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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Ami lecteur, permets-moi de commencer cette chronique par un coup de gueule : la 4ème de couverture de l'édition de poche (Points 1998) de ce roman, c'est du n'importe quoi. Nous dire que le héros découvre, un beau matin d'hiver, l'homme avec qui il a rendez-vous pendu dans les ruines de son entreprise, rien à redire. Mais ajouter ensuite que c'est à ce moment-là que « tout va changer dans la vie de Lorimer » puisqu'il perd tout, boulot, argent, amis, sommeil, alors là, non non et re-non, ça ne va pas du tout. Le sommeil, Lorimer l'a perdu depuis belle lurette, les amis, il n'en avait pas vraiment, et je n'ai vu personne de son entourage se détourner de lui. Quant au boulot, source de ses revenus, il ne le perd qu'à la page 322 (sur 367!), alors que le pendu est intervenu (si on peut dire) à la 6ème ligne de la première page, et que quelques semaines passeront entre-temps. Bref, après ce résumé « approximatif » de l'éditeur, on s'attend à lire l'histoire d'un type tombé en disgrâce au premier chapitre, et la façon dont il remonte (ou pas) la pente. Mais en fait, non, on assiste à une lente descente aux enfers (enfin, tout est relatif) de ce héros malgré lui qu'est Lorimer Black et on essaie de repérer les indices annonciateurs du licenciement, évoqué dès la 4ème de couverture. Avouez que ça change un peu la perspective et que ça casse l'effet de surprise. Mais je m'emporte.
« Et l'histoire, dans tout ça ? », me direz-vous. Ah oui, j'oubliais.
Nous avons donc Lorimer Black, golden boy d'une compagnie d'assurances londonienne, expert en règlements de sinistres. Sa fonction consiste à revoir à la baisse les demandes d'indemnisations des assurés sinistrés. Il ne s'encombre guère de morale et d'éthique, et garnit tranquillement son compte en banque grâce aux bonus qu'il empoche à chaque règlement. Jusqu'à la grosse affaire de trop, dans laquelle il flaire l'arnaque d'envergure et se mêle de ce qui ne le regarde pas, risquant ainsi de mettre au jour des malversations qui le dépassent. Intimidations, menaces, agression, voilà notre petit soldat (armadillo = petit homme armé) bien démuni face au cynisme de sa profession. Une faille de plus dans sa propre confiance, dans son armure en carton doré qui, de loin, peut faire illusion, mais qui prend l'eau au moindre nuage noir à l'horizon. Troubles du sommeil, racines familiales embarrassantes, sentiment permanent d'insécurité matérielle et amoureuse sont les autres boulets que traîne Lorimer dans cet hiver londonien gris et glacial.
Avec bienveillance et une certaine tendresse, et surtout un humour au flegme si britannique, William Boyd tire le portrait de ce héros déboussolé en même temps que celui d'une ville en mutation immobilière et d'une époque en mal de repères, soumise à la tyrannie de l'apparence. Ecrit il y a presque 20 ans, ce roman n'a pas pris une ride.
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