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EAN : 9782226256157
500 pages
Albin Michel (26/03/2014)
4.24/5   596 notes
Résumé :
Traduction : Michel Lederer
Au XVIIe siècle, dans les espaces sauvages du Canada, les voix d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron et d’une captive iroquoise tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures. Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour chasser ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (126) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 596 notes
C'est une oeuvre remarquable que Dans le grand cercle du monde. J'ai acheté ce livre sans en connaître l'histoire, à cause de tous les commentaires élogieux que j'en ai entendus. Joseph Boyden nous propose une visite dans le passé, au XVIIe siècle pour être exact. À cette époque, les Français commençaient à s'installer dans la vallée du Saint-Laurent alors que les Iroquois et les Hurons-Wendats étaient perpétuellement en guerre. Une situation trouble que l'arrivée des Blancs a exacerbée… Un des intérêts de ce roman est que l'auteur donne leur voix à tous les partis impliqués. Trois narrations. Trois points de vue différents. Donc, pas de parti pris !

D'abord, il y a Christophe, le jeune Français, un missionnaire, un jésuite, envoyé auprès des « sauvages » afin d'essayer de les convertir à la foi chrétienne, aussi pour consolider des liens d'amitiés (mais surtout de maintenir des liens commerciaux, un monopole sur le commerce des fourrures). Il est surnommé Corbeau à cause de sa robe noire, peu pratique, la risée des autochtones.

Ensuite il y a Oiseau, chef d'un village huron, membre de la puissante confédération Wendat, attaché aux traditions ancestrales de son peuple. Contrairement à ce que beaucoup croient, pas tous les Amérindiens vivaient dans des tentes au milieu des bois. Les Hurons étaient sédentaires, s'établissaient dans des villages de plusieurs milliers d'âmes, subvenaient à leurs besoins d'abord via l'agriculture (les trois soeurs : maïs, courge & haricot) puis ensuite grâce au troc avec d'autres peuples. Oiseau voit d'un mauvais oeil l'arrivée du jésuite (outre le fait que les contacts avec les Blancs étaient suivis de maladies, il sent que leurs valeurs et leur religion sont bousculés) mais l'estime tout de même essentielle dans sa lutte contre les Iroquois.

Puis il y a Chute-de-Neige, de la nation iroquoise. le roman s'ouvre avec sa capture par un groupe de Hurons menés par Oiseau et auquel participe Christophe. Sa famille vient d'être exécutée sous ses yeux on la ramène pour compenser la mort de la famille de Oiseau, dont elle deviendra la fille adoptive. D'abord hostile, elle finira par accepter sa nouvelle famille. À travers ce personnage, on découvrira que les deux peuples ne sont pas si différents l'un de l'autre.

Chaque chapitre, qui met en scène alternativement ces trois personnages, est court. Et le rythme est rapide. Ainsi, malgré les 600 pages du bouquin, on en remarque à peine l'épaisseur car l'histoire ne contient pas de longueurs. Il n'y a pas de passages que je juge superflu. Un seul regret : ne pas avoir le point de vue direct de Petite Oie. Il s'agit de la guérisseuse du village, une sorte de chamane aux pouvoirs multiples. Ce n'est pas une Huronne mais plutôt une Algonquienne de la tribue nomade des Montagnais qui a décidé recemment d'unir sa destinée à celle de ce grand peuple. D'où l'intérêt de son point de vue, original mais surtout plus objectif parmi tous ces Hurons et Iroquois en guerre.

Parce que c'est de guerre qu'il s'agit. Oui, l'arrivée des Français et des Anglais a exacerbé les tensions, mais le conflit existait depuis des générations. Il y a quelque chose de très tragique dans cette histoire. La fin d'une nation, d'une civilisation, est un événement troublant. Car les personnages sont témoins de tout ça, ils le voient venir et commencer à se produire. En tant que lecteur, on ne peut que se sentir interpelé par leur frustration, leur tristesse de voir leur culture s'éteindre avec eux. Certains ont peut-être moins aimé les scènes de torture, assez explicites vers la fin, mais c'était ça, aussi, le monde amérindien. Il ne fallait pas montrer que son côté polissé, dans le genre « communions avec les esprits de la forêt ».

