Le secret de Tristan Sadler

C'est avec une grande déception que je referme ce livre qu'on m'avait conseillé. J'en aurais juste l'expérience d'un genre littéraire que je ne connaissais pas. Il s'agit en effet principalement d'une homoromance de nature dramatique. Autant le drame peut m'attirer en littérature autant ce genre type arlequin me parait profondément insipide. J'y ai trouvé particulièrement pénibles ces dialogues creux de la vie quotidienne qui s'étalent en longueur sur plusieurs pages pour ne rien dire du tout. « Bonjour, comment allez-vous » « très bien merci et vous » « moi aussi merci » « vous avez fait bon voyage ? » , la météo, les retards de train, etc. tout y passe. Je me demande encore comment cela peut plaire ce genre de littérature ! Mais au moins j'en aurais eu l'expérience pour juger. L'autre point horripilant est la redondance dans ces dialogues interminables de parler de quelque chose sans dire ce que c'est pour finalement le révéler au lecteur parfois après une dizaine de pages ! On peut comprendre l'usage de cet artifice pour donner un peu de piment en faisant mariner le lecteur, ou pour lui donner envie de tourner les pages, mais de temps en temps ! ici on revient en permanence à cette recette qui en devient ridicule, je ne lis pas un roman pour aller de devinette en devinette, surtout quand ces devinettes sont stériles ! En dehors de ces deux défauts majeurs au niveau des dialogues et des constructions, il y en a un autre qui m'a paru particulièrement désagréable, celui de l'ignorance historique de l'écrivain qui m'a en permanence montré sa paresse intellectuelle de par son absence de travail de documentation. Il y a un minimum à faire quand on parle de faits historiques tels que la Grande Guerre. Ici on dirait que la guerre est une grande colonie de vacances, disons un camp de vacances pour les scouts, où les soldats passent leur temps dans les tranchées de la première ligne, mais où ils y déambulent en permanence, quittant le poste, le lieu où ils sont assignés et l'escouade à laquelle ils appartiennent. Ils se promènent et parfois rencontrent un chef qui leur donne un ordre au passage. C'est surréaliste ! Sans compter qu'ils ne se retrouvent jamais en cantonnement justement là où aurait pu avoir lieu ce genre de mode de vie. Il faut savoir que la plupart du temps les soldats étaient en cantonnement, 80% du temps de guerre ! Les tranchées de première ligne, ils y étaient en général rarement plus d'une semaine avant la relève, c'était si dur, et on n'y était pas pour se promener ou faire la causette ! Encore moins pour se chamailler au point de se battre avec ses compagnons de feu ! Et encore moins pour y avoir des relations sexuelles dans un petit coin de la tranchée. Tout cela, c'était en cantonnement que cela pouvait avoir lieu ! Sans parler des assauts de nuit, ce qui, au milieu d'un enchevêtrement de barbelés, est bien sûr irréaliste. de même pour le rôle des caporaux et des sergents qui n'ont que peu à voir avec la réalité. Cet auteur n'a absolument pas fait le moindre effort de documentation, il a du juste regarder 2 ou 3 films dont il s'est inspiré sans rien y comprendre. le scénario quant à lui tient à peu près la route, même si la fin laisse tout de même à désirer et si de nombreuses parties sont confuses. L'auteur s'est en particulier évité le moment le plus difficile à écrire, quand le narrateur révéle sa faute à la soeur de la victime, un moment extrêmement difficile à imaginer au point qu'il n'en a pas fait l'effort. Les personnages, quant à eux, sont souvent caricaturaux, dans le sens adolescent capricieux, même si tout à coup ils ont parfois des discours de type universitaires sur des sujets sérieux qui n'ont rien à voir avec leur personnalité le reste du temps.
Bref un avis très négatif, toute foi à modérer si on replace ce livre dans la littérature du genre auquel il appartient, et que je ne connais pas suffisamment pour en donner la valeur sur cette échelle…

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