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Critique de InstinctPolaire


" Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ". Il peut sembler très mal-à-propos de commencer un hommage à celui qui nous a quitté le 5 juin 2012 à l'age de 91 ans, par cette citation de Nietzsche. Mais au-delà du fait qu'elle ne dénoterai pas en exergue de l'oeuvre qui me sert de prétexte pour parler de Ray Bradbury, je comptais inviter quelques auteurs à cette évocation. Lui-même ne s'est-il pas fait aider de Shakespeare : le titre anglais de " La Foire des Ténèbres " n'est-il pas ce vers : " Something wicked this way comes " : " Grand maleurté est à nos trousses " ?

Ralf Waldo Emerson a dit " Dans les ténèbres, il y a des étoiles " . C'est à l'histoire de ces ténèbres et de ces étoiles que je vous convie. Deux de ces étoiles sont d'ailleurs si proches qu'on pourrai les confondre. Si l'amitié devait porter un nom, ce serai ceux de Jim Nightshade et de Will Halloway. Ils sont de ces gamins inséparables à en être comme frères. Si différents et pourtant si complémentaires. Leurs jeux sont fait des courses qui ressemblent à des vols d'oiseaux, leurs ruisseaux, de puissants fleuves d'Afrique ou d'Amazonie, leurs genoux de ceux que l'on s'écorche dans les tranchées de guerres imaginaires. Leur éducation, faite des scènes de théâtre que dispensent les fenêtres éclairées de leur voisinage.
Les ténèbres, ils glissent à la suite du marchand de paratonnerre. Par la voie ferrée, ils sont l'essence donnant matière, son et vie à la fête foraine. La fête foraine est une attraction – il existe plusieurs sens à ce terme - On la conçoit aisément s'animant des rires et de l'insouciance de ceux venus admirer jongleurs, prestidigitateurs ou cartomancienne. Ceux venus se faire de joyeuses frayeurs. Mais ici, les manèges ne vous feront pas simplement vous sentir plus jeune et le Palais des Glaces simplement déformer votre image – Ne dit-on pas " psyché " pour un grand miroir?-
Du fond de leur être Jim et Will ressentent quelque drame en perspective. Attirés puis traqués par ses séides, cette foire va mettre à rude épreuve leur amitié. Une autre étoile, si faible qu'elle semble indiscernable doit encore prendre part à ce récit. Elle est de ces étranges phénomènes dont l'intensité augmente dés lors que s'accroissent les ténèbres : Elle fait d'un simple bibliothécaire consciencieux, un brin philosophe, le champion de notre histoire en permettant à un père de montrer à quel point il aime son fils.

Je voulais vous faire rencontrer cet " autre " Bradbury. Pas celui des " Chroniques Martiennes " qui nous fait regarder les étoiles. Ni celui de " Fahrenheit 451 " qui vous incite à plonger dans les livres avant qu'ils ne disparaissent. Mais celui qui vous convie à regarder en vous-même.
M. Bradbury était un conteur. Prises séparément, certaines des phrases de ce livre transpirent le conte de fée à faire phosphorer l'imagination des plus jeunes. Agrégées, elles professent de grandes vérités sur un ton grave et poétique que l'on accueille quand l'age apporte raison. Elles soutiennent la thèse que le monde peut être sauvé d'un franc et honnête sourire. Un exorcisme joyeux. Elles nous démontrent que la lumière est parfois enfouie dans le plus improbable des héros. Elle accrédite William Burke qui énonce que " le Mal (ne) triomphe (que) de l'inaction des hommes de Bien ".
En nous faisant admettre cet état de fait, Ray Bradbury induit un second phénomène. Il pousse à faire partager ce livre. Une de ces histoire au ton si musical qu'elle pourrait presque vaincre toute timidité pour la faire exister à haute voix pour un auditoire de petits et de grands. Pour la simple et grande curiosité de goûter les réactions de chacun. Comme le dit Abd Al-Malik : " Rêver seul est une chose, mais rêver à plusieurs, c'est le commencement de la réalité"...

Ainsi est-ce avec l'oeuvre la moins connue de ce grand auteur que j'attire votre attention. Plus qu'un récit fantastique, qu'un conte, une oeuvre qui peut parler à chacun et chacune. Et y laisser, j'ose espérer, un petit " supplément d'âme "...
Chapeau bas M. Bradbury, ! Vous qui peu de gens doivent s'en souvenir avez aussi chassé la baleine blanche : Ainsi honore-t-on les artistes de grand talent. Et ceux qui nous ont quitté
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