AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,74

sur 218 notes
5
7 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"I'm headed for a land that's far away
Besides the crystal fountains
So come with me, we'll go and see
The Big Rock Candy Mountains"
(Harry McClintock, poète et chanteur américain)

On peut facilement imaginer un lecteur perplexe qui referme le "Sucre de pastèque" en grommelant : "mais cette histoire n'a ni queue ni tête !". Et il n'aurait pas tort.
Il faut dire que le livre de Brautigan manque aussi d'un nombre considérable d'autres éléments anatomiques. Par exemple, à peu près vingt nez, autant de paires d'oreilles, un tas de doigts, et par-ci par-là aussi un oeil.
D'un autre côté, l'auteur nous propose quelques curiosités difficilement trouvables ailleurs.
Le sucre de pastèque, pour commencer. Puis, au hasard, les statues géantes de laitues et de carottes, Margaret, Pensemort, les tombes phosphorescentes au fond d'une rivière, une vieille truite avec une clochette dans la bouche, et même de savants et féroces tigres qui chantent à merveille au clair de lune et apprennent l'arithmétique aux enfants. Sans oublier Inboil, l'Usine Oubliée, le soleil qui change chaque jour de couleur, Margaret, Pauline et encore Margaret.
Tout cela pourrait suffire pour compenser l'absence totale de queue et de tête...

On y trouve aussi un narrateur ; cette fois il lui manque un nom, et il va même utiliser tout un chapitre pour ne pas nous le dire. Comment fait-il ? Faisons une petite expérience en découpant la phrase "XY est mon nom" en deux. Vous enlevez "XY" et vous le remplacez par ce que vous voulez. Disons par "pastèque". Ou "herbe". Ou "truite dans une rivière large de huit pouces". Ou "queue", ou "tête"... et voilà, le tour est joué : plus aucun souci avec le livre !
Bien au contraire, Brautigan nous pousse à voir son histoire comme un jouet poétique au style enfantin, une suite de tableaux surréalistes, ou comme un comics coloré où le Bien triomphe du Mal. On peut en faire ce qu'on veut... même la manger ! Après tout, elle est faite de sucre de pastèque.

Cependant, le sucre de pastèque est une substance quelque peu précaire. Elle évoque tout un tas de splendides allégories, mais aussi quelque chose de faux, une sorte de pâte multicolore des farces et attrapes qui colle sur la conscience des gentils habitants de l'idyllique communauté de Pensemort (iDEATH, en anglais) comme un sirop gluant. le paisible Pensemort correspond à l'image - la plus sentimentale qu'il soit - d'une petite bourgade américaine, aux utopiques Candy Mountains de la chanson country, à une sorte de carte postale kitsch coloriée à la main. Même son nom évoque une communauté vivant dans l'anéantissement du "moi", le principe égocentrique à la source de toute violence.
Brautigan, un adepte du zen bouddhisme, était sans doute très proche de cette idée de dissoudre le "moi" dans le "tout" universel, et toute l'histoire pourrait s'arrêter là. Mais les choses sont plus compliquées que l'on ne pourrait le croire.
Presque personne à Pensemort ne se souvient plus du passé, des "temps des tigres", quand on utilisait encore de curieux objets laissés à l'abandon dans les anciennes usines. On ne s'aventure que rarement dans cet endroit, d'ailleurs. C'est dangereux, sans parler de la sale bande à Imboil qui distille (et consomme) le whisky dans les parages. Sauf Margaret, évidemment... Et tôt ou tard, on va fatalement assister à l'affrontement de la sèche rationalité avec les idéaux utopiques. Méchant et puant Inboil se soulève contre la stérilité émotionnelle de la vie dans le sucre de pastèque, et à vous de décider s'il a réussi.
Brautigan a créé une adorable pastorale américaine, il l'a entourée d'une décharge gigantesque de l'ancienne civilisation, puis il a laissé entrer dedans quelques prédateurs en la transformant en chambre des horreurs à la Nathanael West. Après réflexion, je me demande si ce n'est pas le plus terrifiant post-apo que je n'ai jamais lu, et de ce fait le livre mérite ses 5/5.

