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EAN : 9782709637077
400 pages
J.-C. Lattès (04/05/2011)
3.8/5   66 notes
Résumé :

« Une campagne présidentielle, ça se prépare. Le Patron était prêt. Moi aussi. J'allais le faire gagner. J'allais faire en sorte que tout se passe bien, que tous ceux qui, avec moi, dans l'ombre, portaient sa candidature soient au meilleur d'eux-mêmes. Et puis rien ne s'est passé comme prévu. Aujourd'hui, après ce déchaînement de violence, je ne suis plus sûr de rien. Ni de ses chances, ni de lui, ni de moi. » Une rumeur insistante de primaire truquée et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Edouard Philippe et Gilles Boyer ont longtemps été les conseillers de l'ombre d'Alain Juppé. L'un a franchi le pas en devenant maire puis député du Havre. L'autre est resté un "apparatchik".
Délicat de dire auquel des deux le héros, très largement autobiographique, de leur polar écrit à quatre mains, emprunte le plus. D'autant plus délicat quand on connait personnellement les deux auteurs.
Edouard Philippe et Gilles Boyer ont voulu raconter leur travail auprès de leur "patron". Et pour rendre cette narration captivante, ils ont eu recours à une vieille recette éprouvée : le roman policier.
On est à la veille d'une élection présidentielle : le "Patron" a emporté de justesse les primaires face à "Trémeau", sorte de Martine Aubry de droite. Il semble bien parti pour défaire le candidat de gauche. Mais son bras doit apprend que les primaires auraient été truquées. Si une telle révélation était ébruitée, son Patron ne s'en relèverait pas.
Cette intrigue est le prétexte à une description acérée des entourages politiques : ces conseillers, ces communiquants qu'unit à leur Patron une relation complexe, faite d'une fascination admirative, d'une loyauté quasi-inébranlable et d'un cynisme désabusé.
Sans doute le héros, trop courageux dans l'adversité, trop séduisant face au sexe faible, affiche-t-il une autosatisfaction suspecte. Mais c'est la règle du genre.
On se tromperait en imaginant que ce polar est un roman à clés destiné à quelques rares initiés seuls capables d'en identifier les portraits chinois. A partir de leurs expériences, les deux auteurs ont écrit une oeuvre de fiction qui renseigne sur les moeurs politiques en s'abstrayant de la vie politique.
Du coup, "Dans l'ombre" se distingue de ces livres politiques déjà périmés sitôt publiés dont le seul intérêt réside dans les anecdotes déjà éventées qu'ils distillent. "Dans l'ombre" ne fait référence à aucune actualité, à aucune personnalité précise. Il pourrait se dérouler en 2007, en 2012 ... ou en 2017. Son intemporalité n'est pas la moindre de ses qualités.
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C'est un thriller de politique-fiction, co-écrit par deux des hommes les plus proches d'un de nos plus prestigieux ex-premier-ministre. Il décrit la dernière ligne droite d'une élection présidentielle, racontée par l'apparatchik le plus intime, celui en qui le Patron a une confiance absolue, celui qui donne les derniers conseils, qui ose parfois ne pas être d'accord … mais pas souvent. C'est le portrait de Gilles Boyer, dont il y a peu nous faisions la connaissance dans "Lapins et merveilles" de Gaël Tchakaloff. Mais ça, c'était avant ...
Inutile de chercher les clés de ce roman car les personnages sont le résultat de collages. On en retrouve toutefois quelques-unes, mais là n'est pas l'intérêt de cette fiction plus vraie que nature. Car le plus étonnant est que ce gros pavé a été écrit en 2010, donc avant les primaires de la droite et du centre, avant les affaires de trucage de l‘élection à la présidence du parti gaulliste, avant les révélations qui ont mis en pièces un candidat victorieux à une primaire et qui ne pouvait que gagner la présidentielle, dézingué vraisemblablement par des hommes – ou des femmes – de son propre camp.
C'est une plongée en apnée dans le premier cercle des ténors de la politique, au milieu de ceux qui forment l'entourage, les parasites, les petites mains, les barons encombrants, les hommes de la sécurité … Une règle immuable : plus l'élu devient important, plus ceux qui l'entourent se divisent.
L'intrigue tourne autour d'une rumeur, qui éclot au lendemain du résultat serré de la primaire : le scrutin électronique aurait été truqué. Cette rumeur est-elle fondée, et si oui, qui a intérêt à la répandre : l'homme du parti adverse ou la candidate arrivée seconde à la primaire ? le narrateur va s'efforcer de remonter de bien minces pistes, aidé en cela par un jeune militant, fils hyperdoué d'un parlementaire disparu depuis de nombreuses années.
Au-delà des personnages croqués à l'acide, tous gratifiés de pseudonymes, on mesure combien, dans une campagne présidentielle, il est plus difficile de manoeuvrer les Barons que de contrer les arguments des adversaires. « Ceux qu'il vaut mieux avoir dedans à pisser dehors que dehors à pisser dedans ». Comment concocter les investitures qui seront gagnantes aux législatives qui suivent la présidentielle, comment organiser un meeting monstre à la veille du second tour …
Le rôle de l'homme de l'ombre ne consiste pas seulement à acquiescer d'un sourire aux idées du chef mais plutôt à les discuter sérieusement. Ce roman, c'est la complainte désabusée de l'apparatchik, rouage indispensable à une campagne électorale majeure, et qui ne le devient plus dès l'instant où son patron est devenu Président.
Un roman noir, prémonitoire, superbement documenté, au style élégant et percutant … haletant. Savoir qu'il a été écrit en grande partie par notre actuel Premier ministre en souligne tout l'intérêt.
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Dans l'ombre, c'est l'histoire d'une campagne présidentielle pas comme les autres. Une campagne qui bascule dans la violence, troublée par des rumeurs de primaire truquée. le narrateur, un apparatchik, raconte tout : la campagne qu'il mène auprès de son Patron, ses collègues, la violence inhabituelle autour de lui, son métier et, plus généralement, le fonctionnement de la vie politique.

