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Le Spirou de... tome 13 sur 20
EAN : 9791034736706
88 pages
Dupuis (05/10/2018)
4.31/5   306 notes
Résumé :
Ouvrage récompensé pour ses illustrations de la Mention prix BolognaRagazzi 2021, à la Foire du livre de jeunesse de Bologne. (catégorie Comics - Young Adult) .

Janvier 1940. Un hiver particulièrement rude s'est abattu sur Bruxelles. Alors que tout le monde attend avec appréhension l'arrivée imminente de la guerre, Fantasio s'est engagé dans l'armée belge. Dans la forteresse d'Ében-Émael, il est impatient d'en découdre et ne doute pas une seconde que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Emile BRAVO (né en 1964) a dû s'en entendre, gamin ! Je veux dire : de ces "Ah ben... et mille bravos à toi !" quand il faisait ses gaffes... En fait, c'était prémonitoire : comment aurait-il pu deviner qu'un jour, à force de talent, il remplacerait en nos coeurs et sous nos yeux éblouis le créateur du célèbre "héros sans emploi" (et futur garçon de bureau) Gaston Lagaffe : André FRANQUIN (1924-1997) qui, après puis avec son pote bédéiste JIJÉ (1914-1980), reprit à son tour les petits personnages de ROB-VEL (1909-1991) — l'homme seul qui en 1938 créa "notre" petit trio héroïque pour les éditions Dupuis père & fils sévissant à Marcinelle/Charleroi : Spirou (le groom d'hôtel ingénu au grand coeur), son Spip d'écureuil terrestre (affectueux et muet sauf dans les rêves de son maître) et son grand benêt d'ami Fantasio (qui se chope le melon pour un rien...).

Tiens, et sur ROB-VEL, l'encyclop' en ligne Wikipédia nous apprend ceci :

« Contacté par les éditions Dupuis pour le lancement du Journal de Spirou, il crée le personnage de Spirou, gamin espiègle et débrouillard, roux comme un écureuil, inspiré en cela par le double sens du mot familier belge. Rob-Vel est assisté dans sa tâche par sa femme, Blanche Dumoulin, qui écrit les scénarios, et par le peintre Luc Lafnet, un de leurs amis. La série est signée du nom de Rob-Vel, mais il est possible que Lafnet soit le véritable auteur d'une partie des planches, dont peut-être la toute première, le dessinateur français ayant été occupé simultanément par d'autres séries. [...]. le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale rend difficile les communications entre Rob-Vel, mobilisé, et les éditions Dupuis. Luc Lafnet décédé d'un cancer, c'est Blanche Dumoulin qui travaille sur les crayonnés et scénarios que Rob-Vel envoie du front pour que le rythme de publication d'une planche par semaine soit respecté. Aidée par le dessinateur van Straelen, elle accentue fortement le côté réaliste de la série, jusqu'à l'interruption de l'hebdomadaire été 1940. Blessé puis fait prisonnier, Rob-Vel est injoignable lorsque le Journal de Spirou paraît de nouveau : c'est Jijé qui s'occupe de la série jusqu'en mars 1941. À cette date, Rob-Vel reprend les rênes de son personnage et enchaîne les péripéties qui évoluent fortement vers la fantaisie et la science-fiction avec Spirou sur la planète Zigomus. Après l'interdiction de publication qui frappe le Journal de Spirou en 1943, Rob-Vel se décide à vendre son personnage aux éditions Dupuis qui confient à Jijé la charge de prendre de nouveau la relève. »

Voici donc pour l'ambiance historique des débuts du véritable Papa du jeune groom...

Les 86 planches du "Premier Chapitre" (ou "Premier Tome", comme annoncé sur la couverture cartonnée des éditions Dupuis de Marcinelle, Belgique), donc : "Un mauvais départ"...

Cette affaire, ça sent à fond la S.N.C.B. (Société Nationale des Chemins de fer De Belgique) et la suie de ses locomotives à charbon ! La dominante brunâtre des beaux coloris de Fanny BENOÎT... La triste couleur des Wagons de voyageurs puis des wagons à bestiaux des dépôts de Malines et de Breendonk.

