AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 279 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Savez-vous qui sont les gens de la nuit ? le gens de la nuit s'en viennent après la tombée du soir. Ils arrivent en catimini, aussi silencieux que des reptiles rampants et s'installent en marge de nos villes pour dresser les piquets de leurs tentes. Au matin, quand enfants et parents émergent de leurs maisons, ils sont là : leur grande roue se dresse dans la lumière éblouissante du matin, leurs manèges tournent, leurs tambours tonnent. Des devantures de leurs échoppes s'échappent de bonnes odeurs de barbe à papa, de frites et de saucisses grillées. Mais tout ceci n'est qu'apparence, illusion mensongère ! Car les toiles de leurs chapiteaux sont faites de nuages d'orage, leurs manèges jouent des airs de marche funèbre et leur labyrinthe des miroirs vous volera votre âme. Méfiez-vous des gens de la nuit ! Ils promettent beaucoup et à peu de frais, mais malheur à qui se laisse prendre à leurs belles paroles, car celui-ci ne tardera pas à rejoindre la parade. Et jamais, plus jamais, il ne la quittera…

Aujourd'hui, c'est sur deux petits garçons que la foire des ténèbres a jeté son dévolu : deux petits garçons unis comme les doigts de la main, mais aussi dissemblables que faire se peut - l'un blond, l'autre brun ; l'un bavard comme un pie, l'autre taciturne ; l'un l'esprit léger comme une feuille au vent, l'autre brûlant déjà des ardents désirs du monde des adultes. Deux proies de choix pour les avides créatures qui peuplent la foire, mais deux proies non dépourvues de ressources… Mais ces ressources suffiront-elles à les protéger ? Sauront-ils résister aux maléfices de la Sorcière Poussière ? S'échapper du monstrueux musée de cire ? Et surtout résister aux tortueuses manigances de Mr Dark, le terrible directeur de la foire ?

Cela faisait une dizaine d'années que je n'avais rien lu de Ray Bradbury, au point d'en oublier à quel point son style était admirable - sans fioritures littéraires, mais tout de poésie et de sensibilité - et ses histoires aussi troublantes que captivantes. Il faut reconnaître que l'auteur n'a pas son pareil pour créer une atmosphère en quelques lignes et y immerger son lecteur aussi profondément qu'un poisson dans l'eau. Immersion d'autant plus facile que le monde du cirque ambulant est un univers infiniment séduisant : un univers aux milles bizarreries, toujours un peu en marge de notre réalité où toutes les choses, même les plus étranges et les plus effrayantes, semblent pouvoir arriver.

Les lecteurs qui s'attendent à trouver dans "la foire des ténèbres" les clichés éculés d'un bon vieux roman d'horreur seront bien déçus… Pas de giclées d'hémoglobine ou de tête tranchée ici, mais de la magie, du rêve, du fantasmagorique… Un très beau voyage à la frontière entre le monde des forains et celui de l'enfance (deux mondes qui se ressemblent beaucoup à bien des égards) qui séduira autant les amateurs de littérature générale que ceux de fantastique. M'sieur Bradbury, je vous tire mon chapeau !
Commenter  J’apprécie          262
Un grand moment de bonheur, ce livre !

Au début, on ne croirait pas. C'est au fur et à mesure qu'on avance qu'on s'en rend compte...
Le style est d'une poésie pas croyable. Les descriptions nous emportent, sans être trop lyriques pourtant, c'est juste... parfait ! (et la traduction est vraiment au top).

Les personnages s'approfondissent au fil des pages. Deviennent réels à force d'émotions, de vérités tellement bien dites, le père de Will surtout, est si... Si humain. Si moi parfois. (et parfois pas, Dieu merci, j'ai pas besoin de "foire des ténèbres" pour retrouver mon grain de folie...). Avec mes 50 ans qui approchent à petits pas, j'avoue avoir été hypersensible à ce père qui voit son jeune fils si "loin" de lui. Hypersensible aussi à cette relation qui n'est pas, (au début) ce qu'ils regrettent tous les deux. Will et Jim sont aussi formidables, un brin "adultes" parfois dans leurs réflexions mais bon, ce n'est pas très grave. Mais que ça m'a parlé, que c'est bien écrit, que c'est pudique, et sensible et ça sonne tellement vrai.

Il est vrai qu'il y a de l'horreur dans cette histoire, les monstres de la foire en sont, de vrais, terrifiants, sans mémoire et sans avenir, ils se nourrissent juste de la tristesse, des regrets et de la peur, sont attirés par elles et attirent par elles, et c'est si bien vu, si bien écrit là encore.

