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EAN : 9782742776016
Actes Sud (28/05/2008)
3.58/5   43 notes
Résumé :
Boyer d'Argens (auquel, dans sa lecture, Guillaume Pigeard de Gurbert attribue définitivement la paternité de Thérèse philosophe) laisse entendre qu'il se trouvera toujours des sots, des machines lourdement organisées, des espèces d'automates accoutumés à penser par l'organe d'autrui pour s'offusquer contre la lasciveté de ce livre. Et aujourd'hui, il ne manque pas d'esprits pour dire cet érotique insignifiant par excès. Pourtant, que cette oeuvre d'apparence légère... >Voir plus
Que lire après Thérèse philosophe ou Mémoires pour servir à l'histoire du P. Dirrag et de Mlle EradiceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Thérèse philosophe /J. B. Boyer d'Argens (1703-1771)
Ce roman érotique paru en 1748 est attribué à Jean-Baptiste Boyer d'Argens sans que l'on en soit certain. Évoquant l'éducation libertine de son héroïne, Thérèse, sur le mode autobiographique, il a connu un immense succès dès sa parution. le thème s'inspire d'un fait divers qui eut lieu en 1731 et passionna la France, mettant en scène les querelles religieuses et anticléricales. (en postface)
L'histoire aborde la relation réelle étrangement mystique qui s'établit entre Jean-Baptiste Girard (appelé Père Dirrag dans le roman), un jésuite recteur du séminaire de Toulon, et Catherine Cadière (appelée ici Mlle Éradice).
le récit commence sous la forme d'une confession que la jeune Thérèse adresse à M. le Comte, lui rapportant comment s'est passée son enfance et sa jeunesse. Et ce n'est pas triste ! Il faut savoir que Éradice a été l'amie de Thérèse et le Père Dirrag son directeur de conscience et ce sont bien leurs actions qui ont dessillé les yeux de Thérèse sur ses préjugés de jeunesse, toute une série de petites aventures qui l'ont conduite, comme malgré elle, pas à pas, au comble de la volupté.
Durant toute son enfance, on lui parla d'amour pour la vertu et d'horreur pour le vice. Et Thérèse allait voir que tous ces bonnes âmes se trompaient, car dès l'âge de neuf ans, elle sentit des désirs dont elle ignorait la cause. Deux années de libertinage innocent lui apprirent ce qu'il en était et sa mère en représailles décida de la mettre au couvent.
Rapidement elle fut amenée à se confesser auprès du Père qui blâma alors les petits jeux auxquels elle se livrait innocemment. le jeûne et la prière allaient bien remettre bon ordre. En elle toutefois l'amour de Dieu côtoyait toujours le plaisir de la chair.
L'intime débat philosophique s'engage alors sur le thème de la liberté de penser et de choisir.
À vingt-cinq ans, sa mère la retire du couvent où elle dépérissait à force de dévotion dit-elle. Elle poursuit néanmoins ses exercices de piété, et ce avec le Père Dirrag dont la plus tendre pénitente n'est autre que Mlle Éradice qui est depuis longtemps la dupe de sa sainte lubricité, laquelle devient l'amie inséparable de Thérèse. Sur ce, la demoiselle invite Thérèse à être témoin oculaire caché de son bonheur lorsqu'elle est en compagnie du Père Dirrag. On peut imaginer la suite lorsque le Père, conduit sa naïve pénitente à des fins impudiques, agenouillé derrière elle, invoquant le cordon sacré de Saint François pour exorciser le diable qui pourrait sommeiller en sa docile prosélyte, avant de diriger le rubicond priape vers la route canonique tandis que la jeune fille implore ardemment le Seigneur, agenouillée sur son prie-Dieu avant de jouir du bonheur céleste. La tendre et docile jeune fille est alors persuadée d'être tombée dans une extase divine purement spirituelle lorsqu'elle jouit des plaisirs de la chair les plus voluptueux. Il est certain que Thérèse sortit de là toute émoustillée…avec des conséquences pour le moins fâcheuses…
Mlle Éradice par la suite fit la connaissance d'un moine passionnément amoureux d'elle qui lui dessilla les yeux.
