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Première lecture en août 2013- Relecture ce mois de novembre 2018

J'introduis ma chronique par l'un des extraits les plus explicites, qui
concentre à merveille le contenu de ce roman, rempli de gâchis, de la tristesse d'une enfant... mais aussi de lumières qui aideront à la construction de la fillette en jeune femme...Ces petites lumières : la fantaisie et la tendresse d'un tonton bienveillant, l'amour des livres,
l'amour silencieux mais bien réel d'un père placide, quelque peu écrasé par la personnalité de son épouse...la magie reconstructive de la parole
étouffée par les mots....


"Il vient de tomber sur la définition de -casus belli- qu'il se souvient d'avoir enseignée en cours d'histoire à ses élèves de terminale. Il la lit : - Acte de nature à provoquer une déclaration de guerre, à déclencher les hostilités entre deux états. Cf. Larousse.
Il demeure là, à contempler la phrase signalée jadis par le coup de crayon rouge: elle lui donne à réfléchir. Il a beaucoup aimé l'histoire, il en connaît tous les dessous et les ressorts. (...)
Charles Douhet est en train de découvrir que l'histoire d'une famille peut se rapporter , se comparer- toutes proportions gardées- à l'histoire d'une nation. Tout se joue alors à l'échelle privée et de manière feutrée, mais tout y est: tensions, rapports de force, camouflage des informations, conflits, ruptures, tyrannie, soumission, rébellion. Au sein de chaque famille,
à tout moment, peut survenir le -casus belli.-" (p. 164-165)



Bonheur et grands plaisirs, au fond, d'être obligé(e) de ranger, trier, s'alléger comme dans ce cas : préparatifs d'un autre tournant de vie et changement de décor d'ici fin 2019 !!
Une sorte de remise à plat de "nos chouchous", des auteurs qui nous accompagnent durablement, l'air de rien, au fil des années... et c'est le cas d'Anne Bragance dont j'apprécie toujours les sujets abordés et la prose poétique, enjouée ou mélancolique, avec une fluidité confondante !.



Dans "Casus belli" comme dans beaucoup des écrits de cette auteure, il est question des douleurs, des blessures, de la solitude de l'enfance, de la tendresse d'un grand aîné , les complicités magiques intergénérationnelles qui sauvent littéralement du désespoir: là, il s'agit d'un tonton gâteau, Vincent, qui a un jeu préféré avec sa jeune nièce, Virginie: jouer avec des mots nouveaux !...Encore et toujours un sujet qui m'est plus que cher : la "thérapie", le soulagement des chagrins, des injustices, des incompréhensions violentes par la lecture et l'écriture...la fiction, la beauté et diversité des histoires racontées, inventées !


"Mais de vraie conversation animée par le désir de se comprendre, d'établir des liens, point jamais. Ce décryptage progressif et si nécessaire du monde qu'interdisait le laconisme familial, la fille ,très tôt, est allée le chercher dans les livres. Petit à petit, elle s'est enthousiasmée d'une famille d'élection constituée des écrivains qu'elle aimait ou admirait. Un auteur représentait pour elle beaucoup plus qu'un nom, un style ou un univers: c'était une voix qui s'adressait à elle sur le ton de la confidence, lui faisant part de son expérience de la joie ou de la douleur et levait parfois le voile sur ce qui lui demeurait opaque. Elle était à à cet âge, si altérée d'échanges qu'entre les pages du livre élu elle fixait des rendez-vous illicites et délicieux à son auteur, lequel devenait alors un interlocuteur privilégié, un ami, un mentor, un maître à penser." (p. 183-184)


Les livres, les mots, l'écriture qui atténuent les non-dits, les manques d'amour d'une mère, les violences sournoises de l'intimité des familles...Il est question du parcours chaotique sentimental, amoureux de cette fillette devenue une adulte "bancale" , [ au propre et au figuré, puisque la fillette s'est mise à claudiquer très jeune, sans raison physique apparente ]
... car elle a attendu toute sa vie un pardon de sa mère pour une rebellion et un geste à l'encontre de son petit frère...quand elle était toute petite...


Juste avant la naissance de ce dernier, Virginie s'est mise à boiter... Seul son père en souffre atrocement à l'intérieur de lui-même... alors que la mère balaie cela du doigt, affirmant que sa fille fait la comédie.... Comment les blessures de l'enfance nous abîment , restent vivaces....nous forgent en nous laissant des failles significatives !

"Pourtant, il faut de l'or pour survivre, l'or d'un regard, d'un geste, d'une parole, il faut le pardon, absolument. "(p. 29)

Une histoire triste...certes, mais la plume, le style ainsi que les finesses d'analyse d 'Anne Bragance des comportements humains me subjuguent chaque fois... Des observations, des questionnements universels...

