Passion politique : Carnets d'une militante

Dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babelio, j'ai reçu "Passion politique" de la part des éditions Riveneuve.
Elisabeth Boyer s'expose et expose le monde politique dans lequel elle a gravité pendant plusieurs décennies. C'est un regard sans concession qu'elle pose sur des moments importants de sa vie de militante politique au sein de Génération Ecologie, de Convergence Ecologie Solidarité, du PRG ( Parti des Radicaux de Gauche).
Du parlement européen au secrétariat général du PRG, en passant par différentes élections, ses expériences sont multiples et certaines sont bien amères. le pouvoir et l'ambition sont deux des moteurs des politiques qui pervertissent les idéaux premiers des militants. le fait d'être une femme idéaliste et à tendance écologiste ne lui a pas rendu service dans ce monde d'homme.
J'ai trouvé la narration des carnets assez étranges car, contrairement à ce que je pensais, ils n'étaient pas chronologiques. Et je ne leur ai pas toujours trouvé de cohérence dans leur apparition. On dirai que la plupart des récits sont des souvenirs notés bout à bout. J'ai trouvé le livre déstructuré.Un dernier reproche : Parfois, l'auto éloge est agaçant...
Par contre, c'est assez vivant : J'ai trouvé l'écriture fluide et agréable à lire. Et cela donne une bonne représentation de la réalité du monde militant politique. Et surtout de ce qu'est la vie d'une militante politique qui n'est pas fille de... Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas pavée de rose la route de la militante... Peut être d'épines?

D'une écriture vive, directe, parfois ironique ou enthousiaste, Elisabeth Boyer nous entraîne dans l'envers du décor d'un parti politique, le Parti Radical de Gauche. Ce qu'on y découvre n'est guère reluisant : courtisanerie, machisme, alliances de circonstances, coups bas, intérêt général détourné pour satisfaire des désirs personnels ou se maintenir coûte que coûte au pouvoir... On s'en doutait un peu, mais sous la plume d'Elisabeth Boyer, cette réalité prend les allures d'un formidable gâchis. Si l'auteure n'a pas perdu la foi dans la chose publique, en quoi elle a bien du mérite, elle ne l'a visiblement plus dans les hommes et les femmes qui nous représentent sur le plan local, national et européen. Seule la parole des militants et des citoyens comme vous et moi semble encore sincère à ses yeux. La politique use, et il faut du courage et de la détermination pour tenir le coup, et faire avancer ses idées, son idéal, particulièrement pour une femme. Obligée de choisir entre deux caricatures pour s'imposer (la "camionneuse" et la "poupée"), la femme politique est plus que jamais en quête de légitimité.

Ces « carnets » d'une militante sont très intéressants, à plus d'un titre.
D'abord parce qu'on n'avait jamais vraiment imaginé à quoi pouvait ressembler la vie interne d'un micro parti comme le Parti Radical de Gauche, et qu'on en a là un aperçu assez saisissant – et ça n'est pas très ragoûtant.
Après parce qu'Elisabeth Boyer, en nous racontant son parcours ( de manière assez déstructurée à vrai dire), nous fait vraiment saisir de quoi est fait le quotidien d'un militant, d'un responsable de parti, quels sont les ressorts de sa motivation et de son action, les milieux dans lesquels il évolue ; et ça répond en partie à une interrogation évoquée dans le livre lui-même : que font vraiment de leurs journées les députés, conseillers régionaux, députés européens.. ?
Le livre raconte aussi sans fard les coulisses d'un monde cynique et dur, où les alliances se font et se défont sans prévenir et pour des enjeux qui peuvent paraître dérisoire (un bureau, la présence à une inauguration) mais qui ne le sont pas vraiment, où on est licencié par son employeur sans l'avoir vu venir parce qu'on n'a plus l'heur de plaire, où l'on est envoyé en mission électorale pendant 2 mois à l'autre bout de la France. A lire d'urgence pour ceux qui auraient des illusions ou qui voudrait s'engager personnellement dans la vie politique pour savoir à quoi s'attendre.
Le livre est aussi une truculente galerie de portraits, qu'ils soient connus (Bernard Tapie retournant une réunion pour le fun au Parlement européen, Christiane Taubira qui pète un plomb dans une voiture…) ou moins connus (les nombreux anonymes du PRG que l'auteure a côtoyé pendant 20 ans).
Le tout est bien sûr teinté de l'amertume de l'ex Secrétaire Générale du PRG, débarquée après les Primaires fin 2011 pour avoir soutenu Martine Aubry contre le choix du ralliement du Président Baylet à Hollande.
Enfin, Elisabeth Boyer nous livre à de nombreuses reprises ses plaidoyers pour le radicalisme, sa glorieuse histoire et son riche avenir (du moins pour elle), et quelques thèmes qui lui sont chers. Cette partie du livre n'est pas la plus intéressante et ressemble plutôt à une contribution pour un Congrès Radical !
Au global, une lecture certes rapide et parfois un peu inconsistante, mais qui nous en apprend beaucoup sur les moeurs politiques françaises actuelles, avec un vrai point de vue personnel sans détour et sans fard. Rare et appréciable.
Je précise que ce livre m'a été offert par le site Babelio et les éditions Riveneuve dans le cadre de l'opération Masse critique.

Lien : http://lespicilege.wordpress..