Tout simplement jouissif de découvrir
Oscar Wilde mener l'enquête aux côtés de son Watson : Sherard Robert !
Nous sommes en 1889 et bien que l'enquête ne soit pas "trépidante" au sens premier du terme, je n'ai pas vu le temps passer pendant que je suivais Wilde au cours de ses investigations pour découvrir qui avait bien pu assassiner le jeune et joli Billy Wood.
Il est de ces livres qui, en peu de temps de lecture, nous font arriver à la page cent sans même qu'on le sente. Ici, pas de ça. le roman se lit plus lentement, on s'imprègne des lieux, des personnages, de la société de l'époque que nous découvrons aux travers des yeux et du récit de Robert Sherard.
Le plat est consistant, rien à voir avec du fast-food déjà prémâché.
Non, pas de course poursuite, même si suivre Wilde est fatiguant tant il est magnifique et très prolixe. Pas à dire, avec un ami pareil, on ne s'ennuie pas.
Ce qui m'a fait jouir dans cette lecture, c'est dû au fait que
Conan Doyle soit lui aussi présent. Pas beaucoup, ses apparitions étant trop peu nombreuses à mon goût, mais sa présence se fait surtout sentir parce que Wilde admire son détective...
En 1889,
Conan Doyle a déjà publié "
Une étude en rouge" (novembre 1887, dans "The Beeton's Christmas Annual") et là, il vient de se faire commander une autre aventure de
Sherlock Holmes par Stoddart, l'éditeur américain. Oui, Wilde nous parle de ce fameux dîner avec monsieur Stoddart...
Pour ceux qui ne le sauraient pas,
Conan Doyle écrira "
Le signe des quatre" (publié en février 1890 dans le "Lippincott's") et Wilde, de son côté, nous livrera "
Le portrait de Dorian Gray". Les amateurs de
Sherlock Holmes disent merci à qui ? A monsieur Stoddart, of course !
Le récit de la naissance de leurs romans respectifs ne change pas par rapport à ce que j'ai toujours lu : Stoddart leur a commandé à chacun une histoire en insistant sur le fait qu'il voulait du
Sherlock Holmes chez
Conan Doyle. le livre reste fidèle à cet épisode auquel j'aurais aimé assister...
Comme je le disais plus haut, l'enquête n'est pas trépidante, il n'y a pas trop d'empressement, Wilde va à son aise, comme Mycroft Holmes le ferait, avec indolence.
Avec indolence, oui, mais s'il donne l'impression d'aller à son aise, Wilde remarque de nombreux détails sans nous en faire part.
En fait, l'ombre de Sherlock et de son fidèle Watson planera tout au long du roman, Wilde étant fan des déductions du détective, nous gratifiant même de certaines déductions que n'aurait pas renié le locataire terrible du 221b.
De plus, les quelques apparitions de
Conan Doyle nous donneront quelques dialogues jubilatoires entre lui et Wilde. Instructifs aussi.
D'accord, c'est du roman, mais suivre des personnages ayant réellement existé, c'est très enivrant et très inhabituel pour moi.
L'auteur connaît son sujet, l'a potassé, ce qui fait que tout est réaliste. On a l'impression de lire une partie de l'autobiographie deWilde. Je ne connaissais pas bien Oscar et là, j'ai fait connaissance avec lui de manière très agréable. Ma lecture fut réjouissante tout au long des 374 pages.
Bien que j'aie entrevu assez tôt l'identité du coupable, je n'avais pas aperçu la partie immergée de l'iceberg.
Moi qui me targuait d'avoir trouvé la solution, je n'avais soulevé qu'un coin du voile, ce qui me fit suffoquer lorsque je compris ma légère méprise... Ma terrible méprise et ma grande omission.
Je n'étais pas tout à fait dans le faux, mais j'aurais tout de même fait une grosse faute. Oh le joli coup de pied lorsque je compris...
Heureusement que je n'appartiens pas à la maison poulaga ! Sinon, j'aurais quelques erreurs judiciaires à mon compte...
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