Donc, le ton employé par l'auteur était très juste et ses choix littéraires, judicieux. de plus, Joseph Boyden a une plume très évocatrice. Il a su faire ressortir le tragique de cette situation sans tomber dans le mélodramatique, les moments héroïques sans tomber dans le patriotique et le parti pris. En fait, il a su respecter les points de vue de tous les côtés, sans jugement. du moins, c'est ce qu'il m'a semblé. Tout est arrivé parce que cela devait arriver, c'était dans l'ordre des choses. Bref, j'ai vraiment hâte de lire les autres romans de cet auteur de talent.
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Trois voix s'élèvent dans les immenses espaces canadiens. le XVIIe siècle est déjà entamé, quand des jésuites français essaient de convertir des Indiens. le jeune père Christophe, qui croyant bien faire en imposant ses croyances en prosélyte convaincu, trouve sur son chemin le chef Huron, Oiseau, et sa prisonnière iroquoise, Chutes-de-Neige, des ennemis de toujours.

Les Hurons ont décidé de garder le père Christophe qu'ils nomment ironiquement le Corbeau à cause de sa soutane. Oiseau est chargé de le protéger. Bien que critique et condescendant, le Corbeau en apprenant la langue des Indiens s'intègre peu à peu. il va même jusqu'à admirer les rites funéraires de ceux qu'il appelle les Sauvages, et dont il se désole d'en convertir si peu. A l'arrivée de la tribu en Nouvelle France, Oiseau rencontre le gouverneur, Samuel Champlain, qui lui propose d'unir leurs forces pour résister aux Hollandais et aux Anglais qui ont armé les Iroquois. En fait, c'est une manoeuvre pour s'allier ceux qui contrôlent le commerce dans les territoires sauvages.

Car qui gagnera la bataille du commerce gagnera la guerre. Dans cette lutte, les pères jésuites servent de lien avec les Français, ils sont tolérés dans la tribu pour cette seule raison. Après des combats épouvantables contre les Iroquois, et des tortures terribles auxquelles il assiste avec deux autres pères, le Corbeau continue son travail de conversion auprès des Hurons. Il prêche et répond à leurs questions auxquelles il n'a pas toujours de réponses. Ses convictions religieuses ne vacillent jamais, il résiste à tout, même à la sensualité des femmes de la tribu, surtout à celle de Chutes-de-Neige, maintenant résolue à rester avec les Hurons.

Un livre magnifique qui nous transporte dans le monde très codifié des Indiens. On découvre leurs us et leurs coutumes, leurs croyances et les rapports des tribus entre elles. Des rapports tendus entre les Hurons et les Iroquois, exacerbés par les Européens qui, venus pour des raisons mercantiles et pour imposer leurs croyances, ont apporté des maladies dévastatrices. Un monde qui peut se révéler impitoyable (les scènes de tortures sont insoutenables) mais aussi plein d'humanité.
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Un roman qui nous plonge au cœur du XVIIe siècle parmi les Sauvages qui peuplent le Canada, à travers les voix de Christophe, le jésuite français, d'Oiseau le chef de guerre huron, et de Chute-de- Neige, la jeune fille iroquoise.

Nous découvrons le mode de vie, les croyances et les traditions des tribus indiennes, qui évoluent dans un monde à la fois ténébreux et paradisiaque.

La nature, les animaux et les hommes font partie d'un même univers. Leurs esprits sont mêlés. Un peuple libre et généreux, à l'écoute de leurs enfants. C'est le côté paradisiaque.

L'autre penchant de ces hommes est leur art de faire la guerre et de se livrer à des cérémonies de torture insoutenables, à des guerres du deuil qu'on peine à comprendre. Nous sombrons alors dans les ténèbres.

Face à eux, les hommes velus venus d'au-delà de l'Océan, s'accaparent de leurs richesses et de leurs savoirs. Ils sont accompagnés des « Corbeaux », ces prêtres qui piétinent leurs croyances pour les contraindre au christianisme. Sont-ils plus civilisés ?

