Charles Gérault -la cinquantaine,célibataire, sans enfant et chômeur - est le narrateur et l'antihéros de ce roman acide et drôle qui pose avec une légèreté de façade bien des questions liées à notre société actuelle, dans son attachement au paraître plus qu'à l'être, dans son égoïsme, dans ses conventions gentiment hypocrites et dans sa déshumanisation.
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C'est le tout premier livre des six romans écrit par Alma Brami que je lis de cette auteure française. Cette jeune comédienne, sera remarquée comme écrivaine avec son roman publié en 2008 avec Sans elle, obtenant de nombreux prix. Depuis de nombreux romans seront publiés comme Ils l'ont laissée là en 2009, Tant que tu es heureuse en 2010 et trois autres.
Malgré un début assez fastidieux pour pénétrer cette l'intrigue et s’identifier surtout dans la peau de ce quinquagénaire mal dans sa peau, en désaccord avec ses pensées, nous nous prenons d'amitié petit à petit pour cet homme perdu dans cette société de clivage, toujours en conflit avec lui-même et son entourage, s’enfermant dans une bulle hermétique.
L’écriture est simple, joyeuse, fluide où la pensée de Charles se mêle au dialogue et à l'histoire. Cet écho rend le texte plus drôle pour un héros encore plus touchant. Chaque personne rencontrée à selon notre Géroult son surnom pour les rendre plus caricatural, plus amusant, plus ironique. Toutes ses rencontres avec les acteurs de sa vie nouvelle bouleversent lentement ses codes établis. Les relations avec les autres sont assez misanthropiques, à la base par manque de confiance en soi, par lâcheté ou par manque de volonté. Cet homme s’enferme dans un mutisme environnemental, évitant le contact, se cloitrant dans une dépression corrosive, il a peur de parler à son chef qui a l’âge de son fils, à son ami d'enfance, il n'ose pas dire à Françoise ses sentiments véritable. Il s'invente une idylle avec la femme d'un ancien ami de collège rencontrée par hasard, il évite de rentrer en conflit avec sa mère vivant dans un foyer lui reprochant son célibat, son ancien compagne, et de l'avoir conçus au dépend de sa carrière.
C'est un livre plaisant, de ce larsen du roman, La tête de l'emploi de David Foenkinos, avec cet homme perdu dans cette société changeante. La fin est me fais écho à l'humeur vagabonde de Blondin Antoine de cet homme dans un train en mouvement qui pars …"Un jour nous prendrons des trains qui partent "il vogue vers sa destinée comme Charles qui rêve de la vie des autres qui pourrait être la sienne.
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Il est assez difficile de parler de ce livre, de trouver le bon angle pour le décrire. Nous assistons au quotidien de Gérault, nous connaissons toutes ses pensées et nous voyons qu'il agit…. En total désaccord avec celles-ci ! Personnage aigri et plein de colère, il offre toutefois une image lisse, des réponses convenues, il se laisse parfois même humilier sans broncher. Tour à tour pathétique ou détestable, nous donnant parfois envie de le secouer comme un prunier, il ne peut pas laisser indifférent.
Certaines situations sont risibles, d'autres cruelles, parfois injustes. Gérault est totalement impuissant dans sa vie, que ce soit avec ses amis (qu'il jalouse ou méprise), avec les femmes (qu'il reluque ou méprise), avec son chef « le jeune con » (qu'il méprise)…. Vous l'avez compris, Gérault est plutôt un anti-héros, tout en pointant du doigt les travers de notre société.
Parfois difficilement supportable, ce roman est néanmoins profondément optimiste. Il raconte un passage à vide comme n'importe lequel d'entre nous pourrait en vivre, et comment, parfois, une petite chose, un petit détail, peut tout changer notre vision des choses.
Assez court, il se lit assez vite, et laisse une impression de satisfaction, après tant de déboires et de situations anxiogènes. Il est écrit par une jeune auteure (née en 1984, elle a donc tout juste 30 ans) dont on pourra s'étonner qu'elle puisse écrire avec autant de facilité sur un personnage masculin de cinquante ans.
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