J'ai eu du mal, au départ, d'apprécier cet ouvrage, car j'ai détesté les dessins ! Ils sont horribles, comme les couleurs…
Le personnage de Dracula est grotesque, drôle, amusant… Loin de ce que l'on connaît. Je me suis même surprise à rire à la fin des différents récits qui composent cette bédé sans paroles.
Mais ce n'est pas vraiment le vampire de Stoker qui est visé, il sert plus d'avatar à l'auteur pour parler de la dictature et des disparitions (30.000 morts) qui eurent lieu durant les heures sombres en Argentine.
Évidemment, il vaut mieux le savoir au départ, et heureusement, dans la préface, c'est expliqué, sinon, sans ces données, le lecteur ne comprendrait pas l'analogie qui est faite entre ce vampire suceur de sang (et donc, assassin) et ceux qui firent régner la terreur.
Dracula sortant de son château, suivi par sa bande de loups, a sans doute aussi sa signification et les loups ne sont pas que les mammifères, que le Canis Lupus, mais les sbires des dirigeants, ceux qui faisaient le sale boulot…
Si les dessins sont moches, ils sont, en revanche, riches de détails funèbres et macabres, notamment dans le château du vampire.
Les nouvelles intitulées "La dernière nuit du carnaval", "Latrans canis non admortet", "Un coeur doux et éploré" et "
Poe ?… Puaf !?" sont burlesques, amusantes, on sourit, on pouffe.
Par contre, changement de ton dans « Je ne suis plus une légende » car là, plus de doute, les despotes sont dessinés et le sang coule car ce sont eux qui tuent les gens et Dracula qui se retrouve couvert de sang. Les rôles sont inversés…
Il y a même une scène de torture, des corps entassés, des veuves pleurant au cimetierre, une scène de pédophilie, la famine règne, le tout sous une banderole qui proclame que "Todo va mejor con Coca Cola". On ne rigole plus.
Lorsque j'ai ouvert cette bédé et découvert ces dessins horribles et sans paroles, je pensais la lire et faire une chronique vite fait bien fait, persuadée qu'elle serait lapidaire… Ben non.
Oui, c'est horriblement mal dessiné (pas dans mes goûts) mais bordel de dieu, c'est profond et fallait être couillu pour réaliser cela en pleine dictature.
Une revisite du mythe Dracula avec humour car on découvre un Dracula amoureux, luttant contre un Superman, chez le dentiste, devenant chrétien…
Mais sous le couvert de l'humour, il y a de la profondeur et une attaque contre tous les dictateurs, despotes, tyrans, du monde.
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