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Un livre qui remet en cause nos lectures traditionnelles de ces deux religions, et qui généralement est résumée à voir le judaïsme comme la mère déjà ancienne d'un christianisme contestataire, pour ne pas dire hérétique. En réalité, ce qu'on appelle le judaïsme est en réalité le judaïsme rabbinique élaboré par les pharisiens, le christianisme étant le travail des Pères ; et les deux "productions", dans le contexte du judaïsme du Second Temple, sont non seulement parallèles, mais le christianisme serait peut-être même le frère relativement aîné... en tout cas, tous deux sont postérieurs à un certain personnage qu'on nomme Jésus. Le christianisme a inauguré l'idée de "orthodoxie", et donc de religion, de par les controverses de légitimation dans la littérature patristique (St Justin, St Irénée, Eusèbe de Césarée, ...), qui ont dépassé le cadre "tribal" du primo-christianisme (et judaïsme du Second Temple) par leur discours contre "les autres" (juifs et païens). C'est cette mutation du christianisme en orthodoxie-religion, son adoption au niveau étatique par Constantin et sa promotion par Théodose Ier plus tard. Dans ce contexte s'élabore alors le judaïsme héritier du pharisaïsme, dit rabbinique (la Mishna d'abord, et le Talmud ensuite - respectivement aux alentours du deuxième et du cinquième et sixième siècles -, avec toute leur para-littérature). On apprend aussi que l'idée du Logos n'est pas johannique, mais juive : c'est tout le discours autour du Memra (Verbe), Logos-Sophia de Philon d'Alexandrie, ... autant d'interprétations dans le judaïsme du Second Temple, où la liberté d'interpréter n'était justement pas réprimée par une "orthodoxie". Dans ce contexte, il faut souligner l'idée des "deux puissances dans le ciel", qui supposait qu'à côté du Dieu "infini", il existait une seconde entité "divine", qu'elle soit la Sophia, un ange (le Metatron), ou un homme ("le fils de l'homme" du livre de Daniel) ; le célèbre tanna (rabbin dans l'élaboration du Mishna) du début du second siècle, Rabbi Akiva, en se basant sur ce passage, aurait de fait "divinisé" le roi David, avant de se défaire de pareille idée, jugée alors "hétérodoxe"... car on (et surtout les amoraïm, docteurs du Talmud !) comprend comment on pourrait de fait l'appliquer à Jésus (à noter que, selon l'auteur, cette "bi-déité" a imprégné quelques cercles juifs bien des siècles plus tard). Une approche novatrice, ne serait-ce que par le basculement dramatique de la temporalité (du premier siècle après J-C comme admis, nous passons plutôt du troisième au cinquième !), donc, et une thèse fondamentale qui devrait avoir un destin assuré et suscité de grandes discussions dans les années qui viennent. + Lire la suite |