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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Premier livre de Brautigan offert par un ami où l'on retrouve très bien l'esprit de la Beat generation et certains airs de Fante. Derrière une histoire de sombrero un peu loufoque se cachent plusieurs critiques de la société bien réelles. La folie d'une ville partie de – presque – rien m'a d'ailleurs rappelé l'épisode de la folle épidémie dansante qui aurait eu lieu à Strasbourg au XVIe siècle.
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Un sombrero tombe sur la chaussée, il est froid, congelé même puisque sa température est de -3O°. A partir de ce fait divers, une petite ville entre en guerre. C'est ce qu'écrit un humoriste américain , amoureux déçu d'une belle japonaise, dont le seul souvenir qu'il garde est un cheveu . C'est ce texte qui se retrouvera au fond d'une poubelle. C'est absurde, énorme, écrit de façon poétique et décalée, par Richard Brautigan, un des pionniers de la "Beat Generation".
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Retombées de sombrero, roman japonais, Richard Brautigan, 1976
trad. de l'américain par Robert Pépin

R. Brautigan, né en 1935 dans une famille pauvre de l'état de Washington, s'est suicidé en 1984 en Californie, voisin de Jim Harrison, sans doute parce qu'il n'est plus un écrivain lu et reconnu. Ce qui importe pour Brautigan, c'est d'écrire, et qu'on le lise. A la différence alors d'Emiy Dickinson, une poète qui a compté pour lui. Peut-être parce que, dans l'écriture, elle faisait preuve d'une liberté totale, dans sa syntaxe, dans ses jeux avec les mots, elle qui n'avait pas d'éditeur, peu de lecteurs, recluse dans sa solitude et son extase de vivre.
Brautigan est un clochard céleste (expression consacrée qu'il faudrait sûrement revoir, particulièrement l'adjectif) pour Vinau, une Voix pour Djian, le dernier des Beat. Il peut figurer dans la liste des écrivains maudits, d'abord pauvre, puis malheureux en amours, schizophrène peut-être aussi, marginal sûrement, étant du côté de la contre-culture.
Que conte Retombées de sombrero? C'est le livre qu'est en train d'écrire le personnage du roman, qui est un romancier à succès, et triste à mourir parce que son amie japonaise, psychiatre de métier, l'a quitté après deux ans, et qui était restée avec lui parce qu'il se défendait pas mal au lit . Il est aussi humoriste. Brautigan adore le Japon, et a épousé une Japonaise dont il a divorcé. Il dédie son livre à Junichiro Tanizaki.
Ce roman dans le roman est une histoire abracadabrante qui a pour point de départ un sombrero tombé du ciel, "bleu comme un oeil d'humain. D'un humain qui aurait attendu que quelque chose se produise" et tombant aux pieds d'un trio composé d'un maire colérique, de son cousin qui veut être maire à sa place, et d'un chômeur qui a besoin de travail. le cousin ne peut ramasser le sombrero, parce qu'il est très froid, moins 31°. le chômeur va le ramasser, c'est une bonne chose pour trouver un emploi; mais le cousin ne l'entend pas de cette oreille, le conflit naît, qu'attise le maire qui, parce que maire, le ramassera; le conflit prend des proportions énormes, gonfle en guerre, dont le correspondant plein de sang sera Norman Mailer, qui verra à peine le sombrero qui pendant ce temps, ne cesse de se réchauffer. Parallèlement à cette fiction, se déroule la non-fiction, elle aussi fictionnelle, qui met en scène le romancier désespéré d'avoir perdu son amie japonaise, et se raccroche à un long cheveu noir trouvé dans la salle de bains. Parce qu'il n'a pas rencontré de dérivatif à sa douleur en contactant une ancienne connaissance qui sait que vivre avec lui, "c'est comme d'avoir un aspirateur qui n'arrête pas de tomber en panne et qu'il n'y a qu'Einstein à pouvoir le réparer." Et tandis qu'il est rongé de tristesse, la Japonaise dort et rêve de Kyoto, tant que son chat ronronne. Ses cheveux "rêvent d'être peignés le matin". "Voilà, c'est tout".
Histoire très mince -comme l'oeil bleu, on attend qu'il se passe quelque chose de crédible- donc, d'un comique mélancolique, contée avec beaucoup de poésie, une fraîcheur et une naïveté consciente, une simplicité travaillée, un style qui mêle les époques, le moyen-âge et celle de l'auteur. Adoncques en étant présentement à la température de 30 en dessous./ Intéressant, non? Et les genres, une épopée bouffonne et la représentation par le coeur d'un quotidien décevant. On y échappe dans le rire qui ne peut pas sortir d'un comique et le rêve qui garde en vie un père suicidé Et entrelace choses et hommes, et deux histoires de violence, tenue à distance, et exagérée un max. C'est décalé, l'auteur lance des clins d'oeil au lecteur, qui ne s'y laisse pas prendre. le roman qui s'écrit est déchiré en morceaux et jeté à la poubelle comme celui qui est en train de l'écrire. Les chapitres sont très courts, comme des poèmes en prose, ou des poèmes japonais.
Moi, je pencherais plutôt du côté de Jules Laforgue (1860-1887) pour la tristesse douce, l'humour et la familiarité, et de Laurel et Hardy, de leurs comédies burlesques, sans message, sans critique sociale, sans valeur morale. Une façon d'écrire parce qu'une façon d'être.

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