- Les bâtons de réglisse sont faits pour être partagés avec des amis, n'est-ce pas ?
Elle se trompait lourdement là-dessus : les bâtons de réglisse étaient faits pour être consommés de façon gloutonne dans la solitude la plus totale, de préférence dans une pièce fermée à clé [...]
Pour le dire poliment, cette femme était aussi quelconque qu'un pudding.
A mi-chemin au milieu de la pièce, je m'arrêtai et fis marche arrière. J'avais failli oublier quelque chose. Plongeant la main dans ma poche, j'en ressortis l'enveloppe contenant les timbres perforés que Miss Cool m'avait donnés et et la tendis à Père.
- C'est pour vous. J'espère qu'ils vous plairont, dis-je. Sans même la regarder, Père prit l'enveloppe, son doigt tremblant encore pointé vers la sortie. Je traversai à nouveau la pièce.
A la porte, je marquai une pause...et me retournai.
- Si quelqu'un a besoin de moi..., ajoutai-je, je serai à l'étage. En train de pleurer au fond de mon placard.
La plupart du temps, je me sentais comme un imposteur, un enfant substitué à quelqu'un d'autre, le remplaçant en toile grossière d'une fille chérie fauchée par le destin et précipitée du haut d'une montagne dans un pays très lointain.
Le problème avec les De Luce, décidai-je, c'est que nous sommes parasités par l'histoire comme d'autres le sont par les poux. Les De Luce habitent Buckshaw depuis l'époque où le roi Harold s'est pris une flèche dans l'oeil à la bataille d'Hastings, et la plupart d'entre eux ont été malheureux d'une façon ou d'une autre. Il semble que nous naissions avec, coulant dans nos veines, une part de gloire et une part de mélancolie indissociables. A aucun moment nous ne pouvons être certains de laquelle des deux nous anime.
Parfois, je me détestais. Mais jamais pour très longtemps.
La plupart du temps, je me sentais comme un imposteur, un enfant substitué à quelqu'un d'autre, le remplaçant en toile grossière d'une fille chérie fauchée par le destin et précipitée du haut d'une montagne dans un pays très lointain.