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4,12

sur 280 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
" Les racistes sont des gens qui se trompent de colère "
Je voulais commencer cette critique par cette citation de Léopold Sédar Senghor.
En 1997 T.C Boyle recevait le prix Médicis étranger pour son roman "America".
"America" est le récit d'une rencontre, deux communautés que tout oppose.
" America "est une jeune mexicaine de 17 ans, elle a suivi son mari Candido dans l'espoir de trouver un monde meilleur, le fameux rêve américain.
Delaney lui est le brave gars, il a une belle maison dans le quartier d'Arroyo Blanco, une belle voiture...
Il est plus préoccupé par l'écologie et la faune du désert.
A la suite d'un accident de la route Delaney se sent mal, la victime est Candido.
Delaney va être confronté à la xénophobie ambiante.
T.C Boyle nous raconte dans un style épuré une histoire où deux communautés sont prêtes à tous tous les excès.
Terrible constat, vingt ans plus tard Donald Trump est aux manettes de cette Amérique avec comme projet la construction d'un mur.
Du côté de l'Europe des odeurs nauséabondes véhiculées par des gens soucieux de notre bien-être voudraient fermer nos frontières.
Moi j'ai une image qui me hante, c'est cet enfant sur une plage, mort noyé, seul...
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América. le rêve à portée de main ? Oui mais... mais non. Candido et son épouse América vont en faire l'expérience, amère. Arrivés en Californie, à la porte d'une corne d'abondance, ils se retrouvent coincés dans une fange inimaginable. Terrés dans ce canyon où la chaleur vous cuit la peau, sans un toit, sans nourriture sauf celle qu'ils peuvent (parfois) s'acheter au chinois du coin, la moins chère et qui se mange dans une boite réchauffée sur un feu de brindilles. Pas de savon ni de brosse pour les dents ou les cheveux, une robe pour elle, un vieux pantalon et des chaussures en pneu pour lui. Et tous les jours, on tente sa chance pour vendre sa force de travail sur le marché aux esclaves.

Delaney et son épouse Kira sont venus s'installer dans ce coin paradisiaque pour être dans la nature, vivre au bon air et loin de la ville, avec le jeune fils de Kira. Il écrit des articles sur les animaux qui peuplent cette contrée, elle vend des belles maisons. La petite communauté dans laquelle ils habitent est paisible. Delaney entretient peu de rapports avec son voisinage, il partage peu leurs idées concernant l'immigration. Ainsi se démarque-t-il lors de projet visant à construire un mur tout autour de la communauté afin de refouler les migrants. Lui ne veut pas, il ne comprend pas se repli sur soi et estime que chacun doit avoir sa chance, s'installer où il le souhaite et trouver un travail pour nourrir sa famille. Mais un coyote mal intentionné vient bouffer sous ses yeux ses deux petits chiens. Sa femme prend dès lors le parti de ceux qui souhaitent le mur.

Toutefois, ce n'est pas le premier signe d'alerte du changement dans cette famille. En fait tout commence par un accident. Delaney renverse Candido un soir avec sa voiture. Candido gravement blessé refuse d'aller se faire soigner, Delaney lui propose vingt dollars. C'est ainsi que ces deux personnages se rencontrent et vont se recroiser pour le pire... et le meilleur ?

Ce roman est très bien construit et bien écrit. J'ai beaucoup aimé. Je l'ai vu comme un hommage au roman de Steinbeck « Les raisins de la colère », actualisé entre le Mexique et l'Amérique de nos jours. A cet égard T.C. Boyle met en exergue une citation dudit roman : « Ils ne sont pas humains. Un être humain ne vivrait pas comme eux. Un être humain ne pourrait pas supporter d'être aussi sale et malheureux. »

