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EAN : 9782070426959
526 pages
Gallimard (15/01/2003)
3.76/5   62 notes
Résumé :
Là où il y a des hommes, il y a des dieux, des ancêtres, des esprits, des sorciers et des démons. Pourquoi ?

Dans cet ouvrage novateur, Pascal Boyer résout l'énigme en l'abordant sous trois angles différents
D'abord, les résultats de l'ethnographie moderne démontrent l'étonnante diversité des religions humaines mais aussi l'existence, sous ce foisonnement, de thèmes récurrents, de caractéristiques universelles.
Ensuite, les sciences du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre fait partie de mon "best of" personnel des essais et livres de vulgarisation scientifique de haut vol.
Pourquoi ? Parce qu'il a marqué profondément et durablement ma pensée. J'ajouterais même qu'il m'est impossible de penser actuellement la question dont il débat comme je la pensais auparavant. Il y eut donc un AVANT et un APRÈS.
Pascal Boyer se propose de réfléchir scientifiquement à l'épineux problème de la croyance religieuse par le biais des structures et mécanismes cérébraux qui la sous-tendent. Ainsi comme le dit l'auteur, cette question qui est souvent tranchée entre le fromage et le dessert lui a demandé, à lui, une vie de chercheur.
Il a donc été fouiner dans un grand nombre de croyances, de cultes, et de cérémonies pour essayer de dresser l'inventaire des caractéristiques communes à ces formes de croyances, si différentes à première vue.
Cela l'a amené à considérer les croyances en lien avec la question des origines (ces fameux récits mythiques dont parle si bien Jean-Claude Carrière).
Il s'est ensuite posé la question du surnaturel. Question apparemment anodine mais qui nous emmène déjà loin.
Ensuite, il s'est intéressé d'un point de vue neuro-cognitif au fonctionnement du cerveau. Quels sont les raccourcis ou les approximations, opérations ordinaires du fonctionnement cérébral, le plus souvent hyper efficaces dans la vie de tous les jours, mais qui ne sont pas sans conséquences quand on traite des chaînes causales de conséquences qu'impliquent les croyances. Il en vient à un moment à montrer que c'est la même structure déductive qui est à l'oeuvre chez l'enquêteur méticuleux, le scientifique ou le croyant. Je ne vais pas développer chaque point de l'argumentaire, mais c'est une vision très respectueuse de la croyance, le but n'étant pas de les juger mais de les comprendre.
Chemin faisant il analyse le rôle du souvenir dans les croyances, les incontournables que doivent posséder des croyances pour être crédibles (en gros, et en faisant un raccourci odieux par rapport à l'auteur, qu'est-ce qui fait que la même personne croira en un dieu omniscient et pas au Père Noël), l'importance des rituels, la distinction entre dieux et esprits, le lien entre les croyances, la morale et le malheur, etc., etc.
Le tout pour finir par aborder "LA" question qu'il se posait au départ : "Pourquoi croit-on ?"
En somme, un livre éblouissant, édifiant, à lire, que l'on soit croyant fidèle parmi les fidèles ou athée des plus coriaces, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose, du moins je crois.
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Ma grand-mère m'en racontait des conneries, presque autant que ma mère, mais pas autant que mon père, qui lui était plus souvent alcoolisé que conscient de mon existence faisant des petites pauses stratégiques en s'allongeant sur le parquet pour rejoindre sa chambre d'un pas feintant de droite à gauche…

Enfin bref ma grand-mère voulait que je récite une petite prière tous les soirs, et que je fasse des rêves rose et bleue, avant d'éteindre cette putain de lumière s'évanouissant par la porte laissée ouverte entrainant systématiquement des bruits démoniaques très inquiétants plus flippants les uns que les autres… Alors fantôme ? esprit ? rien de très rassurant, mon coeur s'emballait honteusement à mesure que ma tête s'enfouissait sous la couette…

♫ Et tous les soirs , il fallait que ça r'commence,
You kaïdi aïdi aïda….♫

oui mais j'étais petit, élevé au « notre père » par des mères qui croient que Marie était vierge, d'ailleurs « je vous salue marie »… et que le sida c'est pour les pédés, et que les noirs ce n'est pas terrible terrible…