Nous passerons de train en train, on le verra : la fin du Premier Tome, le début et la fin des Second et Troisième Tomes... Soit déjà 5 occurrences de cette métaphore ferroviaire du "Grand Départ" (sorte de Grande Faucheuse) qui nous sépare d'autrui et hante parfois nos rêves...

Une superbe première Grande Case "à la Hergé" en première page pour montrer une rue de Bruxelles, l'hiver (ce mois neigeux de janvier 1940) : une gamine chouine seule sur le trottoir, le long duquel vient de s'arrêter un grand tram jaune canari (Spirou en descend, Spip sur l'épaule)... Deux passants emmitouflés s'approchent aussi, dans cet air glaciaire qui vous ferait pendre des stalactites de morve sous le nez.

C'est Suzanne, la frangine de P'tit Louis (un gamin particulièrement râleur à l'indévissable béret noir) qui l'a laissée en plan pour aller jouer au foot avec ses potes dans le terrain vague... Ce brave coeur de Spirou lui trouve un biscuit et la raccompagne vers son frangin oublieux (les filles étaient exclues des terrains de foot, en ces temps-là). La Belgique se veut "neutre" à l'époque, mais aussi zone tampon comme la Hollande, depuis la déclaration de guerre de la France et l'Angleterre à la folie expansionniste du "Reich" : les deux passants nous apprennent qu'on craint très fort que la guerre aux frontières ne se termine en invasion par "les Boches"... cette drôle de guerre (septembre 39 à mai 40) qui sera dépeinte un jour en trois saisons d'immobilisme métaphysique ardennais (très humide et glaciaire, lui aussi) par un certain Julien GRACQ dans son magnifique récit "Un balcon en forêt" [1958].

Toute la magie de ce "SPIROU. L'ESPOIR MALGRE TOUT" est là : dans cette alternance de réalisme, de poésie, de tragédies, de contrepoints fantaisistes bienvenus : c'est qu'il faut chaque jour "espoir garder" malgré ce quotidien qui se dérobe et se dégrade sans cesse, comme dans un roman régressif de Philip K. DICK ... (au choix et dans l'ordre : "L'Oeil dans le ciel", "Le Dieu venu du Centaure", "Ubik", "Au bout du labyrinthe").

C'est ça : l'art de BRAVO est labyrinthique : on croit quitter un personnage mais on se cognera contre son visage à un coin de rues, quelques pages plus loin... Il n'y a pas de hasards dans la vie. Bruxelles est un gros village mondialisé où se joue quotidiennement la Tragi-comédie d'une humanité qui veut seulement survivre...

Kassandra, l'amour évaporé de Spirou, a disparu au Tome Zéro de l'ample saga Bravo-esque ("Spirou. le journal d'un ingénu.") ,

Felix et Felka, le couple d'artistes, font leur apparition. Felka appelle aussitôt Spirou "Mon Ange"... Felix peint sur châssis toilé ses prémonitions d'un avenir toujours plus "brun"... avec pour principal motif des autoportraits de lui, seul ou en couple. L'artiste (comme chacun sait) "ne sert à rien"... de plus en plus affamés et amaigris. Ils sont juifs ashkénazes et ont dû émigrer depuis leur Pologne natale vers la capitale belge "par prudence" : nos "migrants" de l'époque...

P'tit Louis et Solange découvrent un jour qu'ils sont "juifs" (C'est quoi ?).
Henri (dont le père sera collabo) et Robert (dont le papa est coco) s'entendent à peu près bien pour s'engueuler...

Au fait, apprenez que Spirou répond au prénom de Jean-Baptiste et est orphelin (comme Charles Spencer Chaplin) et qu'il sort du très rance Orphelinat "catho" de Saint-Pancrace" (recelant tout de même, fort heureusement, en son sein quelques rares "judéo-gauchistes" clandestins et autres brebis galeuses de la J.O.C. mais chut !).

A moitié de cette inoubliable "Première partie", la paisible Belgique est envahie : comme on s'essuierait les bottes cloutées sur un paillasson sans importance... le futur Occupant s'offrira la percée de Sedan. Pendant ce temps, oublié en sa forêt des Ardennes printanière, le lieutenant Grange de GRACQ doit se terrer sous une couverture humide en son bunker forestier (ce "piège à c...s", selon l'un de ses supérieurs) pour y attendre la mort : "Un balcon en forêt" pour contempler ses rêves mis à terre...

