AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zazette97


Publié aux USA en 2009 et traduit en français l'année plus tard, "Les Femmes" est un roman de l'écrivain américain T.C Boyle, également auteur des romans "America" ou "Talk Talk" ou plus récemment du recueil de nouvelles "L'enfant sauvage".

"Les Femmes" nous emmène à Taliesin, domaine situé dans le Wisconsin, lequel appartenait à l'architecte américain Frank Lloyd Wright, célèbre pour son approche organique de l'architecture comme pour ses frasques amoureuses.
Haut-lieu de la vie conjugale de Wright, Taliesin sera le théâtre de nombreux conflits opposant Frank aux femmes qui partagèrent sa vie et le rempart contre les multiples invasions de la presse qui juge d'un oeil sévère les moeurs de l'homme.
C'est dans cet endroit d'une beauté audacieuse que le jeune apprenti Tadashi Sato fera ses premières armes auprès de Wright.
Bien des années plus tard, il retrace le chemin de vie de cet homme ô combien déconcertant.

En marge de l'immense passion vouée à son métier, Frank Lloyd Wright était également connu pour être un grand collectionneur de textiles, gravures, paravents, sculptures, poteries (autant de pièces qui lui servirent souvent de monnaie d'échange pour éponger ses dettes) mais aussi de femmes !
Après avoir quitté son épouse Kitty et leurs 6 enfants, il vivra quelques temps avec Mamah qui devait être la femme de sa vie mais qui trouva la mort dans le premier incendie de Taliesin.
L'année suivante signe sa rencontre avec Miriam, femme sanguine dont l'obstination lui donnera bien du fil à retordre au moment de la séparation.
Il faut dire qu'en l'absence de celle-ci, un enfant a été conçu avec une autre femme, Olgivanna, qui tout comme Mamah avant elle, devra accepter de passer pour une gouvernante afin de calmer les médias.
Frank Wright passa une bonne partie de sa vie en exil ou cloitré à Taliesin en attendant des jours meilleurs, travaillant à longueur de journée dans son atelier tandis que sa compagne du moment et ses apprentis faisaient tourner le domaine du maître.

Sacré bonhomme que cet homme-là ! Avare, constamment endetté (et à juste titre surnommé "Frank l'Ardoise") mais toujours capable de ressources insoupçonnées quand il le fallait, Wright apparaît comme un homme soucieux du qu'en dira-t-on mais uniquement lorsque celui-ci tourne à son avantage.
Séducteur et chaleureux avec les femmes, il savait se faire aimer d'elles et les installer dans son domaine en maîtresses de maison corvéables à souhait.
Au diable les tensions puisqu'il pouvait toujours s'absenter inopinément pour un quelconque chantier...
Même chose pour ses apprentis qui, après s'être acquittés d'une somme conséquente, disposaient du droit de séjourner à Taliesin sous la férule du maître comme de celui d'éplucher ses patates...

Si Boyle dresse un regard chaleureux sur l'architecte et ses créations en totale communion avec la nature, l'ironie est certes bien présente dans la voix de ce jeune narrateur faussement naïf quand il s'agit d'évoquer l'homme et l'époux, particulièrement dans les notes de bas de pages qui m'ont décoché plus d'un sourire !

J'ai particulièrement aimé les descriptions vivantes du domaine de Taliesin, personnage à part entière abritant les humeurs de ses pensionnaires, un lieu qu'il me plairait de visiter un jour.
Si j'ai été émue par les portraits de Mamah et Olgivanna, deux femmes dociles et impressionnables acceptant sans cesse son autorité, j'ai vraiment été excédée par l'hystérie et le manque de dignité de Miriam dont les interventions se voulaient sans cesse reléguées par une presse voyeuriste et inquisitrice (merci l'époque) !
Tout chez elle m'horripilait, de sa façon de critiquer sans arrêt tout et tout le monde depuis le premier jour à son acharnement dans les multiples attaques portées à son mari pour violation du Mann Act, banqueroute volontaire, adultère, "aliénation d'affection" et j'en passe.
Il faut dire que Wright a le don de susciter l'admiration comme la rancoeur ! En tant que femme, génie ou pas, j'aurais débarrassé le plancher vite fait...

Malgré mon engouement pour ce roman, j'ai tout de même souffert de quelques longueurs s'agissant du mal de mer de Wright (on le saura!), des périodes d'exil avec ses femmes et des discussions y afférant, un peu comme si toutes ces situations s'avéraient interchangeables.
Mais n'était-ce pas finalement le seul mode de vie connu de Frank Wright ? Une existence faite de dettes, de tensions, de séparations, de secrets ?

Olgivanna, Miriam, Mamah, autant de femmes et de chapitres qui s'entrecroisent dans ce roman remarquable de précision pour dévoiler la face cachée, intime du génie.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}