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Dans le futur, un monde en guerre interdit la lecture. La brigade 451 intervient dans les maisons pour brûler les livres : ces pompiers d'un nouveau genre ont pour mission de circonscrire les foyers subversifs alimentés par la littérature et la poésie. « Tout homme qui croit pouvoir berner le gouvernement et nous est un fou. » (p. 57) Guy Montag partage avec ses collègues la même jubilation incendiaire débarrassée de tout questionnement. Jusqu'au soir où il rencontre Clarisse. En quelques jours, la jeune femme instille en lui le goût d'autre chose et le doute. « C'est vrai qu'autrefois les pompiers éteignaient le feu au lieu de l'allumer ? » (p. 27) Soudain, Montag ouvre les yeux : qui est vraiment Mildred, cette femme qu'il a épousée ? Quel est donc le sens de son métier ? « Ce n'était que du nettoyage. du gardiennage, pour l'essentiel. Chaque chose à sa place. Par ici le pétrole ! Qui a une allumette ? » (p. 61) À mesure qu'il remet en question le système, sa mission ne lui semble plus si bénéfique.

Guy Montag franchit le dernier stade vers sa conscience le soir où il sauve un livre des flammes. Dès lors, il veut comprendre les livres et leur pouvoir. Il ne souscrit plus au discours public qui diabolise la lecture. « Un livre est un fusil chargé dans la maison d'à côté. Brûlons-le. Déchargeons l'arme. Battons-en brèche l'esprit humain. » (p. 87) le pouvoir assure que pour éliminer les différences, il faut éliminer les sources de réflexion et de contestation. C'est pour cela qu'il bombarde le peuple d'images et de faits, mais sans émotion, ni réflexion, afin de rendre les gens heureux. Montag ne se satisfait plus de cette vaine corne d'abondance. « Je ne peux pas parler aux murs parce qu'ils me hurlent après. Je ne peux pas parler à ma femme : elle écoute les murs. Je veux simplement quelqu'un qui écoute ce que j'ai à dire. Et peut-être que si je parle assez longtemps, ça finira par tenir debout. Et je veux que vous m'appreniez à comprendre ce que je lis. » (p. 114) Pour bouleverser le système, voire le renverser, Montag se fait aider par Faber, un vieil universitaire. L'homme est une mémoire, une somme de connaissances et un guide.

Seul face à un système totalitaire et abrutissant, Montag est en danger et sa révolte est bruyante. « Je ne pense pas par moi-même. Je fais simplement ce qu'on me dicte, comme toujours. » (p. 127) Mais il a perdu trop de temps pour être prudent ou accepter de poursuivre l'illusion. « Rentrez chez vous, Montag. Allez vous coucher. Pourquoi perdre vos dernières heures à pédaler dans votre cage en niant être un écureuil ? » (p. 121) Cet opus de Ray Bradbury semble ne pas avoir pris une ride : il résonne toujours aussi juste maintenant. À l'heure où la culture et la lecture oscillent entre élitisme et consommation, à l'heure où l'image déferle par vagues incessantes sur tous les supports possibles, et alors que certains pays en guerre jettent aux flammes des ouvrages supposés subversifs, lire Fahrenheit 451 est un vaccin nécessaire.
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Quelle oeuvre ! Une gigantesque claque et ce malgré les explications contextuelles de Jacques Chambon dans la préface.
Le futur anticipé de Ray Bradbury ne me semble - malheureusement - pas si éloigné de notre présent. Des écrans partout et de plus en plus grands, de la musique sirupeuse ou criarde dans les magasins, de la chick-litt, du feel-good, l'âge de l'entrée à l'école à priori abaissé, uniformisation des « standards » dans les pays dits libres, perte de la transmission qui nécessite du temps et de la patience au profit de l'immédiateté, et j'en passe.
Je joins ma plume à celles des autres Babeliotes pour vous encourager à découvrir ce livre confondant.
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451 degrés Fahrenheit : où la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Voilà bien une vision ayant de quoi donner des sueurs froides à n'importe quel bibliophile, et c'est justement sur cette peur qu'entend jouer le regretté Ray Bradbury qui nous rappelle brillamment ici un constat d'une grande simplicité mais que l'on a malheureusement aujourd'hui une fâcheuse tendance à oublier : notre société ne saurait se passer de livres ni d'écrivains. Soixante ans après la parution de ce roman que tous s'accordent aujourd'hui à élever au rang des plus grands classiques de la science-fiction, la puissance du message qu'il véhicule demeure toujours aussi forte, et son contenu autant d'actualité qu'en 1953. « Fahrenheit 451 » n'accuse donc pas son âge, que ce soit sur le fond comme sur la forme grâce à la toute nouvelle traduction dernièrement réalisée par Jacques Chambon. Aucune excuse, donc, pour ne pas se lancer et pleinement apprécier la qualité de l'ouvrage de Bradbury qui nous plonge dans une société du future où la lecture, source de beaucoup trop de questionnements dérangeants et de contradictions, est devenu un acte prohibé par la loi. Pour faire rentrer les plus réfractaires dans le rang : un corps spécial de pompiers dont la fonction a été dénaturée et consiste désormais à brûler les livres et ainsi veiller à la tranquillité d'esprit de la société.