C'est l'heure de l'Exode... Les gens fuient Bruxelles, la campagne est alors vite atteinte (point encore la mégalopole aux immeubles modernes qu'on constate que de nos jours) mais on tourne en rond et les "Stukas" commencent à mitrailler les convois militaires mélangés aux civils.. Souvenirs du ton si juste de "Jeux interdits" [1952] du grand René CLEMENT (déjà auteur du film épique "La Bataille du Rail" en 1946) et des bouilles des gamins joués par Georges Poujouly et Brigitte Fossey.

L'intérêt alors (et de toujours) de posséder des bicyclettes en bon état... "Le plat pays qui est le mien".

On arrivera page 88 au train matinal pour l'Allemagne où s'embarque ce grand naïf de "Fanta" s'embarque après bien d es déboires professionnels... Spirou arrivera-t-il à détourner cette grande asperge des prévisibles tristes conséquences d'une énième erreur de jugement ?

Allez savoir si la Madeleine "de Fantasio" (s'en amourachant aussitôt) sera votre madeleine proustienne ?

Je vous ressers en tout cas l'extrait de WIKIPEDIA qui est consacré au papa de cette extraordinaire Saga (en 1 + 4 Tomes prévus) :

« En 2008, [Emile BRAVO] rend hommage à un classique de la bande dessinée franco-belge en signant le quatrième tome de la collection "Une aventure de Spirou et Fantasio par"…. Intitulé "Le Journal d'un ingénu", cet album imagine les origines du groom inventé par Rob-Vel soixante-dix ans plus tôt, et connait un large succès critique et commercial. [...] Bravo s'attelle en effet à un projet qui l'occupe durant la quasi-totalité des années 2010 : une suite au "Journal d'un Ingénu", qui plonge cette fois le groom dans la Seconde Guerre mondiale. Quatre tomes sont prévus pour ce récit de plus de 300 pages intitulée "SPIROU" ou "L'ESPOIR MALGRE TOUT". le premier album, sous-titré "Un Mauvais Départ", sort à la rentrée 2018, après une pré-publication dans le" Journal de Spirou" en mai de la même année. [...] La deuxième partie intitulé "Un peu plus loin vers l'horreur" paraît en octobre 2019. La troisième partie intitulée "Un départ vers la fin" paraît le 1e octobre 2021. »

Je me répèterai donc ici [Cf. notre critique de sa "Seconde partie"], tout comme l'aurait inscrit Madeleine l'institutrice (dont ces cancres de P'tit Louis et Lucien se méfient) en faisant grincer lentement ses bâtons de CRAIE BLANCHE sur son grand tableau noir ["SCOUÎ-Î-ÎC !"] : à l'identique du très habité et si personnel "L'Arabe du futur" de Riad SATTOUF, "SPIROU. L'ESPOIR MALGRE TOUT" [rime] d'Emile BRAVO est "votre" Classique de demain.
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Je ne suis pas une spécialiste des bandes dessinées et je découvre que ce Spirou n'est pas celui qui a été créé par Rob-Vel et qu'il a été mis en scène par divers auteurs. Ici c'est donc Émile Bravo qui prend Spirou sous son aile. Notre Spirou a des airs de Tintin, ce qui d'ailleurs est clairement dit lorsque Spirou s'engage dans les scouts. Je ne connais pas bien Spirou, je ne suis donc pas capable de le comparer avec l'original mais celui-ci me plaît bien. Son ami Fantasio, quant à lui m'a fait sourire à plusieurs reprises mais moins à d'autres moments. Si on y voit un côté fanfaron sympathique, on repére aussi de l'inconstance, de l'ambiguïté et aussi à la fin de cet album son orientation très douteuse puisqu'il se fait embaucher dans le journal "Le Soir volé ", journal belge réputé pour son côté collabo. La dernière planche ne fait plus aucun doute sur son engagement. Est-ce une référence à Hergé ?
Il y a donc un mélange de légèreté, de générosité, de naïveté avec Spirou et d'aspects bien plus sombres avec Fantasio qui m'intrigue.
Cet album premier d'une série de 4 est tout à fait agréable à lire et à regarder.
La deuxième guerre mondiale est ici abordée avec pédagogie, de façon didactique mais ce n'est pas pour autant fastidieux . C'est un album à mettre dans les mains des plus jeunes car avec humour, une pointe de sarcasme, beaucoup de choses sont dites. le graphisme me plaît beaucoup et vient ajouter du plaisir à la lecture de ce Spirou. J'ai hâte de lire la suite avec l'espoir de voir Fantasio revenir sur ses choix plus que douteux.
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Bravo réussit un exploit: garder Spirou léger et joyeux tout en insufflant une gravité et une profondeur seyantes à cette période du début de la seconde guerre mondiale.
Le groom, né du crayon de Rob-Vel, repris par Jijé et magnifié par André Franquin; s'enrichit des rencontres que lui fait vivre Émile Bravo.

