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Juliane Nivelt (Traducteur)
EAN : 9782351783047
336 pages
Gallmeister (05/01/2023)
3.91/5   101 notes
Résumé :
Son père ne veut pas d’elle, sa mère meurt en couches. Astra grandit sans restriction dans une ferme isolée de l’ouest du Canada. De cette enfance sauvage et libre, elle gardera des cicatrices physiques et mentales ainsi qu’une incroyable résilience. Qui est Astra ? Petite fille intrépide pour Kimmy, adolescente fugueuse pour Brendon, femme séductrice pour Lauren, mère adorée pour Hugo… Au fil des ans, sa vulnérabilité et son magnétisme naturel attirent ceux qui tou... >Voir plus
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Je sors d'Une vie de Guy de Maupassant pour tomber sur une autre vie, fort différente.

Je quitte le Château des Peupliers, en Normandie, pour assister à la naissance d'Astra dans une cabane (au Canada) en bois, en plein hiver, dans une ferme utopique, loin de la civilisation.

Le point de vue est Raymond, le père, qui ne veut pas entendre parler du bébé.

« Raymond veut travailler. Travailler dur à Celestial Farm avec ses camarades sous la vaste étendue du ciel. Se concentrer sur la terre, l'irrigation, le rendement agricole, la construction de nouveaux logements pour la communauté. Mais le bébé fonce droit sur eux, aussi rapide qu'une comète, et déjà il sème le chaos ».

Au chapitre suivant, pendant le « Temps Calme », Astra presse son visage contre la fenêtre de Kimmy, fillette de bonne famille, qui la fait entrer.

« La fille sourit, enjambe le rebord de la fenêtre et atterrit sur la moquette. Elle porte la même robe de velours marron qu'hier. Ses jambes sont couvertes de bleus et de piqûres d'insectes. Ses cheveux hirsutes semblent avoir été coupés dans un couteau à pain. Lorsqu'elle coince une mèche de son carré presque noir derrière son oreille, ses cicatrices apparaissent plus nettement, luisantes et boursouflées. La fille ressemble à un personnage dans un conte. Gretel, la Fée Clochette, le Petit Chaperon rouge. Intrépide. Courageuse. le genre de fille qui ne sourcille pas si elle tombe sur un animal sauvage, une sorcière, ou pire encore. le genre de fille qui ne craint pas les inconnus. Kimmy ne peut s'en empêcher : elle est déjà pétrie d'admiration ».

Nous allons suivre Astra jusqu'à ses soixante ans, à travers différents points de vue : ses employeurs à Calgary, ses proches, son fils, les hommes ou les femmes qu'elle a fasciné.

Elle est aussi mystérieuse et charismatique que secrète. Elle se métamorphose de sauvageonne clocharde, en femme fatale, en dame distinguée... Elle séduit, crée des attentes mais ne lâche rien. Elle devient mère possessive…

Chaque intervenant compose sa version tronquée et subjective.

« Il aimerait l'appréhender comme un tout au lieu d'un assortiment de fragments disparates. Penser à Astra, c'est un peu comme regarder à travers un kaléidoscope ». (p.290)

Un dé qui me fait penser au « coup de dés » de Mallarmé a un rôle clé.

Les pièces de puzzle vont s'emboiter au fil des pages, et dans l'épilogue, Astra va prendre la parole.

Ce bouquin m'a été offert, il y a un an environ, par une médiathèque. Il trainait dans un coin et ne me disait rien qui vaille. Je venais de quitter la plume élégante de Guy de Maupassant quand je me suis décidée à l'ouvrir. le début a été laborieux. Par comparaison, le style m'a paru plat et sans saveur.

Mais, très vite, j'ai été happée par ce thriller à la recherche d'Astra, on ne s'égare pas dans une nébuleuse thématique multiforme. Je suis admirative de la force narrative de Cedar Bowers. Comme quoi il ne faut pas se fier aux sirènes médiatiques !

Elle est canadienne, mariée à Michael Christie, « le dernier arbre ». le couple vit avec ses enfants, en alternance, à l'Ile de Galiano, dans une maison en bois que, lui, a construit, et dans la ville de Victoria.