Je suis tellement sous le charme de ce bouquin que je n'en trouve plus mes mots. Bref, si vous voulez savoir, ben vous n'avez qu'à le lire, là,  parce qu'en plus si j'en parle davantage je vais spoiler et je ne veux pas !

Un gros coup de coeur, oui !
Et si vous en voulez un peu plus, lisez l'avis d'Arakasi, il en parle très bien.
Commenter  J’apprécie          232
Il faut que je rassemble mes mots pour vous parler comme il se doit de ce chef d'oeuvre de la littérature fantastique contemporaine et de cet auteur majeur. Plus connu pour ses Chroniques Martiennes ou son célèbre Fahrenheit 451, Ray Bradbury est un énorme grimoire de poésie, un chef d'orchestre des mots, un magicien de la métaphore. Je n'exagère pas. Je vous présente simplement un des meilleurs auteurs de l'imaginaire qu'il m'ait été donné de lire.
Ce roman, cette Foire des Ténèbres, est une ode mélancolique faite à l'enfance, à cette aptitude que l'on a tous eu de trembler autant que de rire, à cette force vive et brute teintée de fragilité et d'innocence.

Dans une petite ville américaine, qui pourrait être n'importe quelle ville du monde, des forains décident de planter leurs tentes. Deux enfants, Jim Nightshade et Will Halloway, entendent le cri du limonaire qui apporte avec lui une atmosphère de soufre. Jim et Will, comme deux parties complémentaires d'un seul être, se jettent dans l'intrigue. Ils observent de loin les agissements de l'Homme Illustré et de sa galerie de sorcière, homme serpent et autre nain. Ils sentent que quelque chose ne va pas. Jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que le caroussel a le pouvoir de faire rajeunir ou vieillir les gens, selon qu'il tourne à l'endroit ou l'envers. Ce manège offre le pouvoir de vie et de mort à ses propriétaires. La découverte de nos deux pré-adolescents va déclencher le courroux du sinistre Monsieur Loyal tatoué.

Avec ce roman, Bradbury nous innonde d'images et de sentiments. Chaque grain de poussière semble douer de vie, chaque son est plein d'humanité. Tout respire, maisons, pierres, orage. Et les humains sont justes, sensibles. Ils existent. La galerie de "freaks" est belle, forte et classique, et leur crédibilité participe du frisson qui s'instaure au fil des pages. La quête, qu'on pourrait penser trop manichéenne (mais qu'importe), est celle de toute existence : l'évolution, le passage d'un état à un autre. Grandir, s'émanciper, devenir. Quelques passages sont littéralement irrésistibles. le rapport Père/Fils est décrit avec une telle finesse et une telle douceur, qu'il est probable que vos yeux s'embuent, comme les miens.