Thérèse, sur le conseil de sa mère fréquente Mme C. qui d'emblée engage avec elle une conversation empreinte de lasciveté au sujet de stigmates qui seraient apparus sur son corps et de douleurs qu'elle ressent pour des raisons à peine avouables. Laquelle Mme C. s'empresse de donner de bons conseils à la jeune fille pour qu'elle puisse modérer l'excès de ses désirs et tempérer le feu qui les excite et ce afin retrouver une santé qu'elle avait chancelante. Au besoin afin de parfaire ses connaissances Thérèse espionne Mme C. et l'Abbé T. qui ne se privent d'aucune privauté tout en philosophant sur le plaisir et le péché.
Par la suite, Thérèse fait la connaissance de Mme Bois-Laurier, une libertine de profession qui lui raconte sa vie mouvementée en raison d'une malformation anatomique, ainsi qu'un florilège de débauches libidinales dont elle a été témoin.
Par la suite Thérèse nous décrit sa relation avec M. le Comte et notamment les raisons qui l'ont décidée à rester avec lui. Et s'adressant à lui en lui faisant part de ses sentiments, déclare : « Je me rappelle que vous m'interrompîtes à ce doux épanchement de mon coeur. Vous me promîtes que vous ne contraindriez jamais mon goût et mes inclinations…et nous partîmes pour votre terre…Mon esprit n'était occupé que du soin de vous plaire. Deux mois s'écoulèrent sans que vous me pressassiez sur des désirs que vous cherchiez à faire naître dans moi. J'allais au-devant de tous vos plaisirs, excepté de ceux de la jouissance, dont vous me vantiez les ravissements, que je ne croyais pas plus vifs que ceux que je goûtais par habitude (à musse-pot !) » En somme le bonheur parfait, surtout avec la suite à venir…
Pour conclure, je veux bien croire que Thérèse et ses proches aiment et surtout trouvent le temps de philosopher à propos du bonheur et du plaisir, mais enfin l'essentiel de leur temps et la majeure partie du contenu de cet opus n'est sans doute pas là. Pour un moment de lecture émoustillant et ce dans un style merveilleusement XVIIIe, sans aucune vulgarité ni mot déplacé.
Postface.
Jean-Baptiste Girard (1680-1733), jésuite dévoué, d'abord professeur et prédicateur apprécié, fut nommé recteur du séminaire royal de la marine à Toulon. de nombreuses pénitentes le choisirent pour directeur, dont l'une, Catherine Cadière, particulièrement mystique et falsificatrice, le mena à sa perte auprès d'un janséniste ennemi en l'accusant de séduction, d'inceste spirituel, de magie et de sorcellerie.
À peine âgée de dix-huit ans, Catherine Cadière était une jeune et jolie pénitente de bonne famille mais nourrie de lectures illuminées. Elle passait dans son quartier pour une sainte, férue de miracles et autres désirs d'apparitions. Un jeûne prolongé durant le carême l'affaiblit et favorisa son zèle visionnaire alors qu'elle demeurait alitée. Son confesseur, le père Girard, la trouva ensanglantée d'une plaie au flanc gauche qu'elle disait provenir d'un ange apparu au cours de son sommeil. le religieux l'examina ; dévot mais non dupe et, semble-t-il, intègre, il l'avait assistée jusque-là dans ses extases et excès mais préféra dès lors rompre avec sa protégée. Celle-ci lui en tint rigueur au point de le dénoncer pour abus, ce qui valut à l'intéressé un procès retentissant.
Le procès fut animé de fervents débats qui aboutirent à la relaxe du père Girard en octobre 1731 à une seule voix de majorité, douze juges sur vingt-cinq l'ayant condamné à être immolé. Cette affaire célèbre (connue par un Recueil général des pièces concernant le procès entre la demoiselle Cadière, de la ville de Toulon, et le père Girard, jésuite, recteur du Séminaire royal de la marine de ladite ville, La Haye, 1731) donna lieu à de nombreux commentaires, alimenta les polémiques pour les années à venir et inspira notamment ce fameux texte libertin paru en 1748 : Thérèse Philosophe.