Astra est son premier roman. Elle dit avoir mis huit ans à l'écrire. J'attends avec impatience le deuxième.
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Ce roman surprend par sa structure étoilée, portrait en creux d'Astra. Si cette construction peut frustrer puisque cette héroïne- soleil éclipse les narrateurs qui la racontent, elle confère au livre tout son charme, toute sa profondeur confondante. Sous ces multiples voix émergent aussi des réflexions sur la maternité et la filiation, contribuant à la complexité du caractère d'Astra qui se dessine et se redessine à chaque page (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/01/17/astra-cedar-bowers/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Alors que les premières lumières du matin se fraient un chemin dans la nuit, Astra ouvre les yeux sur ce monde. Au coeur d'une simple petite cabane en bois, elle va quitter la chaleur de sa mère et ne comblera jamais vraiment le vide que son absence va laisser. A Celestial, Cagliari ou Vancouver, Astra va subjuguer, irriter, désespérer ou blesser ceux qui vont croiser son chemin… Mais c'est une âme libre, qui voyage, désarme et fait vibrer tous ceux qu'elle rencontre…

Astra est le premier roman de Cedar Bowers et c'est une petite pépite. Histoire bouleversante d'une jeune fille meurtrie, Astra est un roman qui touche, qui questionne et qui marque.

La construction du roman est particulièrement réussie. Chaque chapitre est centré sur un proche d'Astra : famille, amis, collègue, chacun apporte sa lumière et sa compréhension de l'âme complexe de la jeune femme.
Elle n'est pas linéaire, il peut parfois se passer plusieurs années sans qu'on sache vraiment ce qui est arrivé à Astra. C'est un dynamique qu'on apprend à accepter, un rythme tanguant qu'on se plait à apprécier.

De sa jeunesse à Celestial, cette ferme isolée et désolée, Astra va apprendre la débrouillardise et l'autonomie. Raymond, son père, va la laisser pousser, telle une herbe sauvage. Elle mettra du temps à s'adapter au monde, à ses contraintes et ses dangers.

Astra est un électron libre, qui grandit sans vouloir s'inquiéter pour ne pas perdre son énergie. Elle cherche à vivre intensément, tout étant une expérience à prendre. Elle accepte le bon comme le mauvais, pensant que l'un ne va jamais sans l'autre.
Tout le monde est subjugué par cette femme forte, courageuse, mais elle blesse souvent par son côté sombre. Celui qu'elle porte en elle, ce vide qui grandit et qu'elle n'arrive pas à combler.

Astra est un personnage que vous n'oublierez pas. Femme à multiples visages, elle est le coeur d'un monde à la fois pétillant et brumeux, où chacun cherche une place et un rôle à tenir, dans la douleur comme dans la joie, vivant les changements avec un équilibre précaire. Astra n'est pas constituée de poussière d'étoiles, elle en est l'éclat…
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« Penser à Astra, c'est un peu comme regarder à travers un kaléidoscope » p. 290

Voici un parfait résumé d'Astra !

Astra, fille libre et fougueuse, a grandi sans entrave dans une communauté au Canada. Dès petite, elle se débrouille seule parmi les adultes à la ferme Celestial, sorte d'idéal libertaire imaginé par Raymond, son père, et sa meilleure amie, Doris.

Pas d'écran, pas de télévision, pas d'électricité, pas d'école… Astra est élevée en marge de la société par des adultes atypiques peu présents et sans vraiment d'affection. Très vite, des hommes mal attentionnés lui tournent autour et son charmés par son côté "sauvage" et son mystère.

On suit Astra de sa jeunesse à sa vieillesse, à travers le regard de personnes qui ont vécu avec elle ou qui ont croisé son chemin. Tous ont été fasciné.es, entre bienveillance, désir et jalousie.

Comment grandir dans ce contexte ? Quel adulte devenir ensuite ? Quelles failles se cachent en Astra ? Et pourquoi ces cicatrices sur son visage qui la rendent si singulière ?

J'ai beaucoup aimé ce texte, très original sur la forme. Les éditions Gallmeister, encore une fois, nous dégotent une héroïne puissante, de celles que l'on n'oublie pas, comme Betty, Turtle ou Tracy avant elle.

