Combinées avec la théorie de l'évolution, la psychologie et l'anthropologie deviennent psychologie et anthropologie évolutionnistes. En simplifiant, l'idée de base est que puisque les contraintes évolutives s'exercent aussi sur le cerveau en tant que substrat biologique des processus psychiques, beaucoup sinon toutes nos émotions et motivations morales a la base de nos comportements et de nos attitudes sont les produits d'une interaction entre les pressions sélectives et culturelles.
Tout cela est passionnant et se tient théoriquement, mais reste plus-ou-moins spéculatif tant que la psychologie, l'anthropologie, la biologie, les neurosciences et la génétique ne seront pas en mesure d'apporter des confirmations de maniere croisée. En attendant, c'est un jeu de puzzle intellectuel, a la maniere de ce que font aussi les spécialistes en psychologie sociale, pour tenter de relier ainsi les éléments importants de l'humanitude (famille, croyances, religion, conflit et coopération, échanges commerciaux, justice sociale, etc...) a leurs racines évolutionnistes.
La psychologie et l'anthropologie évolutionnistes sont encore des embryons de sciences avec beaucoup de marge laissée a l'interprétation plus ou moins intuitive (l'expérimentation y est problématique) et c'est peut-etre la raison pour laquelle les travaux sur le sujet restent relativement peu nombreux. Tout en étant accessible, cet ouvrage académique exige une lecture attentive et critique, réservée aux amateurs éclairés enclins a sortir du domaine des certitudes.
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L’ensemble de ces analyses, dont les objets sont très variés, permet au lecteur de porter un regard neuf sur les comportements sociaux les plus courants, et de s’interroger, par-delà certains préjugés, sur les structures plus fondamentales qui les rend possible au sein de l’esprit humain.
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Les humains dépensent beaucoup d’énergie dans les conflits, entre individus et entre groupes. La fréquence et la nature des conflits, et leur tendance à déboucher sur de la violence, varient beaucoup selon les lieux. Qu’est-ce qui explique de telles différences ? Le conflit entre humains est-il une conséquence inévitable de leur nature ? Autrefois, on pensait qu’il existait une pulsion agressive chez les humains qui était libérée de temps à autre, un peu comme lorsque la pression monte à l’intérieur d’une cocotte jusqu’au moment où la vapeur s’échappe par la soupape de sécurité. S’agit-il d’une description raisonnable des motivations humaines ? Si non, quelle est donc l’explication de la violence et de l’agressivité ?
La science est ce que l’on a trouvé de mieux jusqu’à présent pour comprendre le monde. Une science de ce qui constitue les sociétés humaines est, à n’en pas douter, éminemment souhaitable. Or, jusqu’à peu, il n’existait rien de tel. Ce n’était pas faute d’avoir essayé. Des siècles durant, les spécialistes ont accumulé toutes sortes de données pertinentes sur différents types de sociétés. Ils ont essayé de comparer les endroits et les périodes pour donner un sens à l’ensemble, souvent en cherchant, sans grand succès, des principes sociaux ou historiques qui auraient eu la clarté des lois naturelles.
À un certain stade de leur histoire, les sciences sociales ont commis l’erreur désastreuse de décréter que la psychologie et l’évolution étaient sans importance. L’idée était que la compréhension de l’histoire et des sociétés humaines ne demanderait pas une connaissance poussée de la manière dont les humains ont évolué ni de leur biologie. Selon ce point de vue, la raison pour laquelle nous avons des poumons et des cœurs, la manière dont fonctionnent notre digestion et notre reproduction, n’ont rien à nous apprendre sur la prise de la Bastille ou la révolution industrielle.
Pourquoi les gens veulent-ils avoir des rapports sexuels ? Parce que c’est agréable. Pourquoi les humains aiment-ils tellement le gras et le sucré ? Parce qu’ils ont bon goût. Pourquoi détestons-nous le vomi ? Parce qu’il a une odeur épouvantable. Pourquoi la plupart des gens apprécient-ils la compagnie des personnes drôles ? Parce que rire, ça fait du bien. Pourquoi les gens sont-ils souvent xénophobes ? Parce qu’ils préfèrent leurs propres mœurs et coutumes à celles des autres.
La différence entre un comportement moral et un comportement immoral ne tient pas aux propriétés des comportements eux-mêmes. Selon les circonstances, il peut être criminel de donner votre argent, tout comme il peut être louable de frapper quelqu’un. La valeur morale des actions ne pouvant être observée directement, les esprits humains doivent « peindre » des qualités morales sur les comportements.
Le cerveau et l'intelligence nous fascinent. Et nous interrogent : quelle place occupent nos facultés cognitives, tant dans la longue histoire de l'humanité, que dans la vie d'un homme ?
Pour en parler, Guillaumer Erner reçoit Pascal Boyer, anthropologue et Jérôme Pellissier, psychothérapeute.
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