- Vous ne vouliez pas venir ici, n'est-ce pas ? Vous êtes l'héritière, mais c'est Jean-Louis qui a eu l'idée du restaurant et des chambres d'hôtes...
- Il mérite d'être enfin à son compte. Il a suffisamment travaillé pour les autres.
- Et vous ? Quelle est votre place dans tout ça ?
- Il doit bien y avoir une raison logique, tout de même ?
- Pas forcément. Il y a des choses qui ne devraient pas exister et qui existent quand même. Le monde est plein de sortilèges dont on n'a pas idée. Si on ne les voit pas, c'est qu'on n'y fait pas attention, un point c'est tout. Ou alors on ne veut pas les voir.
Patience à richesse pove moune, dit un proverbe créole. La patience est la richesse des pauvres.
- Oui, mais il n'est pas là, bien que mon mari l'ai invité. Monsieur le Maire, pardonnez moi de vous parler franchement, mais j'ai le sentiment qu'on nous cache quelque chose depuis le début. Je suppose qu'il existe des archives à la mairie. Il doit être possible d'obtenir facilement les renseignements que je demande. Je me trompe ?
La maison était pareille à une mère jalouse et possessive qui ne supportait aucune présence extérieure. À part eux. Elle les étouffait dans son giron de pierre.
(...) toutes les maisons ont une mémoire. Elles sont comme des éponges, elles boivent les émotions de ceux qui y ont vécu. Vous aurez beau nettoyer le sol, repeindre les murs, il reste toujours quelque chose.
"Géraldine fut saisie d'effroi lorsqu'elle apprit à son tour la fin pitoyable du pauvre homme. Et dire qu'elle l'avait vu juste avant, comme la majorité des gens du village ! C'est vrai qu'il ne semblait pas très alerte. Mais de là à rendre l'âme sitôt la messe dite ! C'est Jean-Louis qui lui annonça la nouvelle qui s'était répandue comme une traînée de poudre.
- Les gens s'étonnent vraiment pour un rien, commenta-t-il. Il avait quoi, le cureton ? Dans les quatre vingt-dix balais ? C'est le bel âge, non ? C'est qu'il ait pu durer jusque-là qui est étonnant...
La jeune femme ne réagit pas à cette remarque cynique. Pour l'heure, outre sa peine, elle constatait que le cercle de ses alliés diminuait encore. Depuis qu'il était venu bénir la ferme, le père Magnin avait changé. A l'église, elle avait remarqué à quel point il était mal à l'aise quand leurs regards se croisaient. Il avait peur, c'était manifeste. Peur des choses horribles qu'il avait entrevues dans la chambre de Max. Mais on ne meurt pas de peur ! il s'agissait d'un terrible accident, rien de plus. Maintenant le vieil homme ne pouvait plus rien pour elle et il ne pourrait pas baptiser Gabriel...
Je pense que toutes les maisons ont une mémoire. Elles sont comme des éponges, elles boivent les émotions de ceux qui y ont vécu. Bous aurez beau nettoyer le sol, repeindre les murs, il reste toujours quelque chose...
Son mari était devenu pour elle une sorte d'inconnu, un barbare violent et sans aucun égard. Et elle commençait à avoir peur de lui...
La vie est une pièce de théâtre, mi comédie mi tragédie, dont on doit soigner l'ultime réplique avant que le rideau ne tombe.