Deux cultures qui s'affrontent et s'observent. Ils s'admirent parfois mais sans jamais vraiment se comprendre ou se faire confiance. Le choc des cultures et des croyances est trop intense.

Un récit riche et poétique qui nous immerge dans un monde splendide, si on met de côté la rivalité des hommes.

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Il m'aura fallu quelques jours pour digérer cette lecture. Une fois encore je reste admirative face à tant de talent. Merci monsieur Boyden. Merci pour votre manière si poétique de me transporter dans un tout autre univers, au coeur des paysages enchantés de la région des grands lacs d'Amérique du Nord, au coeur de cette nature sauvage et impétueuse, encore préservée de la cruauté des colons européens. Merci de m'avoir fait côtoyer de près ce peuple d'Indiens Hurons, toucher du doigts leurs rites et coutumes, leurs codes sociaux et religieux, trembler face à la sauvagerie de leurs conflits ancestraux avec les Iroquois. Merci de m'avoir fait comprendre leur lutte spirituelle et religieuse face à l'arrivée des pères Jésuites, ces corbeaux obnubilés par une volonté farouche de convertir et sauver le sauvage impie des flammes de l'Enfer. Merci de m'avoir fait découvrir cette histoire du Québec et de ce vaste territoire, cette époque où Français comme Anglais commerçaient avec les Indiens, les jugeant encore utiles pour apprivoiser puis exploiter cette nature hostile qui se refusait à eux. Dans le cercle du grand monde a tout d'une grande épopée majestueuse et poétique, sensible et cruelle à la fois, retraçant cette confrontation entre Indiens et Européens au coeur de ce XVII siècle qui se passionne pour la propagation de la foi chrétienne à travers les colonies. Ce roman nous narre une époque révolue, avant les conversions, avant les maladies rapportées d'Europe qui déciment les Indiens, Hurons comme Iroquois, avant la fin d'une civilisation, avant que ce peuple ne prenne goût à la boisson et à l'ivresse qu'elle procure, luttant désespérément contre la fin de leur monde. le brave chef Oiseau, la farouche Chute de neige, père Christophe - le corbeau à la robe noire - tous ces personnages entrent en collision au coeur de la grande spirale de l'Histoire et de ces 600 merveilleuses pages qui m'ont tenue en apnée.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Après le chemin des âmes,Les Saisons de la Solitude et Là-haut vers le Nord que j'avais bien aimé, dès que j'ai su qu'un nouveau livre de Joseph Boyden venait de sortir, je me suis précipitée à la librairie.
Et je ne regrette pas!!

J'ai été transportée au XVIIème siècle au Canada.
Trois narrateurs Dans le grand cercle du monde: un jésuite breton le Corbeau, premier à arriver parmi les Hurons pour les évangéliser, une jeune iroquoise Chutes-de-Neige dont la famille vient d'être massacrée par le troisième narrateur Oiseau un chef Huron qui va l'adopter comme sa fille.

A travers ces trois voix, on suit le quotidien du peuple huron Wendat : le travail dans les champs pour la culture des trois soeurs ( maïs, courge, haricot), les échanges commerciaux à Québec, les affrontements terribles avec leurs ennemis iroquois, les réactions à la présence des Jésuites...
"De sa main droite, il fait ce geste auquel je me suis habitué: il se touche le front, puis la poitrine et enfin les épaules à gauche et à droite. On se demandait s'il ne nous jetait pas un sort, mais pour autant que je le sache, et bien qu'il prétende que cela soit destiné à le protéger, je crois qu'il s'agit surtout d'un tic nerveux."