Comme pour les Épatantes Aventures de Jules, Bravo parle à tous -enfants, ados, adultes. Bravo n'assène ni ne pontifie pas, il raconte simplement avec un humour discret, une simplicié et une efficacité pointue, sans ambiguïté lorsqu'il s'agit de dénoncer ce mal monté en graine: le nazisme... Ou de dire cette évidence d'une seule guerre de 1914 à 1945 avec une pause pendant vingt ans... Parole d' Anselme, rescapé des tueries de 14-18.

Je retrouve le Spirou de " Spirou sur le ring", ou Andre Franquin illustrait un match de boxe entre le groom, ami des enfants, et Poildur le voyou du quartier... Épisode scintillant de bonne humeur et significatif de cet "esprit Spirou" moins présent dans les aventures suivantes.
Bravo, immense artiste, restitue le Spirou des débuts, en le modernisant.
Nul autre que lui ne semble capable de restituer cette générosité, cette gentillesse du groom... Spirou, capable de cogner lorsque c'est nécessaire et inévitable...

Alors, comme le lecteur de l'hebdomadaire Spirou de jadis, j'attends la suite
des aventures du groom dans son état-Bravo.
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J'avais été très élogieux pour la première mouture de Spirou par Emile Bravo, “Journal d'un ingénu”. La suite est tout à fait à la hauteur. Il y a toujours ce graphisme rétro bien inspiré, ces couleurs anciennes, naturelles, les personnages sont très richement travaillé, il y a une évolution au fil des évènements, le ton est burlesque, humoristique et en même temps tragique, la fiction et la réalité sont parfaitement imbriquées. Après les négociations infructueuse entre les Polonais et les Allemands du premier tome, ce second volet évoque l'invasion de la Belgique par ces Allemands en 1940. Les faits de guerre sont justes évoqués, voire même parfois seulement suggérés. le récit se concentre sur le comportement de ces Belges dans ce moment tragique de leur histoire, Il va de l'incrédulité, de déni, à la collaboration, il évoque la presse, les réquisitions, le jeunes, l'embrigadement, tout cela en finalement assez peu de pages car c'est très complet, ça ratisse très large. Emile Bravo ne tombe jamais dans le manichéisme de base, c'est même le point fort de cette bande dessinée, il y a des moments burlesque, des moments de tendresse, des moment de lutte, et surtout des moments de doutes, et tout cela est édifié avec finesse dans un récit haletant, drôle, émouvant et inquiétant. Une très belle réussite, vivement le troisième volet.
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Mérite mille bravos

Je n'ai jamais été fan de Spirou que je connais mal par ailleurs, m'étant contenté de quelques albums qui m'avaient laissé indifférent et de la version alternative avec « le Groom vert-de-gris » de Yoann, qui parlait déjà de l'occupation de la Belgique.
Quel choc alors, de découvrir la série d'Émile BRAVO !

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas ressenti un tel plaisir devant une histoire aussi bien construite, mêlant la réalité historique et la fiction, donnant corps à toute une galerie de personnages à la personnalité riche et complexe.

