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EAN : 9782070422715
160 pages
Gallimard (01/07/2010)
3.84/5   81 notes
Résumé :
"Elle, quinze ans et quelques poussières de semaines. Moi, pas loin des soixante-dix-huit. Je pourrais être son grand-père et même son arrière-grand-père : un drôle d'attelage que nous formons tous les deux".
Tous les jours, Andres Soriano, perclus d'arthrose, se poste sur le banc de l'abribus de la ligne numéro 15. C'est là qu'il rencontre Milush, une adolescente au drôle de prénom.
Malgré la disparité de leurs âges, les lourds secrets de famille, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Rencontres de solitudes, rencontre de désespoirs, rencontre de vies lourdes de secrets : que l'on ait 70 et quelques ou 15 ans, c'est pareil. La vie malmène et c'est difficile de la supporter.

Voilà le propos de ce tout petit roman qui m'a fait penser à « Et puis Paulette » de Barbara Constantine.
Si vous avez déjà lu et apprécié Constantine, alors c'est fait pour vous. Vous vous y sentirez heureux, bien-aimés, consolés.
Par contre, si comme moi vous avez trouvé que Constantine en faisait « trop » dans les bons sentiments, je ne vous conseille pas cette lecture. C'est gentil, ça fait du bien, quelques réflexions profondes sont amorcées, mais ce n'est pas possible. Je n'y crois pas.

Le vieil homme solitaire se prend d'amitié – réciproque – pour une jeune fille en mal de grand-père.
La soeur du vieil homme – décédée – porte en elle un lourd secret datant de la guerre.
La jeune fille vit avec sa mère célibataire, une bonne femme acariâtre et carriériste.
Le chauffeur de bus pète les plombs parce que sa carrière à lui, justement, n'a pas suivi les bonnes voies.
La voisine de la jeune fille grossit, grossit, grossit, pour ne plus avoir à supporter un mari indifférent et un manque d'enfant.

Et tous ces gens finissent par se rencontrer et … bon, si vous avez lu « Et puis Paulette », vous comprendrez.

Je résume : poésie – très belle, d'ailleurs - , philosophie – qu'est-ce que le destin - , psychologie – solitude, mal-être, et compagnie -, en général, j'aime beaucoup.
Mais ici, il y a trop de gens en souffrance pour un si petit roman, donc la psychologie n'est pas assez développée. Ces personnes n'ont pas assez de consistance, de poids.

Et pourtant, j'ai aimé. Quand même. Parce que lues à petite dose, ces pages amorcent une réflexion intéressante. Et puis Anne Bragance écrit bien, sans clichés, sans platitude, avec un soupçon de poésie.

Un regret, encore : l'ange noir croisé à l'arrêt de bus, qui chante si bien, réveille quelque chose dans le coeur du vieil homme. Mais ce quelque chose n'est pas du tout abordé. Dommage…
J'aurais bien voulu que cet ange noir revienne chanter pour moi.
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« le destin est un danseur étoile qui fait des entrechats sur la pointe des si. »

Et si deux solitudes se rencontraient pour tisser une belle histoire.
C'est ce qui se passe pour Milush et Andres. La différence d'âge apporte de la richesse à leur échange, elle apporte un regard nouveau autant à l'un qu'à l'autre. Leur rencontre leur offre surtout la tendresse et l'écoute dont ils étaient privés.
Andres collectionne les jolis mots, les poèmes, et Milush les utilise pour avancer. Andres profite de l'énergie et de la spontanéité de Milush pour retrouver de l'élan, s'ouvrir. Les pensées secrètes de l'une et le passé douloureux de l'autre éclosent et s'allègent.

Il y a comme une psalmodie, une mélodie de l'ange noir qui les entraîne, faisant tomber d'autres solitudes comme des dominos, d'autres vies qui leur ressemblent, cherchant désespérément une note plus paisible à leur vie.

Passe un ange noir et le destin prend un chemin plus lumineux, et les pièces s'assemblent avec harmonie.

Un court roman sur la solitude, la vieillesse, le manque d'amour, écrit avec délicatesse.
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Lu en juillet 2016

"On ne cesse jamais de se soucier de l'image que l'on offre aux autres."