J'ai bien aimé me laisser transporter par l'écriture exceptionnelle de Joseph Boyden dans ce XVIIème siècle parmi tous ces personnages attachants, courageux, extraordinaires dans ce qu'ils sont capables d'entreprendre pour vivre.
Je le recommande vivement.
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critiques presse (7)
Telerama
04 novembre 2015
C'est violent, lyrique, très beau, admirablement servi par le grand traducteur qu'est Michel Lederer.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
26 septembre 2014
Joseph BOYDEN, lui-même descendant des Nations Premières trouve les mots justes pour écrire les sentiments humains et la redoutable froideur guerrière dans un seul chant où se mêlent chant de vie et chant de mort.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
21 juillet 2014
Signé Joseph Boyden, l'un des maîtres du roman canadien, le livre tient de Rousseau pour l'évocation des états innocents de l'humanité autant que de Sergio Leone pour la mise en scène d'aventures sur grand écran.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
15 juillet 2014
Joseph Boyden raconte la lutte fratricide contre les Iroquois.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Joseph Boyden signe une ambitieuse fresque qui confronte trois mondes. Où Jésuites, Hurons et Iroquois vont évoluer au-delà des préjugés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Joseph Boyden signe une ambitieuse fresque qui confronte trois mondes. Où Jésuites, Hurons et Iroquois vont évoluer au-delà des préjugés.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
16 avril 2014
Joseph Boyden signe une véritable descente aux enfers, une plongée au coeur des ténèbres. Impitoyable.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (96) Voir plus Ajouter une citation
« Ces gens font preuve d’une imagination fertile dans le domaine des tortures, dis-je à Gabriel. Aussi fertile et peut-être même plus que celle de n'importe quel inquisiteur. »[…]
« Ils ne laissent rien au hasard. Tout est soigneusement réglé. C’est l’une de leurs cérémonies les plus importantes.
- Mais pourquoi ? Pourquoi tiennent-ils à infliger tant de souffrances à un être humain ?
— Pourquoi l'Inquisition espagnole a-t-elle fait ce qu'elle a fait ? je réplique. Pourquoi notre propre Église condamne-t-elle les sorcières au bûcher ? Pourquoi les croisés ont-ils punis les Maures avec tant de raffinement ? » […]
« Certes, il est facile de dire que nous punissons ceux qui sont une abomination aux yeux de Dieu, reprends-je. Or, il ne s’agit pas seulement de cela, ne pensez-vous pas ? Je crois que nous autorisons et pardonnons la torture dans la mesure où elle nous aide à exorciser la peur de la mort que nous éprouvons tous. Torturer quelqu’un, c’est dominer la mort, s’en rendre maître, ne serait-ce que pour un bref instant. »
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[Lors d’une assemblée des jésuites tentant de convertir des indiens]
Christophe (dit le corbeau) :
-Il n’y a qu’un oki assez puissant pour te protéger, et c’est le Grand Génie [Dieu], réponds-je. Si tu demandes encore quoi que ce soit à un oki, sache-le. Par contre, si tu demandes l’aide du Grand Génie, il ne te fera jamais de mal.
-Mais j’ai essayé ! s’écrie Dalila avec feu. J’ai demandé à ton Grand Génie que mon mari survive à la maladie, mais il est quand même mort. » Elle gémit longuement, et toute tremblante, se tord les mains. Quelle comédienne, elle fait !
Elle lève les yeux. « Alors je ne vois pas en quoi ton grand oki pourrait être utile. »
A côté de moi, Gabriel soupire. Je sais quelle question il aimerait lui poser : « Dans ce cas, pourquoi es-tu venue ici ? » Il l’a déjà fait, et la réponse de Dalila a provoqué l’hilarité : « Parce que je m’ennuyais. »
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- Notre monde n’est pas le même que le tien. Les animaux de la forêt ne se donnent à nous que s'ils jugent bon de le faire.
- Tu prétends donc que les animaux sont capables de raison ? Qu’ils ont une conscience ?
- Je dis que les humains sont les seuls dans ce monde à avoir besoin de tout ce qu’Il contient. Or, ce monde ne contient rien qui ait besoin de nous pour survivre.
Nous ne sommes pas les maîtres de la terre. Nous en sommes les serviteurs.