Aujourd'hui je suis devenu athée, mais je crois quand même au Dieu qui se nomme « Fellationos » frère par alliance et souvent boudé de « Eros »… et dans cette religion comme dans toutes : il existe aussi quelques rituels importants dont un qui a retenu mon attention :

une femme ou un homme doit se mettre à genoux, peu importe qu'il soit pur ou impur : mon Dieu dans sa grande miséricorde n'a pas de yeux, par contre il a un nez donc merci de faire une petite toilette parfumée avant l'acte de foi… Il n'est pas nécessaire d'échanger des prières, empoignez le bâton de l'éternel et envoyez-le dans la bouche de l'enfer pour affronter les tourments du plaisir divin, précédant la communion de ses deux fidèles bénis par un liquide laiteux d'un blanc angélique :

Oh mon dieu, oh mon dieuuuuuuuu,
avale, avale ceci est mon corps,
cul sec cul sec ceci est mon sang…

Ensuite embrassez votre partenaire d'un "bison" sur le front, évitant tout contact avec la bouche du démon souillée par toutes ces progénitures gâchées…

Il en existe d'autres ou les croyants sont à 4 pattes, les yeux bandés, les jambes levées, bref l'imagination offre des déclinaisons tout aussi divines à l'infini...

Pas de sacrifices morbides, d'animaux égorgés, d'humains sacrifiés, en cas de désaccord il existe les orgies pour régler divers problèmes rencontrés au « sein » de notre communauté… et comme on a toujours des problèmes…

Pour tout pèlerinage, merci de m'adresser une lettre de motivation accompagnée d'une photo, par contre je fais partie de la branche hétéro-clitoridienne du « fellationisme » donc je fournis le bâton de l'éternel, mais pas la bouche de l'enfer, donc si tu as le cul en feu : n'hésite plus…

A damner les « seins » bordel de cul…

"Sinon Ceci n'est pas une critique.
Seulement un renvoi vers une très belle critique de BVB09 qui renvoie à des très belles critiques, auxquelles je ne pourrais rien ajouter, de ce livre que je lis moins que je n'étudie…. "

Pour ma part c'est un bouquin complexe qui me conforte dans mon opinion sur les religions d'une manière inhabituelle et franchement passionnante…

Amen les copains…
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Cet essai de Pascal Boyer est une ébauche de réponse à une question cruciale (et qui l'est d'autant plus quand on est athée) : pourquoi y-a-t-il eu des religions, des esprits, des rituels, qui se sont développés sur toute la planète ? Les réponses généralement données sont peu satisfaisantes et bien souvent destinées à mettre en valeur son camp (pour caricaturer, on nous donne le choix entre « la religion est ce qui distingue l'homme d'une bête sauvage sanguinaire » ou « ce sont tous des imbéciles crédules qui gobent n'importe quoi »).

Pour nous permettre de comprendre le phénomène religieux, l'auteur nous fait faire un large détour par les dernières découvertes en psychologie cognitive : comment notre cerveau organise les informations qu'il reçoit et produit des systèmes d'inférence, qui nous permet généralement de faire des raccourcis efficaces quand de nouvelles informations nous parviennent. Parmi tous les concepts surnaturels imaginables, seul un petit nombre respectant des caractéristiques précises active une grande quantité de systèmes d'inférence, ce qui nous permet de les absorber très facilement. Pascal Boyer aborde également les mécanismes d'apprentissage chez l'enfant, la manière dont les êtres humains forment des sociétés, … pour compléter le tableau.

La grande force de l'ouvrage est de fournir un raisonnement qui permet de reconstituer une histoire crédible des religions qui part des débuts de l'humanité jusqu'à nos jours, et qui ne se focalise pas sur une zone géographique particulière. Les esprits des ancêtres, les Êtres Suprêmes, les dieux locaux sont tous logés à la même enseigne.

La seule difficulté de l'ouvrage est que l'auteur part parfois de très loin pour expliquer un phénomène, et doit nous présenter beaucoup de concepts avant de nous le déchiffrer. Remettre toutes les pièces du puzzle en place m'a demandé un certain travail après chaque chapitre.