Le côté polar est divertissant, intéressant dans un contexte politique, bien que le suspense ne soit pas toujours à son comble. Je me suis laissée porter par l'intrigue, au fil des indices et découvertes. Je suppose que le dénouement pourrait paraître évident aux yeux de certains lecteurs, mais il semblerait que ma naïveté l'ait emporté. Ainsi, je n'ai rien deviné avant que tout ne soit dévoilé. C'est toutefois assez prenant, de par les informations sur la politique distillées à chaque page et les révélations survenant au fur et à mesure. Peut-être aussi parce que je n'avais jamais lu de polar politique et que la nouveauté m'a emballée.

Du côté des personnages, j'ai mis du temps à m'attacher au narrateur, mais son humour sarcastique l'a emporté. J'ai aussi essayé de déceler ses fêlures profondes, d'analyser ses réflexions et pensées. En bref, j'ai été voir l'homme derrière le masque politique. Ce que j'essaie de faire avec les hommes et les femmes politiques en général, parce qu'une fonction ne détermine pas la personne.

Il faut aussi dire que tout est fait pour que le lecteur se méfie de tous les personnages constituant l'entourage du Patron. le narrateur met en doute leur sincérité, à un moment ou à un autre. Difficile de s'attacher à eux dans ces conditions, mais ils sont tous particulièrement travaillés ; les auteurs ont le souci du détail. C'est l'un des points forts de ce roman. le personnage de Marilyn est sans conteste mon préféré.

Je ne parle pas plus de l'intrigue et des personnages, pour ne rien vous révéler 😉

Un bon polar, c'en est un qui vous parle d'un milieu, qui décrit, analyse la société, ou une partie de celle-ci. Vous l'aurez compris, Dans l'ombre décrypte le milieu politique. Bien sûr, si le sujet ne vous intéresse pas, vous aurez du mal à apprécier votre lecture. Cependant, Dans l'ombre constitue le livre parfait pour en apprendre plus sur ce domaine parfois tabou, souvent rejeté par la population. Il est bien plus utile (et intéressant) que tous les manuels scolaires que l'on peut vous proposer. Ça semble normal, les deux auteurs faisant partie intégrante de la politique, mais ils auraient pu se contenter d'en dire le minimum, de se concentrer uniquement sur l'intrigue, de choisir un narrateur extérieur au milieu… Au lieu de quoi on se retrouve avec tous les travers, les us, les coutumes, les règles explicites et implicites du milieu. Si on m'avait appris tout ça dans mes cours de politique au lieu de m'apprendre… je ne sais plus quoi, j'aurais été beaucoup plus intéressée et motivée (mes cours m'ont tellement servi que j'avais 100% aux examens sans réviser, et que je ne me souviens plus du tout des thèmes abordés…).

En choisissant un apparatchik pour narrateur, Édouard Philippe et Gilles Boyer mettent en lumière ces gens de l'ombre, souvent peu connus de la population, mais ô combien importants. Ce point de vue est instructif, nous en apprend sur un poste dont on parle peu.

Finalement, des critiques ont été émises contre ce roman (plus généralement contre Édouard Philippe, d'ailleurs…), indiquant qu'il était sexiste… Pour avoir lu le roman, donc les passages cités par ces critiques, je crois que ces critiques sont fausses et qu'il faut savoir lire un livre dans son intégralité avant de le juger. C'est facile de vouloir trouver des points négatifs au Premier Ministre dès son arrivée, au point de presque oublier qu'il n'est pas le seul à avoir écrit le roman et que narrateur ne veut pas obligatoirement dire auteur. Je pense notamment à un passage où le Patron, suite à des insultes émises envers une femme, explose en disant qu'il n'accepte pas que l'on parle d'une femme de cette façon (il semble donc que certaines personnes éprouvent de la difficulté à tourner des pages…).
Lien : https://uneviedeslivres.word..
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On sort cassé de ce livre dont on sent, ô combien, il est inspiré par l'expérience des deux auteurs, l'un plus politicien que l'autre qui demeure apparatchik. La trame de l'intrigue s'essouffle assez vite, et la révélation finale n'est pas à la hauteur. Néanmoins, par la description des moeurs des hommes politiques, on est entre le roman et le "documentaire" écrit. Fallait-il que les auteurs soient bien informés des coutumes des partis politiques pour qu'ils prédisent, et expliquent avec détails, ce que pourrait être un vote truqué de primaires à l'élection présidentielle? C'est surtout là où réside le génie du livre.
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Il y a du vécu dans ce récit qui décrit avec beaucoup de subtilité et de réalité, l'âpre lutte qui s'engage dans le microcosme politique pour l'accession au pouvoir. Tout y est réuni : les jeux d'influences, la bataille des égos, les coups bas, les flatteries trompeuses et l'hypocrisie permanente…