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Thérèse philosophe est bien un curieux roman du XVIIIeme siècle, tant par son contenu que par le mystère de son auteur. Appartenant au courant libertin par son récit fort érotique mais mélangeant des pensées de la philosophie des Lumières, il fut un grand succès mais qu'on lisait sous le manteau dû à ses pages plus qu'incendiaires sur la bonne morale et était par conséquent prohibé sur l'Hexagone, souvent saisi et détruit lors d'arrestation massive dans les lieux d'éditions. Composé entre la France et la Belgique, son où ses auteurs restent encore inconnus et ce malgré d'attributions à quelques écrivains comme Jean-Baptiste de Boyer d'Argens renommé à son époque pour ses pamphlets et avoir été le voisin du sulfureux marquis de Sade où encore Fourgeret de Monbron bien connu des spécialistes de la littérature coquine puisqu'il est le rédacteur de Margot la Ravaudeuse la version française plus féroce et moins sensuelle de Fanny Hills et du Canapé couleur de feu qui pastiche l'orientalisme en vogue du Sopha de Crébillon. Quoi qu'il en soit, Thérèse Philosophe attise l'attrait pour le parfum d'interdit qu'il en émane.
Thérèse est une jeune fille placée au couvent depuis qu'elle est toute petite et que taraude déjà l'aiguillon des sens au point qu'on la réprime sans arrêt sur ce sujet, une bonne fille convenable ne devant pas être aussi préoccupée du sexe. Au cours de son existence, elle observe bien des dépravations dont elle assiste en témoin sans y participer, entre un confesseur et sa dévote qu'il abuse facilement, un jésuite avec une mondaine qui tentent tous deux d'impliquer la damoiselle dans leurs perversions où encore via le témoignage d'une courtisane à l'hymen impénétrable. Finalement elle trouvera l'amour dans tous les sens du terme dans les bras d'un Comte dont elle raconte ses expériences consignés d'ailleurs et sera initiée à son tour ) la sexualité.
C'est un roman bien galant, frôlant souvent la pornographie avec des passages bien croustillants et obscènes avec des détails bien fournis comme la 'séance religieuse' entre le confesseur et sa dévote où encore les mésaventures de la fille de joie avec trois abbés dans le boudoir... mais qui aborde des questions philosophies sur les sens, le coté sensuel de la vie et surtout sur le rapport de la religion avec le plaisir sexuel dont les liens sont souvent délétères où hypocrites. Entre quelques scènes d'ébats, on a de véritables conversations didactiques et éthiques sur le sensualisme et dont les idées nous sont modernes, avec l'affirmation du plaisir crée par Dieu et qui est une chose naturelle à ne point blâmer ni brimer, que la femme a droit à son plaisir et qu'il est tout aussi important que celui de l'homme et que le sexe n'est point sale, des choses qu'on admet aujourd'hui comme normal mais qui ne l'étaient point au XVIIIeme siècle. A contrario, on fustige bien le coté malfaisant des membres ecclésiastiques qui quand ils instillent la peur à leurs protégées profitent de celles-ci et qui se passant pour de chastes compères sont les clients acharnés des prostituées. La critique sur les hommes d'églises est plus pertinente car pour la séduction entre la dévote et le confesseur le roman s'inspire fortement d'un fait réel, celui de la relation entre un jésuite de Toulon et d'une carmélite qui après être tombée enceinte et avoir avortée, le dénonça pour cause d'abus et de sorcellerie.
La langue est châtiée et élégante, aux tournures remarquables pour désigner l'obscène sans être vulgaire bien qu'elle ne se démarque pas des autres styles de la littérature libertine. Mais on peut admirer toutefois les apports révolutionnaires et les questionnements philosophiques qu'il amène, portrait d'une société coincée sur la chose qui se réalise dans l'hypocrisie et les débordements. Thérèse Philosophe est un roman agréable et émoustillant avec un soupçon de voyeurisme et d'éducation sexuelle à lire par curiosité et surtout pour voir les problématiques d'un siècle aimant le plaisir mais le dissimulant sous la vertu religieuse et le déniant aux femmes.
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Boyer d'Argens, romancier et philosophe, fut fort lu et apprécié à son époque : déiste convaincu, digne représentant des Lumières, il finit sa vie auprès de l'empereur Frédéric le grand qui l'appela à sa cour où Voltaire, un ami, l'avait précédé. le destin est cependant bien cruel : ce contempteur de l'obscurantisme a rejoint dans l'obscurité la cohorte des auteurs oubliés du XVIIIe s.