Fortement inspiré du contexte de psychose anticommuniste ayant secoué les États-Unis à l'époque du « maccarthysme » et qui toucha directement le domaine de la culture (rappelons à titre d'exemple l'exil de Charlie Chaplin), « Fahrenheit 451 » nous offre une vision glaçante d'une société dans laquelle les êtres humains ne sont plus que des coquilles vides, incapables de se lier les uns aux autres, vivant dans leur petite bulle de loisirs, sitôt consommés sitôt jetés, et où violence et suicides sont devenus monnaie courante. Oublier toute idée de promenade nocturne dans le seul but d'admirer la lune ou les étoiles, de moments de partage en famille ou entre amis, et même de brefs instants de méditation chez vous, dans la rue ou dans les transports en communs. Réfléchir est devenu un acte antisocial, prendre le temps de porter attention à ce et ceux qui nous entourent, un signe de déséquilibre mental : se distraire, toujours, tout le temps, par tous les moyens, voilà ce à quoi doit aspirer tout bon citoyen ! Bradbury nous dresse le portrait sans fard d'un monde vide, complètement dévitalisé, où la créativité, l'amour et l'amitié ne sont plus que de lointains souvenirs et qui laisse comme un sentiment de malaise qui saisi immédiatement le lecteur à la gorge. Une société fictionnelle, certes, mais qui présente de troublants parallèles avec la notre, ce qui explique que le propos du roman demeure encore de nos jours aussi pertinent, et ce malgré son âge.

Certes nous n'en sommes pas encore aux « murs-écrans », aux robots-traqueurs et à l'éradication pure et simple de la culture, mais il n'empêche que l'auteur aborde ici des thèmes qui comptent aujourd'hui encore parmi les grandes préoccupation de notre siècle : la coupure de l'homme avec ses racines ; les difficultés à concilier bonheur et progrès ; et surtout l'impérialisme des médias. Car, comme le rappelle Jacques Chambon dans sa préface « Il y a plus d'une façon de brûler un livre, l'une d'elle, peut-être la plus radicale, étant de rendre les gens incapables de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation. » Quelle glaçante vision en effet que ces êtres presque lobotomisés à coup de publicités et de programmes insipides ayant pour seul objectif de monopoliser en permanence leur attention et ainsi les détourner de toute possibilité de réflexion ! Seule minuscule étincelle dans cet univers triste et gris : un homme, qui, de représentant par excellence du système, va en devenir le plus grand ennemi. Touchant car en proie au doute et au désespoir le plus profond, Montag est un protagoniste dont on a plaisir à suivre le long et difficile cheminement intérieur vers la vérité et enfin la liberté. Les personnages secondaires, bien que beaucoup plus en retraits, sont également très convaincants, suscitant tour à tour la pitié (la triste épouse de Montag), l'affection (l'espiègle petite Clarisse), l'antipathie, la peur, la colère...

