Depuis lors, le terme "séculier" est devenu un de ses mots qui expriment la (bonne) conscience de soi de la Modernité éclairée, satisfaite d'avoir laissé derrière elle tout ce pour quoi elle trouve divers noms, parmi lesquels le terme de " Moyen-âge", qui suffit à déconsidérer tout ce qui en relève. Pourtant, le terme est d'origine chrétienne, et il s'enracine plus précisément dans le droit canonique où il désigne celui qui, au sein de l'Église, vit dans le "siècle", à la différence de celui qui est soumis à une règle monastique. Cette révolution sémantique n'est pas sans parallèle. Ainsi, l'adjectif "laïc", qui a pris le sens de "extérieur à l'Église", désignait à l'origine un statut précis à l'intérieur de l'Église, celui du baptisé qui n'a pas de fonction cléricales.
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Qui profère une injure montre en tout cas qu'il n'attend pas de réponse, car il n'a rien à apprendre de son adversaire. L'insulte ouvre rarement un de ces "dialogues" dont notre époque et si friande et qu'elle pratique si peu.
Nous avons de la sorte envers le passé une attitude ambivalente, tout à fait comparable à celle que démasquait Saint-Augustin envers la vérité: "Ils aiment la vérité quand elle brille et éclaire (Lucens); ils la haïssent quand elle fait retour sur eux, les réfute et les convainc (redarguens)."
Edmund Burke, dans les remarques fort critiques qu'il consacre dès 1790 aux événements de France, écrit: "Les gens qui ne regardent jamais en arrière vers leurs ancêtres ne regarderont jamais en avant vers leur postérité."
L'érudit et poète lyrique italien Leopardi tire de réflexions illustrées par une image analogue, mais plus calmes, une sage maxime dont nous ferions bien de nous inspirer: "la raison est une lumière. La nature veut être éclairée par la raison, non pas incendiée par elle."
Les religions sont à l'origine des conflits ? Mènent-elles à la violence, ou bien pacifient-elles les rapports humains ? Font-elles plus de bien que de mal ?
Ce débat oppose Pierre Conesa agrégé d'histoire, ancien administrateur civil au ministère de la Défense, auteur de nombreux essais sur les fondamentalismes religieux, et Rémi Brague philosophe et historien de la philosophie, membre de l'Institut de France.
Les toiles qui servent de décor à cet échange font partie de l'exposition Stat Crux du peintre François-Xavier de Boissoudy.
Chapitrage
0:00 : Introduction
1:56 : Les radicalismes religieux
11:50 : La violence dans les textes sacrés
27:17 : Articulation du politique et du religieux
40:50 : Idéologie VS radicalisation
57:52 : Religions, vecteurs de pacification
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