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Jimmy's Bastards tome 2 sur 2
EAN : 9782360140817
112 pages
Snorgleux Comics (15/03/2019)
3.2/5   5 notes
Résumé :
Enfin mis en PLS dans sa zone de confort à cause des affreuses révélations de sa progéniture maléfique, Jimmy Regent se retrouve enfermé à l’asile. Mais alors que l’ex-espion numéro de Grande Bretagne commence sa nouvelle vie en rebondissant sur les mur de sa chambre capitonnée, Nancy réalise qu’elle va devoir s’occuper toute seule des méchants…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Jimmy's Bastard, tome 1 (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant car les 2 tomes forment une histoire complète. Il comprend les épisodes 6 à 9, initialement parus en 2018, écrits par Garth Ennis, dessinés et encrés par Russ Braun, et mis en couleurs par John Kalisz, la même équipe créatrice que pour le premier tome. Les couvertures ont été réalisées par Andy Clarke.

Sir X (le supérieur hiérarchique de Jimmy Regent) et Nancy McEwan rendent visite à Jimmy dans l'asile où il est traité. Sir X et le reste de la population anglaise souffrent toujours d'une inversion de genre, les hommes s'étant retrouvés avec les attributs sexuels de femme, et les femmes avec ceux des hommes. Jimmy Regent souffre toujours d'une dépression aigue, allongé en position latérale de sécurité, serrant un chiot dans ses bras. Il s'est réfugié dans un état de fugue suite au traumatisme des révélations précédentes. Pour échapper à la vue du sein gauche de Sir X qui s'est délogé de sa chemise, elle emmène Jimmy dans une chaise roulante pour une promenade dans le parc de l'institution. Elle lui indique que l'inversion de genre n'a pas disparu et qu'elle aimerait bien qu'il se reprenne car elle a besoin de son aide. Elle reconnaît qu'elle a apprécié pendant un temps que le choc de la révélation lui ait fait perdre son éternel sourire, mais qu'elle peut comprendre le traumatisme occasionné par le fait de découvrir ses enfants illégitimes et qu'ils aient tous pour objectif de le tuer.

Jimmy Regent réussit à trouver assez de force pour dire à Nancy ce que lui a révélé Junior, son fils illégitime qui a tout manigancé, comment il a fait en sorte que ses rejetons s'immiscent dans sa vie la plus intime. Au vu de l'énormité de ce qu'il révèle, Nancy lui emprunte le chiot pour pouvoir elle aussi le serrer dans ses bras plusieurs instants durant, et y trouver du réconfort. Une fois rentrés dans le bâtiment principal, Jimmy reprend sa position foetale, et Nancy McEwan explique à Sir X ce qu'il en est. Elle doit lui faire un cours de rattrapage sur les stratégies parentales vouées à l'échec. Une fois que Sir X a pris conscience de la réalité de la situation, Nancy McEwan reconduit Jimmy, toujours en fauteuil roulant, dans sa cellule capitonnée. Elle lui explique à quel point il a représenté tout ce qu'elle hait chez un homme à femme, et qu'elle éprouve un fort dégout pour elle-même de devoir lui demander son aide. Comme Jimmy ne sort toujours pas de son état de prostration, elle lui arrache le chiot des bras et lui colle son pistolet sur la tempe, menaçant de l'abattre à bout portant si Jimmy ne réagit pas.

Dans le premier tome, Garth Ennis avait réalisé un dosage parfait entre la parodie saupoudrée de quelques gags énormes pour en relever la saveur, entre une intrigue originale, et des remarques pénétrantes sur la fragilité de la démocratie, la nécessité de la défendre, et le genre d'individus prêt à la défendre. Il s'agissait de bien plus qu'un simple pastiche de James Bond, et en même temps d'une déconstruction des conventions associées à ce personnage, tout en racontant une histoire premier degré captivante. Les attentes du lecteur sont donc très élevées pour cette deuxième partie du récit. Il retrouve Jimmy Regent complètement brisé et découvre ce qui a pulvérisé sa confiance en lui et l'a réduit à un état oscillant entre la larve et le légume. Au fil des pages, il a un peu de mal à saisir pourquoi Junior a procédé de cette manière et comment il a pu convaincre les autres rejetons à se livrer à des actes aussi contre nature. Il se raccroche au fait qu'indépendamment des modalités du plan de Junior, son objectif est atteint et qu'il est en mesure d'extorquer des fonds à n'importe quel gouvernement. Il accepte également bien volontiers la motivation de la revanche à prendre sur le père, et du goût pris au luxe et à la puissance. Il y rajoute de lui-même une couche de psychologie et de sociologie dans la direction montrée par Nancy McEwan et le compte y est.