Avec « Fahrenheit 451 » Ray Bradbury tire la sonnette d'alarme, pour sa génération comme pour celles à venir, et nous offre une véritable ode à la vérité, la liberté et bien évidemment à la littérature dont il nous rappelle l'irremplaçable utilité. « Contribuez à votre propre sauvetage, et si vous vous noyez, au moins mourez en sachant que vous vous dirigiez vers le rivage. »
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Fahrenheit 451 est un des romans de SF les plus connus par un public très large , hors amateurs spécialisés .
C'est d'ailleurs un texte adapté au cinéma par Truffaut ....

Quand je lis ce texte , je me demande toujours pourquoi certains textes de SF , débordent sur un lectorat plus large et pas d'autres ?
En effet le sous-genre dystopique de la science-fiction déborde de textes tout à fait à la hauteur de ceux de Bradbury ou même de ceux d'Orwell , bon ... , mystère et boules de gomme ...

Dans un futur relativement éloigné mais pas trop , la lecture est interdite et le monde est standardisé alors que la pensée est calibrée , orientée , standardisée ....
Le caractère futuriste du texte est indéniable ( avec un décorum qui va dans ce sens ) et on peut d'ailleurs inviter le lecteur , à réfléchir aux attributs qui rendent cet univers efficacement futuriste et fonctionnel , les tapis roulants , les escaliers mécaniques etc ... , car ils ont un caractère désuet , bien qu'ils soient très efficients du point de vue de leur efficacité narrative .

Dans cet univers les pompiers n'éteignent pas les feux , au contraire , ils s'en servent pour procéder à de spectaculaires autodafés répressives et exemplaires .
Un pompier , viendra à sauver un livre et à le lire , cela précipitera un cheminement intérieur crédible ainsi que éloquent , et cela le poussera à la dissidence puis à la fuite ...

Le récit est dramatisé et rythmé , cela « flambe « et cela cavale si j'ose dire .
C'est une réflexion sur le totalitarisme et la pensée unique qui est argumentée et avenante .
C'est sans doute un récit qui a de la couleur et de l'arôme , un gout ...

Les textes de cette époque du fait d'un contexte historique particulier traitent du totalitarisme et de la censure .
Ils conservent leur actualité de nos jours évidement , encore que de nos jours se développe une dynamique de censure plus ou moins involontaire , qui tourne autour du foisonnement d'informations et qui mobilise , la prolifération de l'information et celle de l'anecdotique , avec la prolifération d'informations factuelles désolidarisés des examens de fond et au long court des thématiques , une censure de facto , qui découlent également de la loi du marché , avec des sujets vendeurs (traitements orientés des thématiques aussi plus ou moins vendeuses ) , ou des sujets plus visibles bien que anecdotiques , au détriment d'un traitement plus « clinique « et plus en rapport avec les dynamiques structurelles des sujets .
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Des livres brûlent, un incontournable de la science-fiction à consommer avant qu'il ne se consume...

Comment se fait-il que je n'avais encore jamais lu ce roman écrit en 1951? C'est pourtant une oeuvre très accessible, tant par sa taille (200 pages) que par son style vivant et imagé, un livre qu'on pourrait facilement offrir à un ado et même à ceux qui ne sont pas adeptes du genre.

C'est un texte qui étonne par ses éléments visionnaires : guichet automatique, téléréalité, alors qu'il a été écrit au moment où la la télévision était encore un objet de luxe peu répandu. On y voit presqu'un clin d'oeil actuel lorsqu'il mentionne « des concours ou l'on gagne en se souvenant des paroles de quelque chanson populaire, du nom de la capitale de tel ou tel Etat ou de la quantité de maïs récolté dans l'Iowa...».

Devenu un classique comme le « 1984» de Orwell, il met en garde contre le risque de glissement d'une société vers le totalitarisme. À l'époque de son écriture, c'est ce qui s'était produit en Allemagne nazie quelques années plus tôt et le mccarthysme américain semblait une pente bien dangereuse.

À première vue, on peut regretter le manque de profondeur des personnages, c'est qu'ils représentent les conséquences de générations d'abrutissement, l'érosion de leur richesse émotionnelle est donc inévitable. Par contre, les amoureux des livres auront un frisson supplémentaire à l'idée de la destruction d'objets qui prennent tant de place dans nos vies...

