Un témoignage particulièrement intéressant de cette période où, finalement, se sont construit intellectuellement et politiquement tous ceux qui ont participé à la collaboration. Et c'est avec ce genre de livre qu'on s'aperçoit que cette construction est ce qu'il y a de plus ordinaire, même chez les gens les mieux éduqués, les plus intelligents et les plus érudits.
Commenter  J’apprécie         60
La mémoire extraordinaire de Jacques Talagrand lui permettait de répliquer aux interrogations les plus baroques. Il connaissait la couleur de la robe d’un président à mortier sous Louis XV, et si on lui demandait: “Qui a éteint quoi?”, il savait qu’il s’agissait de l’extinction du feu sacré par Théodose en 496. On prétendait qu’il était même capable de répondre à la question “Qu’arriva-t-il ensuite?
(il s'agit de l'écrivain Thierry Maulnier)
Au mois de juin, lorsqu'il m'arrive de traverser le Luxembourg, je regarde toujours les jeunes gens et les jeunes filles assis sur sur les chaises de fer, sous les statues des reines de pierre. Nous avons été pareils à eux, nous avons traîné, par les journées tièdes, nos cahiers d'histoire sous les arbres, nous avons travaillés en plein air, amollis soudain par une bouffée d'air parfumé, deviant les enfants autour du bassin, les voiliers, les marchands de coco. Il nous fallait trois , quatre chaises. Nous nous ruinions.Il nous nos arrivait même d'y dormir à poings fermés, au scandale des gardes municipaux, écrasés par le travail plus que par la chaleur. Mais c'était la jeunesse, la jeunesse irréparable, et les visages ronds et purs, et la buée de la jeunesse autour de nos traits, et toutes les querelles du temps, toutes les curiosités du passé, qui se dissolvaient sous les arbres verts et les statues grises. Je ne passais jamais en ces lieux enchantés, au long des grosses baluepstrades, sans me rappeler ces rares après-midi où nous fuyions la classe pour un peu d'air, de liberté et d'étude.p.24
Ainsi était définitivement ruiné, autour de nous, cet univers de papier et de nuages auxquels nos aînés avaient cru. Cela aurait été un autre songe, sans doute, que d'applaudir bruyamment à l'intrusion têtue de la réalité dans les apparences : elle n'avait rien d'aimable, certes, mais elle était la réalité, voilà tout. Elle surgissait, comme le gros globe allongé du soleil qui jaillit de la mer, brusque et furieux. Et tout était oublié des brumes de l'aube, et devant l'astre naissant, il fallait bien admettre que beaucoup de peuples, beaucoup d'hommes à travers la planète, le reconnaissaient comme lumineux et brûlant, et ne voulaient plus entendre parler de ce qui avait précédé.
Nous avions, en 1925, entre seize et vingt ans, jamais plus. Nous étions peut-être la dernière génération à avoir conservé quelques souvenirs directs de la guerre. Après nous, la guerre, ce serait de l’histoire. Pour nous, même pour ceux qui avaient passé leur enfance dans des provinces éloignées et tranquilles, c’étaient quelques visions de notre propre vie, c’était quelque chose de puéril, sans doute, mais de lié à une tragédie vivante : nous avions connu les permissions, certains les nuits d’alerte, d’autres les évacuations, les longs défilés de charrettes dans les campagnes détrempées, la sirène dans l’ombre noire, les blessés dans les rues de la convalescence, les deuils. Nous étions les derniers contemporains de la guerre, et nous n’avions pas, pour la plupart, de souvenirs plus anciens qu’elle-même. […] C’était le premier spectacle sur lequel avaient pu s’ouvrir nos yeux, et c’est pour cela, peut-être, qu’à tant d’entre nous la paix a paru pendant vingt ans quelque chose de précaire, toujours menacé, à tant d’entre nous qui ont atteint ou dépassé de peu leur trentaine aux environs de 1939.
INTRODUCTION :
« […]
Comme d'autres en d'autres temps,
Sur ces feuilles mal griffonnées
Je commence mon testament.
