Gerimont

Il fait bon vivre à Gérimont.
Chacun y a sa place, son rôle, sa vie.
Les questions existentielles n'existent pas tant les règles sont claires, les rôles définis, l'organisation planifiée.
De l'extérieur, tout semble si paisible, si tranquille en comparaison avec la région alentour qui fait face à des drames et des violences difficiles à endiguer.
Je peux tout à fait situer Gérimont en Suisse romande, entre Lac Léman et Dents du Midi, entre Vaud et Valais. C'est mon coin de pays généralement paisible et doux.
Les descriptions sont représentatives de cette Suisse calme, rangée où le peuple avance vers l'avenir avec une certaine confiance, sans trop de rébellion. Tout est beau. Tout est propre.
Une jolie utopie qui cache bien ses défauts.

Et puis, voilà... Un drame survient. Un meurtre.
Pourtant on ne tue pas à Gérimont.
Et là, tout part en couille comme on dit.
Les hommes s'épient. Les femmes se méfient.
On découvre des messes basses et des rites inquiétants, des mensonges et des mauvais coups.
Et tout à coup, Gérimont devient intéressante.
Et la Suisse Romande aussi.

J'aime découvrir les auteurs suisses romands.
Cette lecture est ma première rencontre avec Stéphane Bovon, artiste multi-tâches à l'imagination grouillante et foisonnante.
Le livre est beau.
Les illustrations servent l'histoire et impriment un rythme.
On navigue entre imagination et réalité pour finalement s'abandonner à l'histoire.
Ce livre m'a plu.

P.S. Chose étonnante qui m'arrive pour la première fois : certaines pages ont été inversées au moment de l'impression et de la reliure. La page 81 devrait être la 86... Une petite erreur qui m'a coupée dans mon élan et m'a pris un bon moment pour comprendre ce qui se passait. Rien de très grave comparé au meurtre de Gérimont mais cela arrive tellement rarement qu'il valait la peine de le souligner.

Voici un livre qui s'inscrit dans un projet littéraire assez fou : produire une série de dix, voire quinze bouquins. de quoi occuper une bonne partie de la carrière d'un écrivain ! Ceci étant, ce premier volume se suffit à lui-même.
J'aime beaucoup cette idée de la montée des eaux qui ne laisse que les sommets subsister en Suisse, j'aime beaucoup cette idée de brassage des populations, je suis très impressionné par l'élaboration de cette utopie (qui n'en est pas une), il y a aussi la langue, il y a aussi l'humour.
Bref, bien des choses dans ce livre. Cet auteur suisse est à découvrir, il pense un vrai projet, il pense la littérature, il pense la société et ses devenir possibles !