Qu'ajouter d'autre aux plus 200 critiques déjà présentes et qui ont bien résumé l'intrigue? Rien, il faut lire Farheneit 451!
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Que dire de plus après toutes ces critiques... C'est superbement écrit, bien rythmé, parfoit poétique, dans une ambiance aseptisée, ou surtout la pensée est aseptisée, ou les humains sont transformés en zombies téléphages. Un grand hommage à la littérature, à la lecture et une critique du monde contemporain, de la pensée unique, basée sur la consommation, où l'information, la politique sont réduites à leur strict minimum, une critique qui nous concerne et qui date de 1953 ! Totalement visionnaire, un cri déchirant, un éloge du livre... Un grand livre... Indispensable... Comment ai-je fait pour ne pas le lire plus tôt !
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Un pompier qui brûle des livres, c'est aussi révoltant qu'un contrôleur à la fraude fiscale qui fraude... qu'un garde-chasse qui braconne... et quand c'est autorisé par l'Autorité Suprême, c'est encore plus révoltant.

Guy Montag est un pompier qui jouit presque à chaque fois qu'il nourri les flammes de son feu avec des feuilles de livres. Cette "purification" par le feu ne se conteste même pas. Aucune questions sur le fait de savoir si ce qu'il fait est bien ou pas. Pour lui, un bon livre est un livre brûlé. Un pompier, c'est fait pour détruire par le feu.

Un soir, il rencontre Clarisse, une jeune fille de son quartier, une jeune fille différente, une jeune fille qui se pose des questions et qui lui en pose une de taille : "C'est vrai qu'autrefois les pompiers éteignaient le feu au lieu de l'allumer ?". Montag nie. Un pompier qui éteint un incendie, c'est du n'importe quoi.

Pourtant, Clarisse, à force de le croiser, instille le doute dans son esprit et Montag va tenter d'en apprendre plus sur ces autodafés qui ont lieu depuis des siècles et il commence à faire travailler son cerveau, son esprit... Ce faisant, il va à l'encontre de tout le monde.

"Fahrenheit 451" fut écrit en 1953... Un vieux brol ? Que nenni, il est plus que d'actualité parce qu'en le lisant, j'avais l'impression de me retrouver dans un monde proche, un monde fait d'écrans de télé, de relations virtuelles, de gens qui ne pensent à rien, qui ne veulent même pas penser, qu'on empêche de penser...

Puisque les livres vous donnent des informations différentes, ils les ont banis et les détruisent pour vous éviter de vous fouler les neurones avec toutes ces données perturbantes.

Afin de rendre les gens heureux, on les bombarde d'images et de faits, sans émotion, sans réflexion... Pour être heureux, il ne faut pas penser.

L'écriture précise et incisive de Bradbury ne m'a laissé aucun répit et j'ai dévoré ce livre plus vite que le feu ne l'aurait consumé.

Bradbury nous met face à une société ou l'anti-culture est la norme, ou la liberté brille par son absence, où les gens refusent de savoir, préférant se mettre la tête dans le trou ou écouter leur murs - plutôt que d'autres êtres humains - et ils vivent complaisamment dans la soumission.

Napoléon disait : "Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude". Dans la société décrite par l'auteur, les fers et la cage sont dorés.

L'auteur ne vous plante pas les actes des autodafé sans vous les justifier, sans donner des arguments à ceux qui accomplissent cette tâche sans conscience ni remords : "Pour éliminer les différences, il faut éliminer les sources de réflexion et de contestation". Dont acte.

Bam, prends-ça dans la face, Montag, toi qui veux penser, toi qui veux découvrir les livres et lire ce qu'il y a à l'intérieur. Pauvre fou, va ! Tu crois que l'on va te laisser faire ?

Non, non, dans cette société, on ne pense pas !

"Si vous ne voulez pas qu'un homme se rende malheureux avec la politique, n'allez pas lui cassez la tête en lui proposant deux points de vue sur une question, proposez-lui un seul. Mieux encore, ne lui en proposez aucun".

C'est un merveilleux nivellement par le bas que l'auteur nous décrit. Il ne fait pas bon être intello, dans ce monde là.