[…] »
(LE TESTAMENT D'UN CONDAMNÉ)
« 6 Février 1945
Si j'en avais eu le loisir, j'aurais sans doute écrit le récit des journées que j'ai vécues dans la cellule des condamnés à mort de Fresnes, sous ce titre. On dit que la mort ni le soleil ne se regardent en face. J'ai essayé pourtant. Je n'ai rien d'un stoïcien, et c'est dur de s'arracher à ce qu'on aime. Mais j'ai essayé pourtant de ne pas laisser à ceux qui me voyaient ou pensaient à moi une image indigne. Les journées, les dernières surtout, ont été riches et pleines. Je n'avais plus beaucoup d'illusions, surtout depuis le jour où j'ai appris le rejet de mon pourvoi en cassation, rejet pourtant prévu. J'ai achevé le petit travail sur Chénier que j'avais commencé, j'ai encore écrit quelques poèmes. Une des mes nuits a été mauvaise, et le matin j'attendais. Mais les autres nuits, ensuite, j'ai dormi bien calmement. Les trois derniers soirs, j'ai relu le récit de la Passion, chaque soir, dans chacun des quatre Évangiles. Je priais beaucoup et c'est la prière, je le sais, qui me donnait un sommeil calme. le matin, l'aumônier venait m'apporter la communion. Je pensais avec douceur à tous ceux que j'aimais, à tous ceux que j'avais rencontrés dans ma vie. Je pensais avec peine à leur peine. Mais j'essayais le plus possible d'accepter.
Robert Brasillach.
« Romancier, essayiste et journaliste français (Perpignan 1909-Paris 1945). Après ses études à l'école normale supérieure, il collabore à « l'Action française » et à « Je suis partout ». Son oeuvre se situe dans les années 30, au coeur des mutations politiques et sociales, et d'une manière plus générale, dans la crise de la civilisation. Son dégoût de la IIIe République s'accompagne d'une ferveur — plus poétique que froidement logique — pour le fascisme, où il croit devoir saluer des images et des valeurs nécessaires à une renaissance. Écrivain comptant parmi les plus brillants de sa génération, il publie des biographies originales, « Présence de Virgile » (1931) et « Corneille » (1938), prépare une « Anthologie de la poésie grecque » (qui sera publiée en 1950), aborde le roman notamment avec « Le Voleur d'Étincelles » (1932) et « Les Sept Couleurs » (1939). En 1935, il écrit avec Maurice Bardèche une « Histoire du cinéma », demeurée classique. Il compose un drame « La Reine de Césarée » (qui sera joué en 1957). La veine poétique de son oeuvre débouche sur les élévations chrétiennes de ses « Poèmes de Fresnes » écrits en prison (publication posthume en 1949). Ses articles en faveur de l'Allemagne pendant la guerre de 1939-1945 lui valent une fin tragique à la Libération : il est exécuté le 6 février 1945, malgré une pétition pour sa grâce que signèrent de nombreux intellectuels et écrivains. » (« BRASILLACH, Robert », in Alpha encyclopédique, 1968.)
CHAPITRES :
0:00 — Introduction ;
0:25 — Vienne la nuit ;
2:02 — Les noms sur les murs ;
3:15 — Psaume II ;
5:05 — Psaume III ;
7:24 — Générique.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE :
Robert Brasillach, Poèmes de Fresnes, Paris, Books on Demand, 2021, 43 p.
https://docs.google.com/file/d/0B9dekxoyNOwpczkxOTZEdXBPQU0/edit?resourcekey=0-RLdc5O2_T5Vzt9KM9uc78w
IMAGE D'ILLUSTRATION :
https://www.tabletmag.com/sections/arts-letters/articles/in-praise-of-hate
BANDE SONORE ORIGINALE : Liborio Conti — Slow Cinematic Piano
Slow Cinematic Piano by Liborio Conti is licensed under an Attribution 3.0 Unported (CC BY 3.0).
https://www.no-copyright-music.com/cinematic/
LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES :
CE MONDE SIMIEN :
https://youtu.be/REZ802zpqow
VERSION PAPIER (Broché) : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH
VERSION NUMÉRIQUE (.pdf) : https://payhip.com/b/VNA9W
VOYAGE À PLOUTOPIE :
https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
VERSION PAPIER (Broché) : https://www.amazon.fr/dp/B0CB2FTQWF/
VERSION NUMÉRIQUE (.pdf) : https://payhip.com/b/jZ7Ro
SOUTENIR « LE VEILLEUR DES LIVRES » :
https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=2ZDT3XZ49SNYA
CONTENU SUGGÉRÉ :
https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8qz5KmPK6atVKpK0rkNCCHp
https://youtu.be/554XmLUXydU
https://youtu.be/9
+ Lire la suite