Malgré tout, Ennis ne fait pas preuve de beaucoup d'originalité dans la résolution de ce récit, faisant progresser les personnages vers un affrontement final, à la fois héroïque dans les prouesses réalisées, à la fois totalement grotesque dans le carnage. Il revient donc à Russ Braun de réussir à transcrire à la lettre le scénario, tout en y apportant l'originalité et le rythme visuels. Certes, Braun n'est pas le roi de la moue comme peuvent l'être Kevin Maguire ou Amanda Conner, mais il a quand même le niveau expert, que ce soit dans le dégout qu'exprime le visage de Jimmy Regent, ou dans les expressions excédées et impatientes de Nancy McEwan. Son dosage s'avère parfait, entre approche naturaliste, et exagération mesurée pour les réactions à des situations absurdes ou choquantes. L'artiste se montre tout aussi habile pour faire ressortir les moments énormes concoctés par Ennis. Tout commence avec la vision traumatisante du sein gauche de Sir X s'échappant de la chemise, donnant à voir un morceau de chair fatiguée qui provoque un haut-le-coeur à Nancy McEwan. La case est parfaitement construite, et le lecteur mâle a une pensée vindicative à l'encontre d'Ennis et Braun qui ont ainsi réussi à le dégouter avec un sein. Par la suite, Braun fait la preuve qu'il maîtrise les conventions des récits d'aventure, avec des représentations archétypales de l'espion flegmatique, de l'aventurier bondissant de liane en liane, ou encore du tombeur de ces dames en train d'en admirer 2 se battant en bikini. Cette double page repose sur une représentation premier degré, où seule la juxtaposition avec le visage affolé de Jimmy lui donne sa saveur parodique. Enfin, le lecteur apprécie à leur juste valeur les pages bien gore lors de l'affrontement final dans le dernier épisode, avec une mise en couleurs qui rehausse bien la boucherie.

Ces séquences outrées sont en nombre limité et maîtrisé, et Russ Braun se met au service de la narration la majeure partie du temps, sans faire d'esbroufe, sans chercher à se mettre en avant. Cela n'empêche pas que le lecteur apprécie la qualité de cette narration visuelle. Il peut se projeter dans les différents endroits : le parc bien entretenu de l'institution, la cellule capitonnée, le château fort avec ses murailles, ses tours et son escalier en colimaçon. Il note quand même que Russ Braun a tendance à se cantonner à des prises de vue dans lesquelles il n'a pas besoin de s'assurer d'une cohérence spatiale entre les différentes vues, et à un niveau de détails un peu générique. Cependant la narration visuelle reste riche et animée. Non seulement les expressions de visage communiquent avec force et justesse les nuances d'émotion et d'état d'esprit des personnages, mais en plus la direction d'acteurs montre leur personnalité et suit la logique de leur déplacement avec clarté et fluidité. Tout en faisant passer la narration en priorité, l'artiste crée des scènes marquantes que ce soit dans le registre comique (les internés obsédés et leur comportement obscène), la découverte de la base secrète de Bobo, le vol nocturne en biplan, le carnage dans l'escalier en colimaçon, etc. Russ Braun réussit également à intégrer naturellement quelques comportements énormes sans se montrer trop graphique, que ce soit Olga en train de tâter l'entrejambe de Nancy McEwan pour la plus grande surprise et colère de cette dernière, ou le malheureux Idi soupçonnant qu'il doit sa poitrine à Jimmy et pas entièrement satisfait d'avoir retrouvé ses bijoux de famille qui lui semblent un peu de guingois.

Dans cette deuxième partie, le lecteur retrouve donc tout ce qui fait le sel d'un comics écrit par Garth Ennis : les moments énormes (intégrés de manière plus organique que d'habitude à la narration), les séquences d'action avec hécatombe, et la mise en scène toute en nuance de relations interpersonnelles. À ce titre, Nancy McEwan vole la vedette à Jimmy Regent, indisponible pendant la première moitié du tome, et pas au meilleur de sa forme par la suite. le lecteur observe que les méchants restent très méchants, ou plutôt que Junior est habité par sa haine paternelle et enivré par les plaisirs procurés par la richesse. Il s'agit d'un personnage s'inscrivant dans un registre parodique et caricatural, dépourvu de l'épaisseur des 2 principaux personnages. À la rigueur, le lecteur peut voir dans le comportement des autres rejetons, une attitude de moutons prêts à obéir du moment que cela leur profite personnellement, sans se poser de question. Toujours en adoptant ce point de vue, il peut voir dans le sort d'Idi, une forme de justice sociale qui le condamne à des emplois subalternes, faute de convictions morales.

Suite au premier tome, l'horizon d'attente du lecteur comprend une dimension politique. Or de chapitre en chapitre, le scénariste donne l'impression d'avoir tout dit dans ce premier tome et d'abandonner cette composante. À la rigueur, il est possible de voir dans le besoin d'aide de Nancy McEwan, une forme de commentaire sur la nécessité de l'existence d'hommes d'action pour faire le sale boulot. Mais il est difficile de croire à l'effondrement psychologique de Jimmy Regent, car il a commis bien pire et là encore Ennis semble se contenter d'amener son récit à sa résolution. Finalement Garth Ennis donne l'impression de s'en tenir au constat que chaque individu a besoin de d'idolâtrer un héros pour conserver une forme d'espoir dans la vie, pour disposer d'une sorte de guide, et que celui-ci ne peut qu'être imparfait car humain.

Le lecteur est satisfait d'avoir pu lire la conclusion de cette série, de savoir ce qu'il advient de Jimmy Regent et de Nancy McEwan. Il ressort quand même vaguement déçu de cette deuxième partie, conservant plutôt l'impression de dessin manquant parfois de substance, et d'un scénario ayant revu ses ambitions à la baisse, avec ce point de vue 4 étoiles. S'il prend un peu de recul, il se rend compte que sa déception se fonde sur la comparaison avec la première partie, mais qu'une comparaison avec une bande dessinée classique aboutit à 5 étoiles.
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