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Anne Rabinovitch (Traducteur)
EAN : 9782743609450
263 pages
Payot et Rivages (31/05/2002)
2.81/5   8 notes
Résumé :
Rodney était blond, mince mais solide; sa nature paisible semblait troublée par l'excitation du moment. On l'aimait beaucoup, et le colonel et son épouse, Mme Studdart, comprirent immédiatement pourquoi. Ils étaient naturellement enchantés par le fiancé de leur fille. Le visage de cette dernière, Janet, qui avait le teint pâle et velouté, exprimait la sérénité; quand elle souriait, ses joues s'arrondissaient joliment sous ses paupières baissées; son regard sombre, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans le registre des écrivaines anglo-saxonnes oubliées, j'ai exhumé L'adultère d'Elisabeth Bowen dans une braderie de médiathèque.
Je crois avoir aimé ce livre mais je n'en suis pas sûre car sa traduction, trop littérale, m'a posé un problème tout au long de sa lecture. Je n'ai pas su distinguer ce qui relève du style de l'autrice, éminemment élliptique, tout en clairs-obscurs, non-dits et sous-entendus, et ce qui a trait aux difficultés que la traductrice a rencontrées, en matière de vocabulaire notamment.
Le problème se pose dès le titre, "Friends et relations" en anglais, devenu L'adultère en français. le titre anglais parait beaucoup mieux reflèter l'esprit et les ambiguités du roman, dont la composition est tout à fait remarquable.
Quelques personnages gravitent dans ce roman : deux soeurs assez différentes qui se marient, leurs époux et parents, un grand oncle, leurs enfants plus tard, et quelques personnages secondaires qui peuvent être amenés à jouer un rôle clé.
Elisabeth Bowen nous offre une gamme de variations autour de ces quelques acteurs qui s'observent, se cherchent, se désirent, dans un climat lourd, marqué par une faute commise dans le passé.
Nous sommes confrontés à un adultère, au centre de cette histoire, qui peut en cacher un autre, dans un monde de faux-semblants, corseté, où les conventions sociales pèsent sur les relations amicales et amoureuses.
Je ne sais pas si je recommande cette lecture mais je lirai d'autres livres d'Elisabeth Bowen pour me faire une idée plus précise de son écriture.

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L'adultère, Friends and relations dans la version originale parue en 1931, a été publié par les éditions Joëlle Losfeld en avril 1994, dans la collection Littérature étrangère. le style un peu guindé, alourdi par la dominance du style indirect, bien dans la manière de l'époque, peut dérouter certains lecteurs habitués à une écriture plus fluide; mais il serait dommage de se laisser intimider. L'écriture d'Elizabeth Bowen, romancière féconde et originale, recèle de véritables trésors: "Il serait bon que Janet voie des modèles et prenne des échantillons. La jeune fille était d'accord. Elle avait cependant jeté en secret son dévolu sur une robe de mariée dorée, dont elle parlerait pour la première fois à lady Elfrida. Elle serait une mariée d'octobre: on pouvait prévoir des chrysanthèmes, une certaine qualité de soleil. Janet (sans clairement formuler cette idée pourtant, ni aucune autre d'ailleurs) se représentait le Temps comme un personnage féminin, docile mais pervers, agréablement soumis à la dominance de certaines volontés, sur lequel Rodney ne manquerait pas d'exercer une contrainte." (Page 24).
Construction: l'organisation décousue des chapitres, distillant les repères chronologiques au compte-gouttes, est parfois déroutante. Les actions et les scènes exemptes de détails s'enchaînent les unes après les autres, dans une suite dont on peine parfois à relier les morceaux entre eux. Toute l'histoire est construite autour des pensées, des ressentis, des interactions entre les différents personnages. Chaque chapitre donne le point de vue de l'un des personnages, faisant ainsi évoluer l'intrigue dans diverses directions, donnant au lecteur le sentiment de n'être qu'un pion dont l'auteur use à loisir.
Dans le contexte d'indécision de l'après-guerre, celle de 14-18, Laurel épouse Edward. Quant à Janet, sa jeune soeur, elle souhaite épouser Rodney Meggatt. Les Studdart ne sont-ils pas au courant que lady Elfrida, mère d'Edward, a eu jadis une liaison scandaleuse avec l'oncle de Rodney? Mais pourquoi les conventions sociales devraient-elles se mettre en travers du bonheur de Janet: "Lady Elfrida écrivit aussitôt à Cheltenham. Elle ne trouvait pas du tout la situation embarrassante. Pas aujourd'hui, car chacun avait changé, et tous les autres étaient morts. Elle remerciait les Studdart mais était incapable de les comprendre. Pourquoi sacrifier Janet?" (Page 21).
L'adultère de lady Elfrida jetterait-il des ombres sur le mariage des deux couples? Quelle sera l'attitude d'Edward à l'égard de Rodney? Allait-il rendre les choses difficiles parce que ce dernier n'avait pas répudié son oncle?
10 ans plus tard. Tandis que plane sur les deux familles  l'ombre d'un autre adultère resté en suspens, le fait qu'Edward ait hésité entre les deux soeurs avant d'épouser Laurel revient comme un boomerang: "Plus avant, elle considéra l'ancien péché qui étendait ses ramifications, encadré de part et d'autre, comme le pommier fatal d'un vitrail de fenêtre, par l'homme et la femme, Considine et Elfrida, liés uniquement par la symétrie du motif dans l'ombre." (Pages 139-140).

L'Adultère, initialement publié en 1931, se situe à la croisée de deux mondes, proposant deux visions différentes de la société anglaise: l'ancienne génération, celle des parents, encore attachée aux traditions et convenances avec lesquelles eux et leurs parents ont tissé la trame de leur vie; la nouvelle génération, celle issue du chaos de la première guerre mondiale, voit le monde d'un regard neuf et désire s'extirper des vieux préceptes étouffants et poussiéreux, ne plus vivre engoncés dans une société figée, nostalgique de la période victorienne.
Malgré un style alourdi (peu de dialogues et beaucoup de style indirect), Elizabeth Bowen analyse avec  perspicacité les relations que chaque protagoniste entretient avec les autres: ceux qui sont désireux d'oublier ce terrible adultère pour aller de l'avant, estimant que les convenances sociales devraient passer après le bonheur de Janet et Rodney. Ceux, pas forcément les plus âgés, qui se raccrochent de toutes leurs forces aux fondements moraux de la bonne société, interdisant de faire passer son propre plaisir avant la bienséance. Savoir bien se comporter en toutes circonstances, sans se préoccuper de ce que l'on veut ou veut pas. Avec pour résultat des personnages à la psychologie soignée, chacun se trouvant confronté à un terrible dilemme: doit-on faire comme si l'adultère de lady Elfrida n'avait pas existé et continuer sa propre route vers le bonheur, conjugal s'entend? Si l'on agit de la sorte, quel regard la société posera-t-elle sur la famille? Elizabeth Bowen, une romancière à (re)découvrir...
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