Blanche a des relations privilégiées avec sa grand-mère Mita, veuve depuis peu. Les voisines sont d'ailleurs présentes pour pleurer le défunt. Au fil des pages, nous apprenons que l'histoire se déroule au Maroc avant la décolonisation. J'ai été un peu déroutée par le récit qui mélange les époques. Je m'y suis perdue.
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Je vais écrire sur son sommeil, sa modestie n'en saura rien. Il est temps qu'elle se repose enfin, il est grand temps que j'écrive ses mains et celles de grand-père, leur courage, leur beauté. Comment leur travail et leur peine ont payé jour après jour le pain, l'huile et le sel, et après un long temps d'efforts et de peines, la maison et la fabrique. Comment la réussite même n'a pas réussi à les gâcher. Ils continuaient à vivre comme s'ils portaient toujours aux pieds des espadrilles rapetassées et dans la poche la rondeur d'un fruit unique. (p.85-86 / collection Babel, 2005)
Avec un livre je sais où je vais, je vais où je veux et je vois même l'invisible. (p.25)
« Il est aussi facile de séduire le vieillard que d’éblouir le tout petit enfant. Il suffit à l’un d’évoquer les charmes du passé et à l’autre de décrire les fastes de l’avenir. »
« Elle gardait sa lampe de chevet allumée. Elle avait répondu une fois que le sommeil vient aux vieux en fin de tournée, après qu’il s’est occupé de tous les autres. Inversion des préséances, insomnie, sinistre privilège des vieux. Se trouver au bas bout, à la fin de la liste, même pour le sommeil. Attendre, le verbe de la vieillesse. Elle avait besoin de quarante watts de sa veilleuse qui l’aidaient à attendre. »
Grand-père et Mita nous ont donné tout ce qu'ils possédaient si peu, qu'ils ont possédé trop tard pour l'offrir à leurs propres enfants et accessoirement, le droit de les tutoyer. Le "tu" est venu avec le confort et la certitude du lendemain comme une licence somptuaire accordée par ceux qui avaient surrmonté les affres de la précarité. (p.72)
-Mais l'important n'est pas tant de chercher comment on aurait envie de mourir que de savoir comment on a envie de vivre...(p.56)
Une affection longue durée
Marque-page 05-07-2011