Une femme forte et indépendante, un premier roman prometteur. Je dis oui !
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Astra vient au monde à Celestial Farm dans l'Ouest du Canada, sans avoir été désirée, surtout par son père, Raymond, cofondateur avec son amie Doris de cette ferme coupée du monde, un peu hippie. Hélas, Gloria, la mère d'Astra, meurt en couche et c'est donc Raymond qui va tant bien que mal devoir s'occuper de sa fille.

A travers Kimmy, Clodagh, Sativa et Freedom les enfants de Clodagh, Doris, Hugo le fils d'Astra, et quelques autres qui croiseront son chemin, l'autrice déroule la vie de cette héroïne atypique dont le début avec une enfance sans règle, sans repère, sans réelle éducation, pour l'essentiel livrée à elle même, n'était pas propice à faciliter son parcours.

On apprend à connaître Astra à travers ces différents personnages qui occupent chacun un chapitre. On la voit grandir, évoluer, devenir mère puis grand-mère. On l'observe, on la scrute, mais elle reste un personnage complexe, insaisissable, qui nous file entre les doigts.

Ce roman brosse le portrait d'une femme aux multiples facettes, une femme forte et fragile, pleine de failles et de ressources.

La construction est intéressante, originale, mais elle n'aide pas à s'attacher aux personnages. Elle tient le lecteur à distance, un peu comme son héroïne d'ailleurs. L'écriture est fluide, agréable, l'histoire est plaisante et se lit sans aucune difficulté. Un premier roman prometteur.

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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Raymond Brine ne veut pas penser au bébé à venir. Il ne veut pas y penser, ni à Gloria ni à son rôle dans tout cela. Il ne veut pas penser à une créature si faible et geignarde. Ni à son cordon ombilical, ni à son premier cri, ni à sa peau délicate de nouveau-né. Il ne veut pas penser aux liens de sang, ni à la filiation, ni à la tendance irrépressible de l’humanité à surpeupler cette planète exsangue.

(Incipit)
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Nous ne sommes pas des grains de poussière. Nous ne sommes pas des putains d’astres dans le putain de cosmos. Nous sommes des vies humaines empilées sur les traumatismes et les tragédies d’autres vies humaines. (p.321)
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Nick serre les dents. S’ils étaient seuls, voilà ce qu’il répondrait : « On ne peut pas sentir quelqu’un penser à soi ». Il se rappelle alors la superstition selon laquelle une personne pense à vous lorsque vos oreilles sifflent. Exactement le genre de bêtises auxquelles adhère Astra. (p.230)
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Il ne retournera pas au pick-up tant qu’il n’aura pas pris une décision. Le jour où elle lui a annoncé sa grossesse, Gloria a demandé s’il accepterait de la suivre à Vancouver pour fonder une famille – une proposition qu’il a refusée tout net. L’idée de redevenir un citoyen lambda le terrifie. La ferme est son sanctuaire, sa destinée. Cependant, il ne tient pas non plus à cohabiter avec Gloria et le bébé ici. Tous les trois, serrés dans sa cabane en hiver, à feindre d’être ce qu’ils ne sont pas ? Les compromis, les conventions : la voie choisie par ses parents, pour finir déprimées, le coeur brisé. Non. Il ne veut pas de cette vie-là.
Une autre option consisterait à fuir. Filer avant que le bébé prenne sa première respiration. Ne jamais poser les yeux sur lui. Ne jamais le tenir. Ne jamais connaître son nom. Disparaître, tout simplement. Il suffirait de laisser Wesley à la ferme et de s’engager sur l’autoroute, seul. Constituer une nouvelle équipe d’électrons libres, dans une autre petite ville triste, et tout recommencer à zéro.
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Dans chaque maison, chaque communauté, chaque endroit à la con où elle a vécu, elle a croisé des filles exactement comme Astra, des femmes exactement comme elle-même. Le plus souvent sans argent ni foyer. Invisibles et préposées aux tâches les plus ingrates : la cuisine, le ménage, les enfants. Pendant ce temps, les hommes péroraient sur l’indépendance, l’amour sans contraintes, le nouveau monde merveilleux qu’ils étaient en train de bâtir, persuadés qu’on pouvait être “libre” – à condition d’en avoir les couilles, bien sûr. Quel ramassis de conneries.
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