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Critique de ODP31


Mon pensionnat littéraire réunit pleins d'orphelins : Oliver Twist, Tom Sawyer, Quasimodo…
Par contre, inutile d'insister, je n'adopterai pas les Orphelines de Franck Bouysse. Autant j'avais adoré « Né d'aucune femme » (il est probable que son prochain titre sera certainement « de père inconnu » ou « Sans famille »), autant ce polar n'encombrera pas longtemps ma mémoire. Vide grenier express avec ce billet.
Sur le principe, je n'ai rien contre les duos de flics qui poursuivent un tueur en série sadique à l'enfance douloureuse qui joue à la poupée avec ses victimes. Pour preuve, il m'arrive de suivre sans déplaisir la série des Meurtres à Pétaouchnok, ces téléfilms policiers financés par les offices du Tourisme de toutes les villes de province, pour voyager à peu de frais avec de jolis plans aériens de monuments et de routes bucoliques, autour de crimes ritualisés qui permettent à deux policiers aux sexes et aux caractères opposés de rentrer au bercail et de s'encanailler.
Mais j'attendais plus de la part de l'auteur. On dirait une oeuvre de commande. Certes, j'ai retrouvé le style âpre et ciselé de Frank Bouysse ainsi que ses thèmes de prédilections autour de la filiation, du destin et de la transmission mais dans cet opus, il déambule dans les lieux communs du polar.
Le récit se passe cette fois dans une ville sans nom mais l'auteur délocalise plusieurs fois l'intrigue dans la campagne avoisinante pour retrouver la glaise, les forêts et l'herbe mouillée. Surement un besoin de s'aérer. Frank Bouysse n'est pas un écrivain des villes mais un écrivain des champs.
Comme toujours, la vie ne gâte pas ses personnages. A lui seul, Dalençon a perdu son enfant et son épouse après plusieurs années de coma. Quant à sa partenaire, Bélony, elle ne respire pas non plus la joie de vivre avec des parents en pleine crise existentielle et une vie sentimentale à la Robinson Crusoé, mis à part quelques fugaces vendredis. Heureux gagnants du loto, désolé, pas de bol, vous ne figurerez jamais dans un roman de Frank Bouysse. Sauf, bien sûr, si vous vous faites renverser par une voiture en allant encaisser votre pactole et que dans la chute, le ticket gagnant tombe dans un tout-à-l'égout.
Au crédit de ce téléfilm… pardon, roman, j'ai trouvé l'intrigue bien construite et le dénouement, certes classique, n'est pas trop prévisible. le lien pudique et attentionné qui unit les deux policiers est joliment décrit. Une amitié de bureau. Quelques personnages secondaires attisent aussi la curiosité et l'intérêt comme l'ancien coéquipier de Dalençon qui aurait mérité une plus grande présence dans le récit.
Hélas, certains clichés sont aussi de sortie, avec ce tueur en série… TV, ses tocs de psychopathes, ses louables attentions à destination des enquêteurs (et des lecteurs) en laissant derrière lui des messages mystérieux pour aiguiller l'enquête et éviter ainsi de dépasser les 300 pages dans une police pour déficients visuels. Et bien entendu, nous avons aussi droit à des passages du journal du tueur, forcément écrits en italique, intermèdes poétiques de mirliton pour dépeindre l'araignée qui agite son plafond.
Une petite randonnée trop balisée et trop sage à mon goût sur les sentiers de la folie.
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