Dans ce roman, nous sommes bien près de la célèbre phrase d'André Gide : "Famille, je vous hais... !"
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"Pourquoi la vie s'écoule-t-elle à si petit bruit que lorsqu'on finit par se réveiller, par l'entendre, elle est tarie, il est trop tard ?".

Telle est la réflexion que se fait Charles Douhet au terme de son existence.
Avec Clairette, ils forment depuis des années le couple le plus uni, le plus harmonieux qui soit et cependant, le partage des émotions demeure une illusion, un rêve inaccessible.
Il se considère comme infirme de l'amour et en souffre silencieusement.
Face à une femme prisonnière de ses principes et de ses convictions, prenant Dieu à témoin dans chacune de ses réflexions, il se sent impuissant.
Incapable, notamment, de déceler le drame qui se joue dans la tête de leur fille, Virginie.
Comment imaginer qu'une faille s'est ouverte dans la relation mère-fille, faussant à tout jamais le lien qui les unit.

Casus belli : acte de nature à provoquer une déclaration de guerre, à déclencher les hostilités entre deux États. Cf. Larousse.

Comment aurait-il pu savoir que la petite fille, alors agée de cinq ans, jalouse à la naissance de son petit frère Christophe, a commis un acte bêtement provocateur pour lequel elle n'obtiendra jamais le pardon espéré de sa mère et dont la culpabilité la poursuivra tout au long de sa vie ?
En effet,Virginie comprend aussitôt dans l'attitude de sa mère qu'elle n'existe plus, qu'à l'avenir elle sera transparente, incomprise, ridiculisée, tout cela cautionné par la foi en Dieu de cette femme qui cherche une absolution divine.

C'est sur un ton très évocateur qu'Anne Bragance nous dresse le portrait d'une famille somme toute très ordinaire dans son incapacité à communiquer.
Tout comme dans l'histoire d'une nation, le "casus belli" peut survenir à tout moment au sein de la cellule familiale et y provoquer tensions, conflits, non-dits, faussant destins et relations.
Je reste fan de l'écriture simple et directe d'Anne Bragance qui, en ce qui me concerne, va droit au but et transmet son message sans circonvolutions inutiles.
Chacun, chacune peut y retrouver un peu de lui-même.
Elle excelle à cerner les traits de personnalité et les dépeint avec brio.

Merci Magali de m'avoir fait ce très beau cadeau !
C'est un livre (et ils sont rares) que je garderai comme ayant été un très beau et intense moment de lecture.
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Une petite fille rebelle, une mère soucieuse du bien, un père aimant mais plutôt discret et un adorable petit frère au caractère angélique. Et voilà une famille dont les rapports reposent sur une grosse bêtise jamais pardonnée, une honte enfouie. L'écriture est simple et originale, à chaque chapitre un membre de la famille exprime avec ses mots les étapes de cette histoire simple. Bon mais tellement triste!
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Une famille incapable de panser les maux, des mots plongés dans le mutisme, l'amour maternel oublié.
Une mère hermétique aux sentiments et à l'amour, ne reste que le brassage de l'impossible contre-courant d'une enfance figée dans les blessures.
Quand les siens ne sont pas à la hauteur de nous porter, s'évertuer à se sauver soi-même : lire encore et encore pour assouvir ce manque qui cogne. Même si les maux s'accrochent jusqu'à faire boiter une petite fille qui voulait juste comprendre et entendre des sentiments.

Une petite fille qui invoque anges et oiseau bleu pour la pardonner à la place d'une mère qui elle, invoque son dieu en pleurant sur son pauvre sort d'avoir enfanté une enfant imparfaite. Un mari dans l'ombre, un père sauveur de papillons et spectateur de la noyade de sa famille.
Et un constat bien triste de devoir se taire pour rester en vie, de ne devoir rien entendre, rien apprendre pour ne pas éveiller la culpabilité d'avoir échoué.

Ce n'est pas une jolie histoire. C'est une histoire de non-dits, de maux qui ont pris le gouvernail des mots. Un pardon impossible dans une famille où seules les banalités s'entendent.
Une histoire somme toute impossible à vivre lorsque les portes sont verrouillées : celles du coeur.