Ray Bradbury est un fabuleux conteur. Fin, pudique, terriblement nostalgique et alerte. On souhaiterait presque ne jamais quitter ce monde qu'il décrit si bien, avec des mots si gracieux. Et vivants. Les phrases dansent au long du récit. Et on se laisse prendre par la main, en une valse enchanteresse et inoubliable.
Commenter  J’apprécie          160
Je découvre la littérature fantastique par doses homéopathiques. J'ai commencé enfant avec la "La Guerre des Mondes" de H.G. WELLS que je relis régulièrement.
"La Foire des ténèbres" de Ray BRADBURY. J'ai été fascinée par ce roman, par son approche de l'enfance. En effet, les enfants veulent grandir trop vite. Ne nous laisserions-nous pas tenter par la promesse de devenir adulte grâce à des tours de manège ? Un manège qui peut aussi permettre à un adulte d'échapper aux responsabilités, à la vieillesse et à la mort, et de rajeunir. C'est un texte qui traite avec beaucoup de sensibilité de l'amitié et qui questionne sur les valeurs de l'enfance et de la société. le roman est paru en 1962. Deux garçons, Jim et Will vivent dans une petite ville qui voit arriver une fête foraine exotique et surtout inquiétante. le directeur des forains s'appelle Monsieur DARK. Des tatouages ornent sont corps. Des illustrations magiques qui s'animent. Bientôt, des phénomènes étranges attisent la curiosité des deux garçons.
L'écriture fluide et son vocabulaire simple permettent une lecture facile du texte. On se laisse entraîner bien malgré soi et avec beaucoup de bonheur.
Commenter  J’apprécie          90
Je ne connaissais pas ce roman de cet auteur et il s'agit d'une perle. Une histoire fantastique qui met en scène de jeunes adolescents de 13 ans. Les personnages sont parfaitement décrits, les garçons sont d'un réalisme incroyable. le père et les autres adultes sont de parfaits contrepoints qui mettent en relief le passage à l'âge adulte qui les attend. le récit a quelque chose d'un "Ca" de Stephen King, le côté gore en moins, tout est plutôt centré sur le ressenti des adolescents. A lire.
Commenter  J’apprécie          80
L'histoire en quelques mots :
Will et Jim, 13 ans tous les deux, sont amis depuis toujours. Ils aiment courir, faire des farces, lire Jules Verne, discuter sans fin, s'imaginer et rêver leur vie quand ils auront 20 ans. Un soir d'octobre, une fête foraine étrange s'installe dans leur ville. le propriétaire, Mr Dark, est plus qu'inquiétant et les pourchasse, à travers la ville, avec son armada de « monstres » en tout genre. Je n'en dirai pas plus sur l'histoire pour ne pas raconter tous les rebondissements et dénaturer le plaisir de la découverte de cette lecture.
Ce livre est « fantastique », différents des quelques livres précédents que j'ai lu de cet auteur (Chroniques martiennes, à l'ouest d'octobre et Fahrenheit 451). Il est par moment terrifiant (j'suis une petite nature faut dire…)
J'ai beaucoup aimé les réflexions et l'évocation des différents âges de la vie : Adolescent, l'âge où on est impatient d'être enfin adulte, l'âge mûr où on regrette ses vingt ans. Que feriez vous si vous aviez la possibilité d'ajouter ou de retrancher quelques années à votre âge actuel ?
Les rapports humains sont également très intéressants entre les deux amis (Jim Halloway et Will Nightshade), entre Will et son père, bibliothécaire, qui au début se sent vieux (54 ans), dépassé et qui au fil du temps se révèle être un père exceptionnel avec un amour paternel indestructible.
Comme dans Fahrenheit 451, les livres ont toute leur place et aideront les héros à se sortir du mauvais pas.

J'ai mis des post it dans ce livre pour repérer les passages que j'ai aimé, et en les relisant, je me suis rendue compte que les moments que j'ai préférés sont les dialogues et les réflexions de ce père, et pas les moments de pure fantaisie avec les descriptions de monstres (qui valent cependant le détour)

Le premier des trois extraits : P59
Trois heures du matin, se disait Charles Halloway, assis au bord de son lit, pourquoi le train est-il arrivé à une heure pareille ?
Ce n'est pas une heure normale, se disait-il. Les femmes ne sont jamais réveillées à une heure pareille. Elles dorment comme les enfants. Mais les hommes entre deux âges ? Eux, c'est une heure qu'ils connaissent bien. Minuit, ce n'est pas bien grave, on gigote mais on se rendort. A cinq ou six heures, il y a l'espoir, l'aube est juste en dessous de l'horizon. Mais trois heures … Mon Dieu, trois heures du matin…. Les médecins disent que c'est l'heure de la marée basse pour le corps humain. L'âme se promène dehors. le sang circule au ralenti. On est plus près de la mort qu'on ne le sera jamais, sauf le jour de sa mort. le sommeil est un morceau de mort, mais à trois heures du matin, se retrouver les yeux fermés, c'est vivre sa mort ! On rêve les yeux ouverts. Bon Dieu, si on avait la force de s'éveiller entièrement, on assassinerait ses demi-rêves à coup de chevrotine ! mais non, on reste là, retenu dans le fond d'un puits insondable et desséché. La lune passe et vous jette un coup d'oeil de sa face idiote. le chemin parcouru depuis le crépuscule est long, l'aube est loin encore, alors on bat le rappel de toutes les choses idiotes que l'on a faites au cours de sa vie, de toutes les adorables bêtises faites avec des amis si chers qui sont maintenant morts … et peut être est ce vrai, ce qu'il avait lu, il ne savait plus où, qu'il meurt plus de malades hospitalisés à trois heures du matin qu'à aucune autre heure de la journée.