Si aujourd'hui, on évoque son nom c'est pour "Thérèse philosophe" (dont il n'est pas entièrement certain qu'il soit de sa main), un opuscule pornographique qui annonce, quelques cinquante années avant, l'oeuvre du Divin Marquis.

Il est très réjouissant de suivre le cheminement de Thérèse, la jeune narratrice, dans son éducation morale et sexuelle. La première partie est brillante où nous découvrons une jeune fille avide de raison et de plaisir mais qui a bien des difficultés à discerner le vrai du faux, le bien du mal. Après avoir échappé de peu aux griffes d'un prêtre libidineux (Ah, les jeunes filles et l'autorité religieuse!), c'en est un autre, libertin mais honnête, qui lui montrera la voie à suivre : "Il n'y a de bien et de mal moral que par rapport aux hommes : rien par rapport à Dieu". La charmante Thérèse, "manu militari", commencera donc une longue carrière masturbatoire, persuadée que se faire du bien à soi, ne peut nuire à quiconque.

Dans la seconde partie, Thérèse fait la connaissance de Mme Bois-Laurier, ancien "gentil Fragonard (qui) fit ses premières saisons de bouic en bobinard, de bousbir en boxon" (emprunt à la chanson "Alice et Alfred", Jean Guidoni - Pierre Philippe). Celle-ci lui raconte sa vie de libertine de profession. Rien de bien original : on y retrouve des turpitudes déjà lues ailleurs (dans "Margot la ravaudeuse", par exemple) et avec autant sinon plus de talent ou de style.

Mais ce long échange d'impressions sur les hommes et le sexe permettront à Thérèse de rencontrer le Comte de... à qui elle donnera son pucelage, son amour et ses plus belles années, tout en se mettant à l'abri d'en avoir un enfant.

Le récit se termine par une "curieuse réflexion de Thérèse pour prouver que les principes renfermés dans son livre doivent contribuer au bonheur des humains", sorte de petit catéchisme à l'usage des jeunes filles et des jeunes garçons.

Comme Sade plus tard, Boyer d'Argens alterne scènes explicites et plaidoyers philosophiques : on le découvre féministe, ardent défenseur du "Mon corps m'appartient", anticlérical ("Il n'y a point de culte, Dieu se suffit à lui-même") et thuriféraire de l'amour libre. Son héroïne et son amant feront même le choix, bien surprenant pour l'époque, de se soustraire et au mariage et à la conception.

Avouons que ce petit roman convient bien à notre époque, de plus en plus gourmée et qu'il est une rafraîchissante adresse "à ces sots, à ces machines lourdement organisées, à ces espèces d'automates accoutumés à penser par l'organe d'autrui, qui ne font telle ou telle chose que parce qu'on leur dit de les faire."
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Écrit à la première personne de manière faussement naive, ce petit livre, dans sa première partie, dénonce (déjà) le comportement des hommes d'église, qui profitent de leur position de pouvoir et d'influence pour abuser de jeunes filles confiées aux couvents.
Ça ressemble à du Diderot (une des hypothèses en termes d'auteurs possibles), ce texte abordant de manière complémentaire le rôle de la nature, de dieu, les préceptes des religions...
Le seconde partie, beaucoup plus trash dénonce la domination masculine, comme moteur de la prostitution, avec force bedaines, verges flasques, vieilles peaux et haleines chargées,  opposées aux formes rondes et blanches de jeunes filles pauvres et jolies livrées en pature à ces vieux libidineux nobles, ecclésiastiques ou tout simplement riches.

Le caractère (pas tout à fait) explicite des scènes de sexe, et le style léger et plein d'humour n"empêchent pas ce livre d'être un document historique important sur les moeurs de ce siècle des lumières, et surtout sur un des premiers plaidoyers pour les femmes à disposer de leur corps, et au plaisir de s'en servir pour elles-mêmes...
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Le Marquis B. D'Argens a développé une philosophie d'inspiration épicurienne avec ce texte "Thérèse philosophe". Toutes nos pensées, tous nos actes et toutes nos passions sont déterminés. Nous ne sommes pas libres d'être ce que nous sommes.

En raison de ce déterminisme (absolu), c'est en vain que nous chercherions à dominer nos passions charnelles. Il faut, au contraire, les laisser s'exprimer et jouir en privé du bien qu'elles nous procurent, dès lors que nous ne dérangeons pas l'ordre social.

Et bien sûr, l'idée de péché est une idiotie inventée par les religieux hypocrites qui violent tous les jours les préceptes qu'ils veulent imposer à la société. Eradice en a fait les frais, par exemple.

Bon, il faut reconnaître que nous sommes tous plus ou moins épicuriens sans le savoir, ou le sachant... La liberté sexuelle n'est plus un sujet qui mérite force justification philosophique de nos jours. Et les psy... de tout bord, et pas seulement eux, ont dit tout le bien qu'ils pensent de l'épanouissement sexuel, etc.