La série « L'Espoir malgré tout », comporte 4 parties : un mauvais départ, Un peu plus loin vers l'horreur, Un départ vers la fin, Une fin et un nouveau départ.
Les 4 parties ne sont pas forcément équilibrées en termes de pagination avec respectivement 88, 90, 114 et 36 pages (+ un épilogue de 10 pages), mais l'ensemble est du pur bonheur.
Dans « Un mauvais départ », on est au début de la guerre en janvier 40. Enfin, de la « drôle de guerre ». Spirou est groom au Moustique Hôtel, désormais vide de clients et Fantasio est enrôlé dans l'armée belge. Comme chantait Brel : « il attendait la guerre ». Celle-ci va arriver un matin de mai, avec les avions allemands qui déversent un premier tapis de bombes. C'est le début de l'exode des habitants et en quelques jours, la Belgique est occupée. Spirou découvre la faim, la peur, l'antisémitisme, la collaboration…tandis que Fantasio lui, ne semble toujours pas prendre la mesure de l'évènement.

Dans « Un peu plus loin », l'occupant renforce son emprise tandis que débutent les rafles avec ces trains qui dans la nuit, amènent des juifs qui veulent encore croire qu'Auschwitz n'est guère plus qu'un camp de travail. Spirou et Fantasio entrent à leur manière, en résistance, proposant aux enfants un spectacle ambulant de marionnettes et se chargeant du ravitaillement de leurs amis.

« Un départ vers la fin » est un peu plus noir. L'innocence de Spirou est mise à mal tandis qu'avec Fantasio, ils s‘engagent encore plus. Mais l'apparition des avions alliés est un signe d'espoir.

« Une fin et un nouveau départ ». Bruxelles est libérée. Les résistants de la 25ème heure sont de sortie, tandis que les premiers prisonniers sortis des camps arrivent, la peau sur les os. D'autres ne reviennent pas de leur voyage vers l'Est. C'est Fantasio qui paradoxalement, livrera le mot de la fin : « Puisque nous sommes des bêtes, nous survivrons ! »

L'équilibre entre drame historique et fantaisie est remarquable. Spirou reste un enfant, avec sa naïveté et son enthousiasme généreux. On pourra d'ailleurs remarquer que sur les couvertures des 3 premiers albums de la série, on adopte quasiment la vision d'un enfant, en ne voyant des soldats allemands, pratiquement que les jambes, tandis que sur celle du 4ème, si on voit un soldat en entier, c'est parce que ce dernier est également un enfant envoyé au front.
Spirou n'est jamais moraliste, jamais dupe non plus. Fantasio lui, reste imprévisible et drôle, tout en remplissant à sa façon, un rôle essentiel.

L'histoire met en valeur les héros du quotidien (une concierge, un paysan…), les salauds ordinaires (le curé farouchement anti-communiste et antisémite, le policier collaborateur, le milicien…), les petits actes héroïques et les lâchetés banales, les deux présents dans toutes les catégories sociales et à tout âge.

Émile Bravo a injecté délicatement dans cette série qu'il rend accessible à tous, des détails d'une grande richesse historique qui renforcent l'authenticité et la portée du récit. Ce souci culmine avec la référence à un couple d'artistes juifs Felix et Felka. Les époux Nussbaum ont réellement existé et Bravo en rappelant leurs oeuvres toujours plus sombres au fur et à mesure des épreuves, nous propose une autre vision de la montée de l'horreur.

Le dessin est lui aussi remarquable, précis et particulièrement lisible. Une belle ligne claire !
Si on y ajoute une très belle mise en couleurs de Fanny Benoit, la réussite est complète.

Certains ont évoqué le Maus d'Art Spiegelman qui semble pourtant une référence indépassable. Je trouve que cette comparaison a du sens, même si Maus a bien sûr, un aspect plus universel, tandis que L'espoir...s'insère dans une aventure de la BD, déjà codifiée.

Quoi qu'il en soit, et de manière tout à fait inattendue pour ce qui me concerne, "Cet espoir malgré tout", est probablement une oeuvre majeure de la BD.