Même si la prose de Brautigan peut donner l'impression d'exister en dehors du temps et de l'espace, elle est aussi liée aux années 60 que celle de Fitzgerald aux années 20, ou celle de Kerouac aux années 50. Brautigan était jadis un auteur culte, vénéré par la génération hippie à laquelle il a prêté sa voix, tout comme Jimi Hendrix, Janis Joplin ou Bob Dylan. Mais la courte période de l'anti-culture hippie a rendu cette gloire assez éphémère. Espérons que ses récits, aussi insaisissables et amorphes qu'ils soient, continuent à trouver leurs lecteurs au-delà des modes et tendances littéraires.
Commenter  J’apprécie          6813
Deuxième livre que je découvre et deuxième coup de coeur.
Après "retombées de sombrero" et la découverte Richard Brautigan, voici son livre le plus connu " la pêche à la truite en Amérique" suivi de sucre de pastèque". Encensé par la génération Woodstock "la pêche à la truite en Amérique" va permettre à Richard Brautigan une certaine aisance financière.
" La pêche à la truite en Amérique" est une suite de voyage à travers les Etats Unis, suivre le cours des rivières, un vagabondage au fil de l'eau, une découverte de la truite arc en-ciel à travers des récits complètements déjantés.
Le deuxième récit " le sucre de pastèque" est l'histoire d'une communauté de femmes et d'hommes dans la ville de penseMort. On y retrouve des histoires toutes aussi délirantes, des tigres mangeurs d'hommes et excellents en arithmétique, ou ces statues géantes de légume qui jalonnent la ville, ou encore ces cercueils transparents fabriqués avec du sucre de pastèque et qui gisent au fond de la rivière.
Voila l'univers de Richard Brautigan, si vous avez un peu de folie en vous, une âme d'enfant, ou simplement envie de poésie venez découvrir ce clown triste qu'était Richard Brautigan.
Commenter  J’apprécie          562
Ma critique portera sur Sucre de Pastèque, lu en anglais et publié individuellement par la maison d'édition Vintage, qui a je crois publié tous les récits de Brautigan dans une très belle édition haute en couleur!
Dans ce monde de Brautigan, tout ou presque est en sucre de pastèque et tout est doux, intime, chaleureux. On y habite dans une communauté qui s'appelle Ideath (joli jeu de mots entre Idea et Death). le narrateur, qui n'a pas de nom (ou le nom qu'on lui donne) s'est séparé de Margaret parce que lui et Pauline sont tombés amoureux. Comme dans les récits habituels de Brautigan, il ne se passe pas vraiment grand chose en apparence, la vie se déroule en petits épisodes de quelques pages voire de quelques lignes mais il y a toujours cette atmosphère à la fois chaleureuse et triste propre à l'auteur et cette petite touche imaginaire qui nous fait voir le monde d'un point de vue totalement différent. Je n'ai en fait pas envie d'en dire plus sinon que Brautigan mérite vraiment d'être plus lu en France car l'air de rien, c'est un grand auteur.
Commenter  J’apprécie          377
Envie de poésie et d'un peu de magie dans ce monde de brutes ?
Envie d'un humour léger comme une bulle d'air ?
Envie d'une écriture fraîche comme l'eau d'un torrent, d'histoires douces comme le ventre d'un poisson ?

Alors ouvrez un livre de Richard Brautigan.

Moi, il me réconforte et me console, il me fait rire et m'émerveille. Trois lignes suffisent, en général, pour vous faire voir la vie d'un autre oeil.

Dans l'univers, toujours surprenant, de Richard Brautigan, on peut acheter des ruisseaux à truite au mètre chez le droguiste. Il y a plein de gens sympas, et les truites sont toujours de bon conseil. On part à la pêche (à la truite évidemment), à l'aube, pour passer la journée au bord d'un ruisseau. Beaucoup de choses sont faites en sucre de pastèque (l'encre avec laquelle il écrit, les murs de la maison, l'amour). Attention cependant aux tigres à dents de sabres, qui excellent en arithmétique, mais dévorent les gens aussi. Vous pourrez également trouver des réponses à des questions existentielles telle que : « Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus » (titre d'un recueil de poésies).
Son écriture est simple et naïve, cependant proche du surréalisme, ses histoires très souvent parodiques (du western, du roman policier, du guide de pêche).
Farfelu, loufoque, joliment absurde, mais aussi clair et profond que la rivière.
Commenter  J’apprécie          220
Fini où à peine commencé de rire et de rêver : mon nom est La pêche à la truite en Amérique.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/11/15/note-de-lecture-la-peche-a-la-truite-en-amerique-richard-brautigan/

Et pour "Sucre de pastèque" : https://charybde2.wordpress.com/2016/11/17/note-de-lecture-sucre-de-pasteque-richard-brautigan/
Commenter  J’apprécie          40
poétique, farfelu a l'écriture naïve
une grosse bouffée d'oxygène et de pêche a la truite en amérique
le tout saupoudré de sucre de pastèque pour être sur
Commenter  J’apprécie          20
Aussi puissant qu'un verre de pêche à la truite en Amérique.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (541) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}