Désolée de ne pas avoir rédigé aussitôt le ressenti de ma lecture, car c'est un texte qui m'avait émue immensément, entre l'histoire de complicité affectueuse entre un vieil homme qui se sent très seul, au bord de la route... et cette fillette.... Hommage à l'amitié, la tendresse si précieuse intergénérationnelle; des remarques bouleversantes et très justes sur "La vieillesse", l'attention aux autres... l'Amour et la Mémoire de ceux qu'on a aimés !...

"Comment me voit-elle, la petite mignonne ? Comment me voient-ils, les chauffeurs de bus, que voient-ils ? Un vieux bonhomme si seul, si désaffecté qu'il n'a pas d'autre ressource que de s'asseoir là, sur le banc de l'abribus, et d'attendre celui ou celle qui viendra pour faire un brin de causette. Ils s'en remettent à leurs yeux, ils emportent la vision d'une enveloppe usée, d'un corps qui s'appuie sur une canne pour avancer, ils s'en contentent, ils ne cherchent pas au-delà. Ils se fient à ce qu'ils voient, ils ignorent qu'au-dedans le coeur continue à trépigner dans sa petite cage, qu'il refuse de se laisser museler, qu'il mène sa sarabande et n'accorde jamais de repos. Ils sont jeunes, pas de blâme, ils ne peuvent imaginer que le coeur ne vieillit pas, qu'il exige toujours, s'embrase toujours. "(p.26)

De très belles remarques aussi sur la Lecture...comme celle-ci que j'ai tout particulièrement retenue : "
Un soir, Leonora m'a avoué qu'elle ne craignait pas de mourir, ce qu'elle redoutait, dont elle ne pouvait supporter l'idée, c'était que dans le temps si long de la mort, elle serait privée de lecture. Comment réagir à cette peur, comment la rassurer ? (...)
Je lui ai promis que la mort autoriserait son fantôme à venir lire par-dessus l'épaule des vivants. Mais de vivant, elle ne connaissait que moi. Elle m'a donc pressé de lui jurer que, si elle quittait le monde avant moi, je lirais pour elle. J'ai juré.
Depuis qu'elle s'en est allée, je n'ai pas manqué à ma promesse, je lis tous les jours, j'oriente mes lectures en fonction de ses goûts et je la sens là, penchée derrière moi, heureuse tout le temps que je passe à lire. (Mercure de France, p.63-64, 2008)"

Une relecture s'imposerait, surtout que j'affectionne tout particulièrement le style et la sensibilité de cette auteure. Juste un modeste rattrapage avec ces quelques lignes; du plaisir à mettre en avant cette grande dame des Lettres !
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C'est l'histoire toute douce d'un petit quartier qui palpite autour d'un petit abribus magique.
Un petit abribus de rien du tout avec un petit banc branlant sur lequel vient tous les jours s'asseoir un vieux monsieur solitaire à la recherche d'un peu de compagnie et d'un ange noir à la voix d'or qui l'a un jour ensorcelé.
Il en intrigue du monde, ce vieux monsieur !
A commencer par les chauffeurs de la ligne 15 qui voudraient bien comprendre pourquoi il ne monte jamais dans le bus...
D'ailleurs, Pierre Thouvenet, il saura lui ! Il va mener son enquête, même si les autres se foutent de lui.
Et puis, il y a Milush, la petite jolie de quinze ans qui, tous les matins, vient s'asseoir à ses côtés pour se rendre au lycée et qui a tant besoin d'un grand-père, même que sa mère en a rien à foutre d'elle.
Milush qui, avec son bon coeur et sa gaieté, illumine la vie de ceux qui la croisent.
Tous ces êtres qui gravitent dans ce petit quartier et dont le coeur pèse et peine.
Un merveilleux petit livre, rempli d'otimisme et de la belle complicité d'un vieux monsieur poète et d'une adolescente tendre et un peu espiègle.
Cinq étoiles sans hésiter que je décerne en remerciement à la petite fée qui m'a fait ce beau cadeau !!
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Quel charmant moment de lecture ! ..... en compagnie des deux principaux personnages, une adolescente et un monsieur de 80 ans dont les solitudes vont s'estomper tout au long de l'ouvrage.

D'une écriture aérienne, poétique et tout en finesse, Anne Bragance illumine son ouvrage "Passe un ange noir" qui aurait pu sombrer dans la tristesse. Mais, non ! L'optimisme et le bonheur vont vaincre !