Sous le charme une nouvelle fois de la plume d'Anne Bragance qui livre ici encore, une histoire bien écrite, avec une justesse littéraire plus qu'appréciable.
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Une note de tristesse émane de ce livre qui traite des rapports tendus au sein d'une famille.Virginie, une petite fille malheureuse et incomprise par sa mère se met à boiter à la naissance du petit frère. Chargée de le garder quelques heures, elle le mettra dans la poubelle et attendra la punition et le pardon. La mère tait ses mauvaises actions au père qui semble ainsi échapper ainsi aux problèmes familiaux.
A la retraite, il découvre la similitude qui existe entre les tensions familiales et la vie de la société.
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Un très beau livre mais tres triste sur la famille,la vie et le manque de communication entre des êtres qui en théorie devraient être très proche les uns des autres!
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Un très beau roman sur la culpabilité et le pardon. La faute n'étant ni exprimée, ni commentée, ni punie, elle ne peut être pardonnée, et traîne ainsi, spoliant toute une vie. Une très belle réflexion qui ne peut que toucher, car tout être humain a un jour connu cette situation.
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A cinq ans, par jalousie, Virginie jette son petit frère encore bébé dans une poubelle. Elle veut attirer l'attention de sa mère mais celle-ci ne lui jettera même pas un regard. Toute la vie de Virginie sera conditionnée par ce moment et le pardon refusé par sa mère.

Casus belli : acte de nature à motiver une déclaration de guerre.
Et c'est bien de ça qu'il s'agit ici, une guerre larvée et sournoise entre une mère et sa fille. Dans ce roman à plusieurs voix, l'auteure explore les relations compliquées au sein d'une famille sans réels liens. La fille cherchant l'absolution et la mère refusant de la lui donner, n'en parlant même pas au père. Un évènement caché qui débordera sur toute la famille jusqu'à l'explosion finale.

J'ai vraiment aimé le style de l'auteure. C'est parfaitement écrit, décrit et elle nous rend complice des évènements. Les échanges de la mère avec Dieu sont savoureux et terribles tant elle est aveugle au désarroi de sa fille.

C'est une relation mère-fille grandiose dans sa toxicité.
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En bref, il s'agit la de l'histoire d'une famille. Une histoire sur les relations parent-enfants/frère-soeur/Mari-Femme. Je ne vais pas plus loin dans la résumé car au final ce n'est pas un livre qui restera marque dans ma mémoire. le récit se tient mais les ficelles sont assez visibles. Les personnages respirent le réel mais peuvent en devenir agaçant, exaspérant et prévisibles. Est-ce ce sentiment d'avoir déjà rencontre de tels personnages voire de telles familles qui m'a laisse devant les mots plutôt que dedans l'histoire ? Je ne sais pas. le fait est que ce livre ne m'aura pas enthousiasme' et n'a pas éveille en moi des mots a poser sur ces pages … Une lecture pas désagréable … mais rien de plus.
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Virginie a cinq ans quand elle jette son petit frère Christophe âgé de quelques semaines à la poubelle. Dès lors, Virginie se met à boiter et victime de la froide indifférence de sa mère, se réfugie dans la lecture, et l'attente du pardon qui ne vient pas.
La mère est une femme pieuse, ses monologues intérieurs ne s'adressent qu'à Dieu. Ces soliloques tout imbus de piété et de confiance en soi émaillent ici et là le récit l'éclairant d'une lumière âcre et sans concession. Virginie est sa croix.

Le père est un homme doux et bon qui assiste à ce duel, impuissant, écartelé.
Le frère ressemble au père…
Seuls ceux qui pourraient donner le pardon, ne savent pas.
« Pourtant, il faut de l'or pour survivre, l'or d'un regard, d'un geste, d'une parole, il faut le pardon, absolument. »

Histoire d'un huis clos familial, d'un « casus belli » au sein d'une famille banale et en apparence sans histoire.

Histoire de mots aussi. Ici, ils peuvent blesser ou révéler,ils peuvent tuer aussi.
L'oncle Louis et le jeu des « mots bulles », le vieux dictionnaire familial rapetassé par le père comme un objet précieux, la découverte de la définition de « casus belli » tirée du Larousse. Les mots venimeux d'Alexandre son deuxième mari, et surtout son mot de la fin « cohérence », un vrai criminel celui-là. Et enfin le mot «ange » par qui le dénouement peut arriver, et qui accouche du mot pardon.

J'avais beaucoup aimé "Le lit », puis « Danseuse en rouge », j'ai été à vrai dire un peu déçue par celui-ci, même si j'ai beaucoup apprécié certains passages. Je le trouve curieusement un peu inachevé, certaines questions restent en suspens (la boiterie de Virginie, son double Camille, peu exploité en fin de compte), les interventions de la mère m'ont paru parfois un peu répétitives et agaçantes. J'ai eu l'impression qu'Anne Bragance avait livré trop tôt le manuscrit d'un livre qu'elle aurait oublié d'achever et qui pourtant promettait d'être excellent.
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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