T.C. Boyle va décrire dans América la vie des migrants, les wetbacks comme on les appelle parce qu'ils ont le dos mouillés en traversant la rivière, et va montrer comment un homme ou une femme peut basculer dans la folie parce que la douleur est trop vive, insupportable. C'est bien écrit et j'ai ressenti toute la peine pour América, Candido mais également j'ai eu à me poser les mêmes questions que Delaney et cela fait réfléchir... Un excellent roman.
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Delaney Mossbacher rentre un soir dans sa cité pavillonnaire sécurisée, et renverse un homme, celui ci malgré ces blessures s'enfuit. L'homme est un clandestin, un chicano qui a franchit la frontière avec son épouse América et qui vivent cachés dans un cabanon en attentant des jours meilleurs.Delaney lui le progressiste, pronant la tolérance et écologique acharné, prend peur et voit dans cet accident un danger pour sa vie de nanti , protégé et respectueux des lois. Alors, Delaney sombre dans une paranoia qui l'amène à récuser tous ces idéaux.Et si cet homme portait plainte ?
T;C. Boyle met face à face deux mondes qui vont s'affronter par l'intermédiaire de Delaney et Candido. Boyle montre avec un talent incroyable comment Delaney oublie ces principes dès lors qu'il sent une menace sur les siens et que son imagination se met à dérailler.
Un portrait saisissant, de deux destins qui s'opposent, la peur de voir son petit monde bien établi s'effondrer. Les conditions de vie (de survie plutôt) de Candido et América sont insupportables et le basculement de Delaney vers une radicalité à l'opposé de ces croyances sont formidablement décrits. le roman sonne avec une justesse glaçante. Et Boyle de taper sur la tête de cette grande Amérique hypocrite, donneuse de leçons. C'est tellement plus facile chez les autres. Boyle dresse un réquisitoire sans appel, un uppercut qui vous laisse KO. Un roman implacable, impressionnant, dérangeant et terriblement d'actualité.
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Cándido et América sa compagne sont deux émigrés mexicains illégaux en Californie. Ils s'efforcent de trouver du travail pour subvenir à leurs besoins, et vivent dans des conditions plus que rudimentaires.
Delaney et son épouse Kyra sont deux Américains de la classe moyenne supérieure, bien installés dans la société, lui écrivain, libéral au sens américain du terme, elle responsable dans une agence immobilière des quartiers huppés de Los Angeles.
Nous assisterons au choc de ces deux mondes. Les espoirs des uns se heurtent à la dure réalité, et les idées généreuses des autres sont ébranlées.
Voilà un livre cruel, qui nous fait parfois rire jaune, mais où, au bout du compte, la force de la vie l'emporte.
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La coexistence des deux mondes que décrit l'auteur, celui opulent des citoyens californiens et celui misérable des mexicains immigrés clandestins, laisse un fort sentiment de malaise. Chacun dans sa propre logique tolère l'intolérable jusqu'à perdre toute humanité. le résultat est glaçant, d'autant plus que l'auteur ne laisse entrevoir aucune perspective de solution. Qu'attendre d'un système économique qui conduit les plus riches à construire des murs pour se protéger des pauvres, acculés à tout pour simplement survivre? Ce roman a été publié pour la première fois en 1995, mais la réalité qu'il reflète ne s'est certainement pas vraiment améliorée, et pas seulement en Californie. Un roman instructif à lire.
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Livre publié aux Etats-Unis en 1995, il a obtenu le prix Médicis étranger, en France en 1997.
Voilà quelques temps que je n'ai pas lu de livres de T.C. Boyle et j'ai retrouvé son style dans ce roman pour mon plus grand bonheur. C'est l'histoire de Candido et America contre Delaney et Kyra. C'est l'histoire de deux mexicains clandestins qui cherchent à gagner leur vie dans la périphérie de Los Angeles. Et c'est aussi l'histoire de deux américains qui découvrent ce monde clandestin et veulent absolument l'ignorer et se barricader. L'auteur alterne de manière fluide, les chapitres sur les 2 histoires. Ils vivent en parallèle, et se côtoient de manière furtive. le destin des mexicains semblent tout tracé. Il s'agit bien d'un drame. Cependant quelques surprises ne sont pas impossibles. Boyle sait ménager ses effets et nous sommes en empathie avec ces 2 clandestins sur qui le malheur semble s'acharner. Ce livre écrit il y a 25 ans n'a pas pris une ride et l'histoire est plus que jamais d'actualité, aux Etats-Unis et également en Europe.
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Cándido et América sa compagne sont deux émigrés mexicains illégaux en Californie. Ils s'efforcent de trouver du travail pour subvenir à leurs besoins, et vivent dans des conditions plus que rudimentaires.
Delaney et son épouse Kyra sont deux Américains de la classe moyenne supérieure, bien installés dans la société, lui écrivain, libéral au sens américain du terme, elle responsable dans une agence immobilière des quartiers huppés de Los Angeles.
Nous assisterons au choc de ces deux mondes. Les espoirs des uns se heurtent à la dure réalité, et les idées généreuses des autres sont ébranlées.
Voilà un livre cruel, qui nous fait parfois rire jaune, mais où, au bout du compte, la force de la vie l'emporte.
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Livre poignant sur les conditions des émigrants mexicains en Californie dans les années 90.