Cet essai est en tout cas éclairant. S'il ne se termine pas par une réponse catégorique, il fournit un large éventail d'explications possibles, et a répondu à beaucoup de mes propres interrogations. Je le recommande chaudement !
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Ceci n'est pas une critique.
Seulement un renvoi vers deux très belles critiques, auxquelles je ne pourrais rien ajouter, de ce livre que je lis moins que je n'étudie.
Il fait partie des -rares- livres qui déclenchent chez moi de véritables ondes de plaisir intellectuel, moi qui n'en suis pas un.
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J'ai lu beaucoup de livres sur la religion, et il en est peu à la fin desquels je n'en savais pas plus qu'au début de ma lecture.

Celui-là fait partie de ceux qui n'apprennent rien, et pire : qui entretiennent la confusion sur le sujet.

En cause, premièrement : une absence de définition précise de ce qu'est la religion. L'auteur nous dit gentiment que si nous pensons que la religion se limite aux formes occidentales, alors nous devrions voyager un peu. Certes. Mais est-ce à dire qu'il faudrait traiter sur le même plan les grands monothéismes, le Taoïsme, le Bouddhisme, le "chamanisme" (terme que l'auteur ne se gêne pas pour employer alors qu'il ne renvoie à rien de précis), les rituels des sauvages, les superstitions, etc etc ? Probablement pas - et une définition ainsi qu'un raisonnement rigoureux empêcheraient de commettre cette erreur.

L'auteur considère ainsi pêle-mêle toute une variété de croyance et tente de les analyser extérieurement, sous le prisme "cognitif". C'est une analyse tellement générale qu'elle ne mène pas bien loin dans la compréhension de la religion.

L'auteur a raison d'écarter dès le début des préjugés un peu simplistes sur la religion, mais il ne s'embarrasse pas pour commettre les mêmes erreurs de raisonnement, c'est-à-dire de ne jamais chercher à comprendre intérieurement et profondément ce que la religion dit. Il a raison de considérer comme une fraude les scientifiques qui tentent de donner une origine historique à la religion, mais il oublie de penser qu'une origine n'est pas attachée à un lieu et une époque en particulier, et que les raisons d'être métaphysiques profondes d'une religion peuvent être comprises et retrouvées peu importe l'époque.