L'Eglise ne pèse plus, en effet, sur les consciences, et la notion de péché est en perte de vitesse depuis longtemps. Peut-être, précisément, à cause des libertins des lumières auxquels D'Argens se rattache ?

A chacun ses choix de vie dès lors qu'il ne porte pas atteinte à la liberté d'autrui et au bon fonctionnement de la société.

Evidemment, la société ne défend plus l'idée que les prostitués sont une nécessité. Reconnaissons toutefois que c'est en vain qu'elle cherche à mettre des bornes à l'activité des "escorts", call-girls (ou boys)... de tout poil.

D'un autre côté, passions et inventions sexuelles sont de toutes les époques, de tous les écrits, de toutes les représentations, comme leur adversaire déclaré, la morale, une invention d'homme pour justifier la domination masculine sur la sexualité féminine ; encore un sujet philosophique...

Je trouve, pour ma part, que la première partie du récit est bien plus intéressante.

Par ailleurs le livre est enrichi d'une lecture commentée très érudite de Guillaume Pigeard de Gurbert pour qui T P a bien été écrit par le spirituel Marquis (que je différencie ainsi du divin Marquis) ; lecteur dont, par ailleurs, je salue le passage comme professeur de philosophie à la Martinique, île qui me demeure chère...

Pat.



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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pendant tout ce narré singulier, Mme C... eut la prudence de ne pas témoigner la moindre surprise : elle louait tout pour m'engager à tout dire. Lorsque je me trouvais embarrassée sur les termes qui me manquaient pour expliquer les idées de ce que j'avais vu, elle exigeait de moi des descriptions dont la lasciveté devait beaucoup la réjouir dans la bouche d'une fille de mon âge et aussi simple que je l'étais. Jamais peut-être tant d'infamies n'ont été dites et ouïes avec autant de gravité.
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Un homme donne souvent l’aumône aux pauvres, il s’incommode même pour les soulager : son action est utile au bien de la société ; elle est louable à cet égard ; mais, par rapport à lui, rien moins que cela. Il a fait l’aumône, parce que la compassion qu’il ressentait pour ces malheureux excitait en lui une peine, et qu’il a trouvé moins de désagrément à se défaire de son argent en leur faveur qu’à continuer de supporter cette peine excitée par la compassion ; ou peut-être encore que l’amour-propre, flatté par la vanité de passer pour un homme charitable, est la véritable satisfaction intérieure qui l’a décidé. Toutes les actions de notre vie sont dirigées par ces deux principes : « se procurer plus ou moins de plaisir, éviter plus ou moins de peine ».
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… … … Gardez-vous encore avec plus de précaution de ce morceau de chair des jeunes garçons de votre âge qui faisait votre amusement dans ce grenier. C’est le serpent, ma fille, qui tenta Ève, notre mère commune. Que vos regards et vos attouchements ne soient jamais souillés par cette vilaine bête, elle vous piquerait et vous dévorerait infailliblement tôt ou tard.
– Quoi ! Serait-il bien possible, mon Père, repris-je tout émue, que ce soit là un serpent, et qu’il soit aussi dangereux que vous le dites ? Hélas ! Il m’a paru si doux ! Il n’a mordu aucune de mes compagnes, je vous assure qu’il n’avait qu’une très petite bouche et point de dents, je l’ai bien vu...
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Imbéciles mortels ! Vous croyez être maîtres d’éteindre les passions que la nature a mises dans vous. Elles sont l’ouvrage de Dieu. Vous voulez les détruire, ces passions, les restreindre à de certaines bornes. Hommes insensés ! Vous prétendez donc être de seconds créateurs plus puissants que le premier ? Ne verrez-vous jamais que tout est ce qu’il doit être, et que tout est bien ; que tout est de Dieu, rien de vous, et qu’il est aussi difficile de créer une pensée que de créer un bras ou un œil ?
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Mettez-vous à genoux, mon enfant, et découvrez ces parties de la chair qui sont les motifs de la colère de Dieu : la mortification qu’elles éprouveront unira intimement votre esprit à lui. Je vous le répète, oubliez-vous et laissez-vous faire. » Mlle Éradice obéit aussitôt sans répliquer. Elle se mit à genoux sur un prie-Dieu, un livre devant elle ; puis, levant ses jupes et sa chemise jusqu’à la ceinture, elle laissa voir des fesses blanches comme la neige et d’un ovale parfait, soutenues de deux cuisses d’une proportion admirable. Alors le Père approcha…
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