Ouvrage à découvrir et à recommander !
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
On ne cesse jamais de se soucier de l’image que l’on offre aux autres. Comment me voit-elle, la petite mignonne ? Comment me voient-ils, les chauffeurs du bus, que voient-ils ?

Un vieux bonhomme si seul, si désaffecté qu’il n’a pas d’autre ressource que de s’asseoir là, sur le banc de l’abribus, et d’attendre celui où celle qui viendra pour faire un brin de causette.

Ils s’en remettent à leurs yeux, ils emportent la vision d’une enveloppe usée, d’un corps qui s’appuie sur une canne pour avancer, ils s’en contentent, ils ne cherchent pas au-delà. Ils se fient à ce qu’ils voient, ils ignorent qu’au-dedans le cœur continue de trépigner dans sa petite cage, qu’il refuse de se laisser museler, qu’il mène sa sarabande et n’accorde jamais de repos.

Ils sont jeunes, pas de blâme, ils ne peuvent imaginer que le cœur ne vieillit pas, qu’il exige toujours, s’embrase toujours.

Dès lors que les autres nous voient vieux, nous classent dans la catégorie des vieux, nous sommes des damnés, nous basculons en enfer. Le moindre mal serait que l’enfer nous attende après la mort, mais non, le gouffre maudit s’ouvre sous nos pas dans la réalité des jours présents et nous en parcourons les dédales avec ce coeur qui ne vieillit pas, qui ne renonce pas.
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Un soir, Leonora m'a avoué qu'elle ne craignait pas de mourir, ce qu'elle redoutait, dont elle ne pouvait supporter l'idée, c'était que dans le temps si long de la mort, elle serait privée de lecture. Comment réagir à cette peur, comment la rassurer ? (...)
Je lui ai promis que la mort autoriserait son fantôme à venir lire par-dessus l'épaule des vivants. Mais de vivant, elle ne connaissait que moi. Elle m'a donc pressé de lui jurer que, si elle quittait le monde avant moi, je lirais pour elle. J'ai juré.
Depuis qu'elle s'en est allée, je n'ai pas manqué à ma promesse, je lis tous les jours, j'oriente mes lectures en fonction de ses goûts et je la sens là, penchée derrière moi, heureuse tout le temps que je passe à lire. (Mercure de France, p.63-64, 2008)
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Il arrive que nous soyons là tous les deux, la petite occupée à travailler sur la table de la grande salle, son matériel étalé devant elle, moi plus ou moins allongé dans ma méridienne avec un livre. Le plus souvent je finis par piquer du nez sur ma lecture et elle se lève alors sans bruit, quitte la pièce, s'en va musarder dans le jardin. Sitôt qu'elle s'éloigne, je me réveille comme si son absence modifiait de manière sensible la densité, la qualité de l'air qui m'entoure: du fond de mon sommeil, je sais qu'elle n'est plus près de moi.
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On ne cesse jamais de se soucier de l'image que l'on offre aux autres.

Comment me voit-elle, la petite mignonne ? Comment me voient-ils, les chauffeurs de bus, que voient-ils ? Un vieux bonhomme si seul, si désaffecté qu'il n'a pas d'autre ressource que de s'asseoir là, sur le banc de l'abribus, et d'attendre celui ou celle qui viendra pour faire un brin de causette. Ils s'en remettent à leurs yeux, ils emportent la vision d'une enveloppe usée, d'un corps qui s'appuie sur une canne pour avancer, ils s'en contentent, ils ne cherchent pas au-delà. Ils se fient à ce qu'ils voient, ils ignorent qu'au-dedans le cœur continue à trépigner dans sa petite cage, qu'il refuse de se laisser museler, qu'il mène sa sarabande et n'accorde jamais de repos. Ils sont jeunes, pas de blâme, ils ne peuvent imaginer que le cœur ne vieillit pas, qu'il exige toujours, s'embrase toujours. (p.26)
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Et un cerveau, qu'y a-t-il à l'intérieur d'un cerveau? Je vais vous dire ce qu'on y voit:les tombes de nos rêves,tous nos renoncements fossilisés,nos espoirs massacrés.Je ne suis pas le seul à collectionner les défaites,les regrets,les espérances avortées,on est tous des collectionneurs mais ces collections là on les expose pas,personne les montre à personne.Chacun a son petit musée des erreurs,des horreurs,mais on ne visite pas.
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Vidéo de Anne Bragance
Une affection longue durée Marque-page 05-07-2011
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