Il détestait le velours, et toutes les couleurs qui avaient un nom de fruit.
Et ils en avaient treize de souriceaux. Madame de l'Ecurie devait vite repartir mais elle énuméra à Elvis les noms de ses enfants : les filles Winnipeg, Wanda, Walburge, Winnie, Walkyrie et Whatelse, et les garçons William, Wilfried, Wagner, Wolfgang, Walter, Wilbur et Whynot.
Pour les reconnaître ? Facile, aucun n'avait la même taille.
Emma était une magnifique belette, qui enroula soigneusement sa queue rousse contre son ventre blanc comme neige. Sa voix était grave et suave, comme sortie du fond d’une cave (c’est Elvis qui avait trouvé cette formule, qu’il aimait beaucoup parce que cela rimait. Elvis aurait aimé être poète, mais cela n’aurait jamais occupé les petites souris qui faisaient du bruit sous ses poutres. Peut-être qu’il était aussi trop parfait pour être poétique).
La petite voix de Winnipeg contrastait avec le gros juron qu’Elvis laissa échapper.
- Wrgtwhwhgufggligule ! (C’est un juron très prisé des hiboux, heureusement imprononçable par un humain car il aurait été vraiment embêtant de devoir apprendre un juron à un enfant aussi bien élevé que toi.)
Pardon, monsieur, mais à l'école des sorciers, par exemple, on apprend à voler.
Elvis avait une certaine fascination pour ce que faisaient les humains, sans que personne ne se l’explique vraiment. D’autant que la plupart des habitants du grenier s’en tenaient le plus loin possible. Quant aux animaux de la forêt, ils ne voyaient des humains que le dimanche. Des humains qui s’asseyaient n’importe où, qui laissaient des tas de cochonneries derrière eux, et qui ramassaient des glands qu’ils ne mangeaient même pas.
Devenir directeur d'une école pour souriceaux qui n'avaient jamais mis les pieds à l'école n'était peut-être pas la meilleure chose à faire pour quelqu'un qui aimait que les choses soient parfaites, mais Elvis avait beau être savant, il ne savait pas tout.