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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Infidélité chronique, double vie ou époux pervers-narcissique et manipulateur… Des thématiques souvent traitées en littérature contemporaine sous l'angle de la relation toxique. Dans son septième roman, « Qui ne dit mot consent », Alma Brami réinvente le sujet du couple disfonctionnel en imaginant un huis-clos malsain où cette-fois l'épouse se relève être témoin et parfois complice des agissements d'un mari persuadé d'être dans son bon droit. Se pose alors la question du mariage et des sentiments qui perdurent malgré des trahisons répétées. Doit-on tout accepter par amour de l'autre, quitte à s'effacer ? Il y a un temps pour tout, même pour celui de la révolte ; encore faut-il qu'il ne soit pas trop tard pour dire non.

«Sabine aurait aimé que mon mari ne soit qu'à elle, c'était mal le connaître». L‘incipit du septième roman d'Alma Brami plante tout de suite le décor. Sabine est l'une des nombreuses femmes que Bernard convie régulièrement chez lui, pour, selon ses dires, tenir compagnie à sa femme, Emilie.

Le couple a quitté un appartement en ville pour une maison à la campagne, quand leurs enfants étaient encore jeunes. La nostalgie gagnant peu à peu Emilie, Bernard s'évertue à lui faire rencontrer des gens (des « tatas » pour les enfants, des « amies » pour Émilie, des « vieilles connaissances » pour Bernard). Ces nouvelles « amies » se succèderont, mais pour l'unique plaisir de cet homme.

Dans ce roman, le lecteur est plongé dans la tête d'Emilie, femme blessée, à la fois victime et complice et l'adultère de son mari.

Bernard veut un couple moderne où l'un des deux pourrait librement vivre sa nature polygame ? Emilie ferme les yeux, se force à croire aux douces phrases telles que « tu m'aimes parce que je suis honnête, n'est-ce pas ? » ou « les hommes ont des doubles vies, mon Coeur, tu es ma vie, ça ne te suffit pas ? ». Conditionnée, elle accepte, excuse, donne le change pour sauvegarder l'image du couple.

Dans une unicité de lieu – la maison de campagne comme seul décor – le lecteur assiste à une montée en puissance de la perfidie du mari et de son emprise grandissante sur une femme désarmée, complice et spectatrice malgré elle des agissements d'un homme qui semble être son seul repère (malgré les vaines tentative de sa vieille amie Armelle ou de sa fille ainée, Laura).

Sans jamais forcer le trait, sans jamais verser dans le pathos et s'inscrire clairement dans le sujet du syndrome de Stockholm ou de la polygamie, l'auteure préfère lever le voile sur la violence conjugale, la manipulation mentale, l'avilissement de l'autre réduit à n'être qu'un objet. À chaque incartade de son mari, Emilie se remet en question, culpabilise, doute d'elle-même, de sa capacité à être aimable au sens digne d'être aimée. Elle ravale sa tristesse, colle un sourire de façade, déploie des trésors d'attentions pour être et demeurer le gâteau et non juste la cerise, aux yeux de l'homme qu'elle aime. Pour continuer à recevoir des mots caresses, des mots velours. Pour continuer à exister dans son regard.

En choisissant cette maison de campagne (trompeusement mise en avant dans la quatrième de couverture) comme théâtre de ce huis-clos destructeur, Alma Brami parvient à traiter avec justesse la question de violence conjugale: une violence plus verbale que physique mais qui montre que parfois, les comportements ambigus et certaines phrases peuvent être aussi violents que des coups et des gifles. Une violence silencieuse, insidieuse, qui ne se mesure pas en termes de décibels ni de mots acérés, mais de mots tendres et susurrés enveloppant des actes d'une cruauté sans nom. Jusqu'où peut-on aller par amour - ou plus exactement - par illusion de l'amour ?

En définitive, un roman court, mais anxiogène, qui fait monter habilement monter la pression sous la forme d'un huis-clos malsain. L'auteure parvient à renouveler la thématique des relations sentimentales toxiques, grâce à une approche romanesque ingénieuse.
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Sous le prétexte d'une vie plus saine et se disant oppressé par la vie citadine, Bernard a entrainé sa famille, alors que les enfants étaient encore en bas âge, dans une grande et belle maison à la campagne.
Bien qu'Emilie, son épouse chérie, ne soit pas complètement convaincue du bien fondé de ce déménagement, elle laisse à son mari cette initiative, se privant ainsi de son autonomie. En effet, ne conduisant pas, elle se retrouve totalement dépendante de lui, seule sans parent ni amis...
De plus, le couple accueille des "invitées", qui s'installent dans la chambre d'amis pour une durée indéterminée; celle ci prenant fin lorsque Bernard est lassé... Mais lassé de quoi au juste ?...

Alma Brami nous livre dans ce roman un huis clos oppressant, dans lequel on voit la narratrice s'enfoncer dans l'indicible.
Ce roman glaçant est une belle description de la manipulation exercée par un pervers narcissique sur sa femme, qu'il dit aimer plus que tout, "Mon Coeur", mais qu'il transforme au fil du temps en objet, son objet, jusqu'à la mort...
La mort du désir, la mort du plaisir, la mort de l'âme de l'Autre afin d'être le maitre... Un processus bien ficelé qui consiste à culpabiliser l'Autre, lui faire croire qu'elle est unique et n'a pas à se plaindre, la faire douter afin qu'elle accepte tout de peur de ne plus être aimable ( au sens digne d'être aimé ).
Dans ce couple, la violence conjugale est insidieuse, bien que silencieuse et auréolée d'une pseudo compassion et de mots susurrés, mais les actes sont d'une cruauté sans nom.
A lire
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Un roman court qui traite des violences conjugales, non pas physiques mais psychologiques et celles-ci se révèlent être au moins tout aussi dévastatrices. On est dans la peau d'Émilie cette femme meurtrie, blessée, victime des actes de cruauté de son mari. La tension monte au fur et à mesure dans ce huis-clos malsain, oppressant et la fin est bouleversante. Tout au long du livre on se demande quand est-ce qu'Émilie va se décider à réagir, à mettre un terme à tout ceci, malheureusement elle est déjà prise dans la toile de son harceleur manipulateur.
J'ai eu un peu de mal avec l'ambiance vaporeuse du livre, les nombreux flashbacks qui m'ont parfois désorienté voire même perdu certains moments. J'ai eu l'impression en lisant d'être moi aussi shooté aux médicaments à tel point qu'il devient difficile de faire la distinction entre rêve et réalité et cela m'a rendu la lecture fastidieuse pour quelques passages me donnant une impression de brouillon et de confusion. J'imagine que cela doit être volontaire de la part d'Alma Brami afin de nous faire ressentir davantage ce que peut vivre Émilie à un moment donné mais je n'ai pas trop accroché cet aspect. le livre est loin d'être mauvais, il est court mais dense, dérangeant, oppressant et c'est un bon moyen de découvrir ce que peut être le quotidien de toutes ces personnes victimes de violences conjugales, et juste pour cela, il mérite d'être lu.
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