A peine dévoré les tomes 3 et 4 parus simultanément il y a quelques mois qu'on se languissait déjà de Lady Gorgiana! La sortie de "Son espionne royale et le collier de la reine" tombe à pic en ces temps printanniers avec cette intrigue qui délocalise notre jeune héroïne anglaise sous le soleil de la Côte d'Azur, le temps d'une enquête. L'atmosphère solaire et luxueuse ainsi que l'ambiance de fête du Nice de la jeunesse dorée d'autrefois sont merveilleusement bien restituées sous la plume de
Rhys Bowen.
Contexte oblige, on n'échappe pas à quelques petits clichés sur la France, laquelle prend parfois des allures de carte postale à travers les yeux de la romancière anglaise. Cela reste cependant très anecdotique (tous les Français croisés s'appellent Antoine,
Jean-Paul ou Charles - ce qui, pour les années 30, reste somme toute peut-être plus ordinaire que stéréotypé - et on mange des croissants toutes les trois lignes), d'autant que
Rhys Bowen n'épargnait pas non plus les Anglais dans les tomes précédents (notamment dans sa façon d'aborder avec humour les coutumes désuètes de la royauté).
Ce qui est plaisant dans ce cinquième opus, c'est le petit goût familier qu'il suscite chez le lecteur féru de polars vintage. Cette Côte d'Azur et cette histoire de collier subtilisé, ces soirées mondaines et ces diamants étincelants, tout cela n'est pas sans rappeler à nos mémoires quelques bons vieux classiques. On pense ainsi au roman "
Le Train Bleu" d'
Agatha Christie (Georgie emprunte d'ailleurs le célèbre express pour descendre à Nice), mais surtout au film "
La main au collet" , d'
Alfred Hitchcock (d'après le roman éponyme de
David Dodge). L'intrigue de
Rhys Bowen trouve d'ailleurs sa conclusion dans une course-poursuite automobile évocatrice sur les côtes rocheuses dominant la ville...
Comme à son habitude,
Rhys Bowen utilise à profit des éléments historiques (lesquels sont parfois plus incroyables encore que la fiction) : ainsi qu'elle l'explique en postface, c'est en se basant sur des faits réels qu'elle utilise ici le personnage de Coco Chanel. La célèbre styliste logeait effectivement à Nice dans les années 30 ; elle fréquentait à l'époque le second duc de Westminster, qui lui avait inspiré une collection mêlant le masculin, le féminin, et les tissus anglais. le défilé bénéficia également du prêt de plusieurs bijoux appartenant à la reine d'Angleterre, aussi surprenant que cela puisse paraître. le choix de Nice comme cadre de l'action n'est pas non plus un hasard : la ville accueillait bel et bien la jeune aristocratie anglaise qui venait s'y réfugier chaque hiver pour fuir le mauvais temps britannique.
Malgré tous ces éléments et le plaisir de la lecture, l'intrigue présente de trop nombreux tiroirs qui la rendent malheureusement un peu trop bancale.
Rhys Bowen semble chercher à complexifier son scénario à l'excès afin de mieux brouiller les pistes, la solution finale ne s'avérant dès lors pas du tout à la hauteur de l'enquête (Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire?). de plus, l'auteure invente dans cet opus un sosie de lady Georgie dont les origines et le secret, révélés en fin d'ouvrage comme soudainement sortis du chapeau, laissent l'impression d'une surenchère inutile. L'ensemble, même s'il se tient à peu près et se lit sans déplaisir aucun, est quelque peu chaotique dans sa construction et dans les ficelles, souvent trop grosses.
En bref : Un contexte idyllique et une histoire qui n'est pas sans évoquer "
Le Train Bleu" d'A.Christie ou "
La main au collet" d'
Hitchcock. L'auteure utilise à bon compte des éléments historiques qui ajoutent au romanesque de son intrigue mais elle se perd quant à elle dans ses propres éléments de fiction, pêchant par excès. Quoi que très agréable à lire sur une plage, ce cinquième tome souffre de surenchère et de la complexité exagérée de son histoire.
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