Quoi ? Dans le notre non plus ? Quand je vous disais que ce livre n'était pas si vieux que ça ! Les gens s'abrutissent devant de la télé-réalité bête à pleurer et les idiots qui la peuplent sont mis sur un piédestal tandis que les émissions "avec des neurones" sont virées des écrans. Normal, les émissions intelligentes ne donnent pas du temps de cerveau disponible à la marque de boisson gazeuse.

Comme le dit d'ailleurs Bradbury : "Il y a plus d'une façon de brûler un livre", l'une d'elles, peut-être la plus radicale, étant de rendre les gens incapables de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation (ceci est un extrait de la préface).

On me disait bien, à moi, que lire c'était s'isoler du monde et certains me raillaient... Ils ne me raillent plus !

Dans cette préface, on nous dit aussi "Aujourd'hui, on ne brûle pas les livres. Ou plutôt on ne les brûle plus" ce qui me fait réagir et dire "c'est faux". Nous l'avons bien vu au Mali avec des livres transformés en bûcher.

Je pardonne à la préface, à l'époque où elle fut écrite, on n'en brûlait peut-être plus...

L'Histoire nous apprend qu'en cas de conflit, c'est toujours la culture qui est sacrifiée en premier. Un peuple sans culture, c'est un peuple sans identité, nus, sans âme,... Sans compter que certains, ne comprenant sans doute rien à rien, sont les premiers à flinguer des livres quand ils en croisent.

Un sacré visionnaire, Bradbury...

Oui, en 2013, on interdit toujours certains livres, parce que leur vérité dérangent, parce que l'auteur révèle des choses intimes sur X, parce que certains se déclarent les véritables gardiens ou les vrais interprètes d'un livre religieux ou de la parole de Dieu.

Oui, des cathos ultra ont manifesté pour empêcher une pièce de se dérouler parce que pour eux, elle était insultante pour dieu sait qui.

Oui, dans certains pays, certaines vérités ne sont pas bonnes à dire...

Une vision de l'avenir pas si SF que ça... nous n'en sommes pas encore là, mais qui sait si un jour les lobotomisés du cerveau ne prendront pas le pas sur ceux qui ont encore une cervelle et savent s'en servir ?

A découvrir si ce n'est pas encore fait, il n'est jamais trop tard !

Pour conclure, je reprendrai la phrase de Jean d'Ormesson : "On ne brûle pas encore les livres, mais on les étouffe sous le silence".

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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"Vivre sans lire, c'est dangereux. Cela t'oblige à croire ce qu'on te dit*", ou ce qu'on te montre à la télévision. Voilà une phrase qui aurait été considérée comme blasphématoire dans l'univers de Fahrenheit 451, roman d'anticipation (plus tant que ça...) publié en 1953. En effet, dans ce monde futuriste (aaah, le progrès), la lecture et les livres sont interdits, parce qu'ils pourraient susciter doutes et questions, donc remise en cause, contestation, critique de l'ordre établi, voire chaos et désintégration de la société. Pour garantir la sécurité de celle-ci, il suffit, même pas d'interdire, juste d'empêcher les gens de se servir de leur cerveau, en les lobotomisant à coup d'émissions de télévision abrutissantes, de consommation effrénée, de loisirs absurdes et de paradis artificiels. Remplir le vide par le vide en donnant l'illusion d'une plénitude totale et immédiate, telle est la devise (même pas paradoxale) de ce monde parfait. Gardiens de ce dogme, les pompiers ne sont plus chargés d'éteindre les incendies, mais de bouter le feu à toute maison (et à ses occupants si nécessaire) qui contiendrait un livre. Guy Montag est l'un de ces soldats du feu. Jusque là aussi borné que l'immense majorité de ses concitoyens, son esprit s'ouvre peu à peu, à la faveur d'une rencontre avec une jeune fille qui a miraculeusement préservé son sens critique. Montag, qui a d'abord du mal à remettre en marche son cerveau rouillé, finit par se rebeller contre le système totalitaire qui l'asphyxie, et devient un dangereux subversif qu'il faut à tout prix empêcher de nuire.