La plume des deux co-auteurs est implacable pour narrer l'impitoyable milieu politicard, révélant en son sein toutes les arcanes et les manigances qui s'y trament. Et quoi de mieux qu'un polar pour nous faire découvrir la partie immergée de l'iceberg, pour décrire la noirceur des perversités, reléguée dans ses profondeurs par la splendeur du paraître. Ce très bon livre, original dans la forme mais inhabituel dans la thématique, peut surprendre. Cependant, il a le mérite de mieux faire appréhender au lecteur néophyte, l'environnement du cercle très fermé des politiciens et de leurs acolytes, véritable entre-soi, où l'omerta est la règle. A lire absolument, notamment dans le contexte politique complexe actuel….
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critiques presse (1)
LeMonde
14 juin 2011
Pour Philippe et Boyer, l'essentiel est plutôt d'expliquer la mécanique d'une campagne, le travail des "apparatchiks", les jeux d'alliance. La trame de thriller sert de catalyseur réussi mais presque anecdotique, au fond, à la galerie de portraits qui font le véritable intérêt de Dans l'ombre, car ils éclairent avec intelligence ce qu'est une conquête du pouvoir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un apparatchik. Dans mon monde, les politiques et les apparatchiks vivent ensemble. Ni les uns, ni les autres ne peuvent survivre seuls. L’apparatchik, c’est un guerrier qui sert un maître, un professionnel qui connaît son milieu, qui utilise ses armes, qui pare les coups qu’on veut porter à son patron. C’est un mécanicien, un organisateur, un inspirateur, un souffleur. C’est le bras, les oreilles, les jambes et parfois le cerveau du politique.
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Dans mon monde, on trouve beaucoup de gens qui sont là pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec leur talent politique : des femmes parce qu’il en faut, des veules parce qu’il y en a, des flatteurs parce qu’ils ne représentent rien, et que rien, en politique, c’est souvent moins dangereux que quelque chose. Tous ceux-là, je fais avec. Mais ceux que je ne peux pas supporter, ce sont les apparatchiks qui se prennent pour des politiques.
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Une campagne présidentielle, ça se prépare. Le Patron était prêt. Moi aussi. J'allais le faire gagner. J'allais faire en sorte que tout se passe bien, que tous ceux qui, avec moi, dans l'ombre, portaient sa candidature soient au meilleur d'eux-mêmes. Et puis rien ne s'est passé comme prévu. Aujourd'hui, après ce déchaînement de violence, je ne suis plus sûr de rien. Ni de ses chances, ni de lui, ni de moi. »
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Elle avait en elle cette imperceptible sécheresse des femmes qui ne seraient jamais mères, ce qui en faisait, assurément, une redoutable politique : un cœur d’homme dans un corps de femme.
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Nous avions tellement de mal à cicatriser les plaies de la primaire que chaque détail serait examiné à la loupe. La tension était encore vive, et pourtant, il fallait qu’elle soit impalpable.
Cette femme, objet de toutes nos détestations, aurait donné cher pour être ailleurs, comme c’est souvent le cas des hommes ou femmes politiques de haut niveau.
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Videos de Gilles Boyer (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilles Boyer
Dans le 149e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Jeanne, premier tome sur trois de Crénom, Baudelaire, adaptation du roman de Jean Teulé par Tino et Dominique Gelli et publié chez Futuropolis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l'album Le prof qui a sauvé sa vie que l'on doit au scénario d'Albert Algoud, au dessin de Florence Cestac et c'est édité chez Dargaud - La sortie de l'album Au nom de Catherine, adaptation d'un roman de Julia Billet par Mayalen Goust au dessin et c'est édité chez chez Rue de Sèvres - La sortie de Salamandre, titre que l'on doit à Ian Culbard et aux éditions 404 comics - La sortie de l'album Trois chardons que l'on doit à Cécile Becq et aux éditions Sarbacane - La sortie de l'album Dans l'ombre, adaptation du roman conjoint d’Édouard Philippe et Gilles Boyer, c'est Philippe Pelaez qui en signe le scénario, Cédrick Le Bihan le dessin et c'est co-édité par Jean Claude Lattès et Grand angle - La réédition de La guerre de Catherine pour les 10 ans de Rue de Sèvres, roman de Julia Billet qu'adapte ici Claire Fauvel
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