Tragique bien évidemment, mais encore plus si on se rend compte que rien n'a changé 30 ans plus tard, et que cela est universel. Il suffit de regarder les migrants en méditerranée pour s'en rappeler.

Je savais la condition de ces Mexicains illégaux difficile, je ne l'imaginais pas à ce point dramatique.

Boyle a réussi un grand livre à mon humble avis.
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The Tortilla Curtain
Traduction : Robert Pépin

Souffle, réalisme, rigueur et humanité sont les principales qualités de ce livre qui reçut, en 1997, un Prix Médicis Etranger largement mérité.

Boyle y traite de l'immigration mexicaine clandestine aux USA et des différentes conséquences que cela peut avoir sur les communautés WASP. Pour ce faire, il a choisi comme héros deux hommes qui, bien que de culture différente, ont beaucoup de points communs. L'un de ces points - le principal, peut-être - c'est qu'ils feraient tout, y compris l'impensable, pour la femme qu'ils aiment.

Le premier, l'Américain, Delaney, est un écrivain amoureux de la Nature, de tendance démocrate et écolo. Blanc et protestant, il est né du bon côté de la barrière et sa situation sociale est solidement assise, au sein de la Résidence de l'Arroyo Blanco, où il possède une jolie maison ultra-moderne qu'il partage avec Kyra, sa seconde épouse, et le fils de celle-ci, Jordan.

Le second, Candido, est un Mexicain sans qualification, né pauvre parmi les pauvres et qui, pour gagner sa vie et celle de sa famille, a toujours dû s'exiler dans "el Norte", chez les Gringos. Comme Delaney, lui aussi a été marié une première fois mais sa femme l'a quitté pour plus riche et, quand commence le roman, il se retrouve de l'autre côté du Rio Grande, avec sa seconde épouse, America, qui est enceinte de lui et qui croit - désespérément - que, aux Etats-Unis, elle pourra, elle aussi, prétendre à une vie tranquille.

Rien évidemment ne va se dérouler selon les plans prévus tant par l'un que par l'autre. Ainsi, après avoir accidentellement renversé Candido avec sa voiture et avoir cherché à le mener chez le médecin, Delaney, qui comprend bien que l'autre est en situation irrégulière, finit par lui donner vingt dollars et par reprendre la route, persuadé que son chemin ne croisera plus jamais celle du Mexicain. de son côté, Candido doit faire face à trop de soucis (échapper à la "Migra", la police de l'immigration, retrouver santé et travail, nourrir América et surtout la protéger des prédateurs qui rôdent) pour penser à cet étranger brièvement entrevu.

Seulement, entre eux deux, se dressent les mondes auxquels ils appartiennent : des voisins de Delaney, décidés à tout pour obtenir la construction d'un mur qui freinera les vols et les agressions dans leur lotissement, et des brebis galeuses mexicaines qui, elles, sont bien décidées à s'introduire dans le lotissement pour s'y livrer à un pillage en règle.

Ainsi, de chaque côté, montent l'incompréhension, la colère, la peur, puis la haine, jusqu'au clash final qui emporte Delaney et risque fort d'emporter aussi Candido.

Le tour de force de T.C. Boyle, c'est que, à aucun moment, il ne tombe dans le parti-pris. A une particularité de caractère ou de raisonnement chez Delaney, en correspond une autre chez Candido. de même, le patron blanc d'América fait des avances à celle-ci mais ne cherche pas à la violer : ce sont deux Mexicains qui abusent d'elle en l'absence de Candido. Rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir - et surtout rien n'est simple au fond. La peur et la colère de Delaney peuvent se justifier car il y a eu, effectivement, agression et pillage. Mais la révolte de Candido se justifie de son côté par le fait que le système lui refuse le droit de vivre en homme digne de ce nom.

Un grand roman, qui donne envie de lire d'autres ouvrages de son auteur et qui fait parfois penser à Steinbeck, au meilleur de sa forme. Car la morale d'"América" - si morale il y a, en tous cas, je vous rassure : elle est sous-entendue - c'est que Delaney & Candido auraient pu, en d'autres temps, en d'autres lieux, sympathiser au moins un peu ...
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Où l'on voit que le politiquement correct et les bons sentiments ont leurs limites : quand un clandestin mexicain débarque illégalement dans le beau jardin soigné d'un californien persuadé de sa propre tolérance, rien ne va plus ! Humour impitoyable, fable tragique, un roman génial !
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