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Je sens mon corps se soulever de ma natte, flotter autour de la pièce puis quitter la maison-longue et survoler le village. Aucun feu ne brûle plus. Nous sommes tous morts. Je me laisse emporter loin, vers le rivage de la Mer d'eau douce, blanche et gelée, jusqu'à un autre village, mort lui aussi. Il fait nuit noire à présent, et je cherche une lumière, de la chaleur, quelque chose qui m'attirerait au sol. Il n’y a que le ciel nocturne et la neige qui étincelle au clair d'une demi-lune.
Toute la nuit, je vole, en quête d'une lueur de vie. J'aperçois parfois des animaux qui chassent dans les ténèbres, des loups qui cernent une biche pleine, des chouettes qui décrivent des cercles pour fondre sur les mulots qui s'aventurent hors de leurs terriers, des lynx aux yeux jaunes qui, sur leurs coussinets, s’approchent en silence pour bondir sur les lièvres. Je plane au-dessus de la blancheur de la mer intérieure, et quand je regarde en bas, mes yeux percent la couche de glace et je vois les grands poissons qui évoluent lentement dans l'eau glaciale, des bancs entiers, leur faim atténuée par le besoin de continuer à bouger, si bien que les petits poissons, leur future nourriture une fois le printemps revenu, sont obligés de nager au milieu d'eux.
Comme je claque de nouveau les dents, je monte vers la demi-lune, mais elle ne diffuse aucune chaleur. Je traverse le monde gelé, à la recherche de quelque chose, la lueur d'un feu, puis à bout de forces, je suis sur le point de perdre espoir quand soudain le sol semble foncer vers moi, tandis que je rase la cime des arbres, et je comprends alors que je vais peut-être m'écraser parmi les branches qui vont me déchiqueter. Je tombe, je tremble de froid, j'ai besoin de chaleur, mais je ne vois que la forêt ombreuse et les rochers vers lesquels je me précipite. Je ferme les yeux out en sachant qu'ils sont restés tout le temps fermés. Derrière mes paupières, je distingue l’éclat des flammes, et quand je les ouvre en clignant, je distingue d’étranges maisons de pierre au-dessous de moi. Je repère un large trou de cheminée crachant dans le ciel des braises rougeoyantes et je plonge dedans pour atterrir droit dans l’âtre où, enfin, j’ai chaud, et autour du feu brûlant, je reconnais des visages familiers, Ceux du Corbeau et de ses deux aides. Installés à une table chargée de nourriture, ils plaisantent entre eux. D’autres gens du Peuple de Fer à la figure velue circulent dans cette habitation bizarre. Un curieux objet arrondi émet un petit bruit sec au rythme d’un tambour, et Chutes-de-Neige et Porte-une-Hache, assis à côté des Corbeaux, le regardent. Quand l’un des Corbeaux s’adresse à elle, la chose répond d’une voix très étrange. Le sourire qui illumine alors le visage de Chutes-de-Neige me fait sourire à mon tour, Je suis bien au chaud, et à la vue de cette abondance, je me sens repu. Aucun de ces hommes ni ma fille ne sont malades, ni même ne toussent. Je peux fermer les yeux et me reposer à la chaleur de ce foyer. Ici, tout étonné que je sois, j’ai le sentiment d’être en sécurité.
J’ouvre les paupières. La maison-longue est silencieuse. J’ignore si la faible clarté est celle du petit matin ou celle du début de soirée. Ma fièvre est tombée. Je sens sur mon corps l’odeur de la maladie, et quand j’essaie de me redresser, ma peau hurle encore. Dans la pénombre, j’entends quelqu’un tousser et un enfant pleurer. Cette maladie qui nous couvre de cloques suintantes est pire que toutes celles qui nous ont frappés. Je réussis à m’asseoir. La gorge me brûle et je meurs de soif. (Pages 380-382)
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La laine n'est pas le plus mauvais des textiles dans ce pays. Elle fascine les Sauvages qui m'interrogent tout le temps pour savoir de quel animal elle provient. J'essaie alors d'expliquer ce que sont les moutons, la domestication et l'élevage, et je réussis uniquement à dire que là d'où je viens, nous parquons pour notre consommation de grands troupeaux d'animaux qu'ils ne peuvent même pas imaginer. Dieu le veut ainsi. L'idée qu'on puisse avoir des troupeaux de gentils chevreuils ou d'orignaux qui vont gaiement au massacre quand les hommes désirent manger de la viande déclenche leur hilarité. Certains doutent franchement qu'il soit bon de mener une vie aussi facile. La question me passionne.
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Vidéo de Joseph Boyden
Joseph Boyden Craig Davidson à la librairie Millepages pour le festival America le 13 mai 2016
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