Mais il est manifeste que l'auteur manque du bagage théologique et métaphysique nécessaire pour comprendre ce qu'est la religion. Il pense que son expérience chez les Fang, probablement très dépaysante, lui permet de déduire tout un tas de conclusions générales. le propos tout au long du livre est simple voire simpliste, les exemples sont pour la plupart stupides et superfétatoires et masquent parfois même une absence totale de raisonnement logique. Cela est souvent la marque des ouvrages de "vulgarisation" : un auteur qui souvent ne comprend même pas lui-meme son sujet en profondeur, simplifie à outrance son propos, pour satisfaire la curiosité du lecteur moyen qui ne s'embarrassera pas de savoir s'il y a un peu de profondeur là-dessous, ou non.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
La façon dont un rituel produit un certain effet est mystérieuse, même pour les gens concernés. Personne ne sait pourquoi dire ceci ou faire cela a pour effet de marier deux personnes, en guérir une ou autre chose. […] Une cause indéniablement réelle mais indiscernable a provoqué un effet visible. Quelque chose dans l'initiation change les garçons en hommes, sans qu'on puisse dire quoi. Quelque chose dans le mariage transforme vraiment deux personnes en couple, mais cela reste mystérieux. […] Ce qui compte pour les rituels et les rend pertinents, c'est qu'on considère les effets sociaux comme le résultat des actes prescrits. Cela crée inévitablement un vide causal. Comme notre esprit est conçu pour se représenter les interactions entre agents, la plupart des gens comblent ce vide en y plaçant les dieux ou les ancêtres ; mais des abstractions comme « nos traditions », « la société » peuvent jouer à peu près le même rôle.
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On comprend mieux la réaction fondamentaliste si on décrit plus en détail ce qui rend l'influence moderne si scandaleuse dans un contexte religieux, et si l'on envisage cette réaction comme un processus de coalition. Le message véhiculé par le monde moderne n'est pas seulement qu'il existe d'autres façons de vivre, que des gens peuvent ne pas être croyants, ou croire autrement, ou se libérer des contraintes de la morale religieuse ou (dans le cas des femmes) prendre leurs décisions sans l'autorisation des hommes. Le message du monde moderne est aussi que l'on peut faire tout cela *sans payer le prix fort*. Les non-croyants et les fidèles d'autres religions ne subissent pas l'ostracisme ; ceux qui cessent d'obéir à la morale religieuse conservent une position sociale normale tant qu'ils respectent les lois ; et les femmes qui se passent de l'autorité des hommes n'en subissent pas de conséquences visibles. Ce « message » moderne nous paraît tellement évident que nous ne voyons plus à quel point il menace les interactions sociales fondées sur la pensée coalitionnelle. Du point de vue d'une coalition religieuse, le fait que le monde moderne permette des choix nombreux sans en faire payer le prix signifie que *la défection ne coûte rien* et qu'elle est donc *très probable*.
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L'une des activités des premiers hommes modernes, qui est toujours largement pratiquée et nous distingue des autres espèces, est l'échange d'informations de toutes sortes, non seulement à propos de ce qui est mais aussi de ce qui devrait ou pourrait être, non seulement sur ce que l'on sait ou ressent mais aussi sur des projets, des souvenirs, des hypothèses. Le milieu spécifique de l'homme, c'est l'information, notamment l'information fournie pas d'autres hommes. C'est sa niche écologique.
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Bien que nous ayons tendance à le mépriser et à minimiser son importance, le colportage de cancans compte parmi les activités humaines les plus fondamentales. Universellement pratiqué, apprécié et méprisé, il est aussi important pour notre survie et notre reproduction que les autres capacités cognitives ou dispositions émotionnelles. Pourquoi ? On le comprendra mieux si l'on se rappelle que les cancans sont des informations sur nos semblables, de préférence celles qu'ils aimeraient ne pas divulguer, et concernent surtout des sujets de valeur adaptative comme le statut social, les ressources et la sexualité. Le commérage perd beaucoup de son attrait lorsqu'il s'éloigne de ces sujets, comme le démontre notre attitude envers ceux qui collectionnent ou échangent fiévreusement des connaissances dans d'autres domaines. Pensez par exemple à ces « fans » qui ne discutent que des disques ou concerts de leur groupe préféré, se disputent pour savoir où la photo de leur dernier album a été prise, etc. [...] Nous estimons que ces gens passionnés par des sujets sans intérêt pour les interactions sociales ne sont pas tout à fait normaux.
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L'une des plus belles réussites de la psychologie sociale, c'est d'avoir montré combien il est facile de créer de forts sentiments d'appartenance et de solidarité entre des personnes arbitrairement réparties en groupe. Il suffit de leur dire qu'elles font partie des Bleus ou des Rouges. Une fois leur appartenance au groupe définie, on leur fait accomplir une tâche simple [...] avec les membres de leur équipe. Très rapidement, les sujets se montrent mieux disposés envers les membres de leur groupe qu'envers les autres. Ils commencent aussi à percevoir des différences, en faveur de leur groupe bien sûr, en terme de beauté, d'honnêteté et d'intelligence. Ils se montrent plus enclins à tromper ou à maltraiter les membres de l'autre groupe. Même lorsque les sujets savent que la division en groupes et entièrement arbitraire, même lorqu'on leur en fournit la preuve, ils ont du mal à ne pas éprouver ces sentiments et à ne pas croire qu'il existe quelque trait essentiel sous-jacent à l'appartenance du groupe.
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Vidéo de Pascal Boyer
Le cerveau et l'intelligence nous fascinent. Et nous interrogent : quelle place occupent nos facultés cognitives, tant dans la longue histoire de l'humanité, que dans la vie d'un homme ?
Pour en parler, Guillaumer Erner reçoit Pascal Boyer, anthropologue et Jérôme Pellissier, psychothérapeute.
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