Vaccin (préventif) ou antidote (quand le mal est fait mais qu'il peut encore être soigné), je ne sais pas, en tout cas Fahrenheit 451 est encore et toujours d'actualité. Télé-réalité, fake news, données factuelles livrées sans analyse ni mise en perspective, course à la consommation et au bien-être de plus en plus jetables, flots d'images et d'informations brutes impossibles à assimiler, on vit une époque formidable. Personnellement, je n'ai pas trouvé les aventures de Montag très captivantes, ni les personnages fort attachants, et j'ai l'impression que cette histoire sert surtout à véhiculer le message de Bradbury. Lequel est vital : lire, réfléchir, remettre en question, garder l'esprit ouvert et éveillé pour éviter les tyrannies. Un livre indispensable, le livre des livres, en quelque sorte. Rien "que" pour ça, cinq étoiles.

*citation apparemment attribuée à Mafalda, le personnage de BD créé par l'argentin Quino.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Un ouvrage majeur ; non pas une simple fiction, mais un cri de désespoir lancé par cet écrivain talentueux que je regrette de ne pas avoir connu plus tôt

Le texte me fait irrésistiblement penser au meilleur des mondes. A l'impression qu'il m'en reste après une lecture vieille d'un demi-siècle.
Un décalage poétique léger plaçant l'ambiance quelque part entre Huxley et Vian. Une fiction douce, poétique, éthérée.
Mais il y a un problème avec cela car Bradbury est un véritable visionnaire et s'il nous décrit ce qu'il pensait être une dystopie, c'est hélas, à deux doigts près, la triste réalité de notre monde soixante ans après et le côté poétique est presque dissonant.
Car quoi ? Ne sommes-nous pas dans un monde décérébré, un monde formaté par les volontés mercantiles, un monde dans lequel les décisions individuelles ne sont plus dictées par la réflexion mais par le martelage publicitaire, le martelage pseudo informatif, le martelage sur un ton majeur d'idées toutes faites et lorsqu'il reste deux ou trois minutes, un abrutissement bouche-trous de musiques et d'images ne laissant aucun temps libre à la réflexion qui finit par être perçue comme anxiogène ?
Encore quelques mois, au mieux quelques années, alors que nous dégradons notre langue, que nous dégradons les valeurs civiques et humaines, que nous acceptons des avalanches d'images, de plans vidéos et de paroles insipides se succédant en un flot de plus en plus rapide ; quelques mois donc, et après nous être détournés de la presse, nous nous détournerons des livres, des films d'auteurs, des musées.
Quelques années encore et nous exigerons de nos gouvernements de nous protéger de l'agression que ces livres représentent ; de l'agression de l'art en général.
Ce livre m'a terrifié car il ne m'apparaît non pas comme une simple fiction mais plus comme un engrenage épouvantable dans lequel notre doigt est déjà bien engagé.
De grâce prenons conscience et RESISTONS à notre propre autodestruction.

Je connaissais la pertinence de Huxley, celle d'Orwell mais n'avais jamais entendu parler de celle de Bradbury. Ce sont bien mes amis de Babelio qui me l'on fait découvrir. Quelle bénédiction que ce site là !
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Un livre où l'on brûle des livres…
L'image est célèbre mais forcément réductrice. Car le thème de Fahrenheit 451 – dystopie tristement visionnaire publiée il y a plus de soixante ans – aborde plus globalement les concepts de totalitarisme et de négation de l'humain.

Au-delà de leur statut d'objet maudit à détruire à tout prix, les livres incarnent ici une métaphore de la mémoire des hommes, seule chance de résurrection d'une civilisation malade où la passivité mentale s'est changée en sport national et le bonheur en illusion dûment contrôlée.

J'ai retenu avant tout cette évocation douloureuse d'une aliénation totale à la réalité virtuelle, la dictature débilitante des écrans omniprésents pourvoyeurs d'une culture de masse nivelée par le bas, et la toute-puissance des médias qui vous feraient gober n'importe quoi, acheter n'importe quoi, voter pour n'importe qui...

Toute ressemblance avec des situations existant ou ayant existé ne saurait etc etc… car simple science-fiction que tout cela n'est-il pas ?

Un roman méchamment flippant du coup, au mieux un peu déprimant, à redécouvrir malgré tout, tant qu'il nous reste encore un peu de temps de cerveau disponible.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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