Et plus loin quand le père parle à son fils (p129)

« Regarde moi : marié à trente-neuf ans, Will. Mais j'étais tellement occupé à lutter contre moi-même, à me retenir de chuter deux fois sur trois, que je m'étais dit que je ne pourrais pas me marier avant de m'être vaincu pour de bon. C'est trop tard que j'ai découvert qu'il n'est pas possible d'attendre d'être parfait, qu'il faut sortir dans la vie et tomber, et se relever, comme tout le monde. Et ainsi, un soir, j'ai levé les yeux de ma grande lutte contre moi-même, un soir où ta mère était venue à la bibliothèque chercher un livre et m'y a trouvé moi. Et j'ai constaté alors que si on prend un homme à moitié mauvais et une femme à moitié mauvais, et si on réunit leurs deux bonnes moitiés, on obtient un humain tout bon à se partager à deux. C'est toi, Will que j'ai obtenu. Et la chose étrange, fils, et triste aussi, bien que tu sois tout le temps à courir sur le bord de la pelouse, et que je sois, moi tout le temps à m'arc-bouter sur des livres, à comparer la vie aux livres, j'ai eu vite fait de voir que tu étais plus malin, plus rapide et meilleur que je ne serais jamais… »

P132
Le père et le fils, d'un dernier effort, se retrouvèrent assis sur le rebord de la fenêtre ; ils avaient la même taille, pesaient le même poids, avaient le visage éclairé par les mêmes étoiles, et restaient l'un contre l'autre, savourant une merveilleuse fatigue, réprimant des rires fous qui leur secouaient les os sur le même rythme, et par crainte de réveiller Dieu, le pays entier, l'épouse, Maman et les enfers, chacun mit une main sur la bouche de l'autre, sentit la chaude hilarité jaillissante, et ils prolongèrent cet instant, les yeux brillants d'une joie commune, et humides de véritable amour.

Commenter  J’apprécie          70
Si vous avez vu le film (pourtant excellent), oubliez-le ! le récit du livre est différent, même si les mêmes notions sont inscrites dans les deux cas ... cette histoire est une ode à l'enfance, une grande nostalgie des années enfuies, des moments partagés entre un père et son fils ... il y a là une véritable poésie, une puissance exceptionnelle qui sort de chaque page ... l'histoire est connue, les personnages très fouillés, le tout est très psychologique et puissant. Les moments fantastiques utilisent un vocabulaire varié et pointu au point que la lecture peut présenter quelques difficultés pour quelqu'un de non-habitué ...
Commenter  J’apprécie          60
Un coup de coeur intersidéral !
C'est sublime ,
C'est nostalgique parfois ,
C'est glaçant à certains moments .
Les peurs et l'imagination adolescentes sont mises à l'honneur dans ce texte. Et, quoi de mieux qu'une amitié fraternelle pour surmonter tout ça !
Je recommande !
Commenter  J’apprécie          60
Tout simplement sensationnel ! Si l'histoire en elle-même n'est pas extraordinaire, le style unique de Ray Bradbury en fait une histoire fantastique absolument captivante. Plus les pages se tournent et plus le suspense monte, c'est vraiment prenant !
Commenter  J’apprécie          50
Lorsque l'on a treize ans et que la fête foraine vient s'installer dans votre petite ville, en l'occurrence Green Town, on est bien sûr pressé d'aller y faire un tour, visiter ses attractions, voir les numéros de cirque et pouvoir monter dans les manèges.
Jim Nightshade et William Holloway sont comme tous les autres enfants du même âge: impatients de pouvoir à leur tour profiter du voyage qui rapidement s'avérera des plus dangereux.
La fête foraine est un thème récurrent de la littérature et du cinéma fantastique, on peut notamment penser à "Cristal qui songe" de Sturgeon, au "Cirque du Dr Lao" de Finney ou à "Lilliputia" de Mauméjean, à "Freaks" de Browning ou "Elephant man" de Lynch, et encore à la série télévisée "La caravane de l'étrange". C'est un monde de la marge qui intrigue beaucoup.
Bradbury nous plonge dans cette fête de ténèbres et de peurs pour une virée initiatique sous la baguette de puissants magiciens, génies du mal qui se nourrissent des frayeurs de l'enfance (le Ça de Stephen King ne fera pas autre chose).
Un roman plein de poésie, à commencer par les noms même des deux héros, au combien symboliques, qui nous replonge non sans nostalgie (un des atouts me semble-t-il des écrits de Bradbury) dans l'enfance.
En 1983, Jack Clayton nous livra une adaptation cinématographique, assez agréable à voir, du roman de Bradbury avec notamment Jonathan Pryce dans le rôle du directeur de cirque.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (851) Voir plus



Quiz Voir plus

Ray Bradbury, presque...

Fahrenheit ... ?

911
451

5 questions
136 lecteurs ont répondu
Thème : Ray BradburyCréer un quiz sur ce livre

{* *}