A compléter utilement par "Le journal d'un ingénu" qui évoque les débuts du tandem Spirou et Fantasio et par le très intéressant "Spirou dans la tourmente de la Shoah" édité dans le cadre de l'exposition éponyme.
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critiques presse (8)
Bibliobs
17 décembre 2018
Dans ce formidable album pédagogique, au classicisme formel, Emile Bravo réussit à combler le chaînon manquant entre Rob-Vel et Franquin. Il invente une conscience politique à Spirou, qui jamais ne se départ de son grand cœur et de son humanisme - qualités qui lui ont valu d'être érigé en défenseur des Droits de l'homme par l'ONU.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
12 novembre 2018
Spirou, ce n’est pas que des aventures bondissantes aux côtés du marsupilami et du comte de Champignac. Emile Bravo imagine dans “L’Espoir malgré tout” le destin de ce gamin belge au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Une bande dessinée émouvante et extrêmement intelligente.
Lire la critique sur le site : Telerama
BoDoi
08 novembre 2018
Ce Spirou, au dessin précis et plein de charme, est tantôt drôle, tantôt bouleversant. Il respire la vie, tout simplement. Et l’on se dit que s’appuyer sur un personnage aussi fameux pour parler de choses aussi simples et vitales que le respect de l’être humain et l’ouverture aux autres est la meilleure idée de la BD franco-belge depuis longtemps.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LaCroix
12 octobre 2018
Dix ans après son « Journal d’un ingénu », aventure inédite de Spirou à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Émile Bravo lui donne une suite ambitieuse et sombre.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Actualitte
09 octobre 2018
Le journal d’un ingénu n’était pas prévu dans une série d’albums. Mais en prenant goût à ces aventures, Emile Bravo a finalement choisi de prolonger sa vie avec Spirou. Nous sommes en janvier 1940, les bottes nazies résonnent dans Bruxelles. L’espoir malgré tout, c’était courageux...
Lire la critique sur le site : Actualitte
Sceneario
05 octobre 2018
Bravo démontre une nouvelle fois qu'il a une vraie vision, en marge de ce que les autres peuvent amener sur Spirou. Mais cette première partie mériterait d'être relue une fois l'ensemble sorti, histoire de mieux en apprécier les subtilités et autres petites pistes périphériques...
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
02 octobre 2018
Fin, ingénieux et souvent très drôle, L’espoir malgré tout s’annonce comme une œuvre passionnante. Suite et fin d’ici 2020 (selon le calendrier annoncé).
Lire la critique sur le site : BDGest
BDGest
25 septembre 2018
Cette grande oeuvre (330 pages en 4 volumes) est un véritable roman mêlant action, humour, vérités historiques et réflexions philosophiques.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
[Mai 1940, prémisses de l'Exode face à l'avancée des chars allemands dans la capitale belge ; deux gamins (Lucien et Robert) marchent parmi la foule, cartables sur le dos :]

— N'empêche, c'est quand même grâce aux Allemands si on a plus d'école !
— Oh, l'aut' ! C'est ça, t'as qu'à les attendre aussi pour les remercier !

[Emile BRAVO, "Spirou. L'espoir malgré tout" — Première partie : "un mauvais départ", éditions Dupuis (Marcinelle), 2018 — planche 30, page 32]
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Moi, ma conscience, elle s'est réveillée dans l'enfer des tranchées, en 14. C'était tellement atroce et absurde que j'ai failli ne plus croire en l'homme... Alors j'ai cherché à comprendre qui j'étais réellement. Ben, ça n'avait rien à voir avec ce qu'on m'avait appris... Du coup, je m'éduque pour avoir ma propre opinion et combattre les préjugés qu'on nous fourre dans la caboche...
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Ouais ben, affamez et humiliez un peuple, il s'unira et se révoltera pour vous le rendre au centuple. Voilà le résultat !
Bon sang, maintenant on a ces maudits nazis sur le dos ! C'est le monstre qu'on a créé qui se déchaîne...
P38
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- C'est votre logeuse: madame Vlaminck, elle a été ensevelie! Quelle catastrophe!
- Ah... elle est décédée?
- Oh, seigneur, non! Une miraculée! Je reviens de l'hôpital où elle n'a cessé de me parler de vous.
- Ma logeuse? Sans blague?
- Oui, elle s'inquiétait, la pauvre. C'est que vous avez plusieurs loyers de retard...
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Écoute, faut croire que quand les hommes sont perdus, frustrés, ils cherchent un coupable à leur malheur. Ils se rassemblent alors assez facilement dans la haine de l'autre…
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Videos de Émile Bravo (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Bravo
Rencontre avec Émile Bravo (vidéo publiée ce jour)
Les auteurs jeunesse sont-ils de grands enfants ? C'est en tout cas l'avis d'Émile Bravo, auteur de bande dessinée, illustrateur et président de l'association derrière le Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis !
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