sarcey.
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